Yamet Essabrine est une période de six jours qui coïncide avec la première semaine du mois de Choual, mois qui suit le Ramadhan. Durant cette période, de nombreux fidèles dans le monde entier observent le jeûne, préservant ainsi le même rythme ramadanesque. Que représente ce rituel religieux spécifique à la tradition musulmane ? Pourquoi les musulmans jeûnent-ils ? Décryptage.
Si le mois sacré vient de s’achever pour certaines familles algériennes, pour d’autres il se prolonge encore l’espace de six jours. La périodicité de ce rituel n’est certainement pas fortuite puisqu’il marque ce qui est communément appelé, dans la culture musulmane, «Ayemat Essabrine». Lors de ces six jours, qui surviennent juste après le mois du jeûne, les musulmans du monde entier préservent le même rythme du mois sacré.
Le constat est vite fait. A l’extérieur, l’on a même l’impression que le mois du jeûne dure encore. Des files d’attente qui pointent devant les bouchers pour acheter de la viande bon marché, et la flambée des prix de ces articles est comparable à celle constatée lors du mois de ramadhan.
Pour les femmes, s’est aussi le même rythme éreintant du mois sacré marqué par les interminables heures de préparation des plats. La chorba incontournable ne fait pas défaut au menu de ces jours. Incontestablement, tout est réunie pour rappeler l’ambiance du mois.
Manel, femme au foyer, la quarantaine dépassée, affirme que durant presque une semaine, le rythme du ramadhan persiste. «En effet, ce mois est très important pour tout musulman voulant se rapprocher du bon Dieu et suivre l’exemple du prophète Mohamed (QSSSL)».
Cette femme et beaucoup d’autres n’hésitent pas à se plaindre du poids de la fatigue qui continu à leur peser même après le ramadhan. «C’est la même routine exténuante du mois du jeûne», confie Wahiba, avant d’ajouter qu’elle entame les préparatif du f’tour comme d’accoutumé à 14h. «Rien ne change. Je fais des courses le matin avant de me préparer à l’autre demi-journée harassante qui m’attend». Tout comme le mois du Ramadhan, la chorba ou la H’rira, plat traditionnel, ne risquent pas de manquer à la table ramadanesque soigneusement préparée.
A leur tour, les vendeurs de la zlabia, qalb ellouz et d’autres gâteaux observent un rythme pareil. «La demande sur ce type de gourmandises reste la même », nous déclare Rabah, vendeur de zlabia. Et d’ajouter : «On ne commence à observer un retour à un rythme normal que deux semaine après l’entame du mois de Choual». Expliquant cela par le fait que les algériens, hommes et femmes, continuent à jeûner, le vendeur n’hésita pas à nous signaler que, lui-même observait cette coutume, comme dictée par la Sunna. «Comme tout musulman pratiquant, j’ai envie de suivre l’exemple du Prophète».
Après la rupture du jeûne, ce sont tous les membres de la famille qui se réunissent autour d’une table, ingénieusement garnie, pour déguster les délicieux plats et répondre à ce qui est estimé, par nombreux, comme un devoir religieux à lequel chaque fidèle devrait répondre.
Concernant l’explication religieuse de cette tradition musulmane, Cheick Abdelhamid, Imam, souligne, s’appuyant sur le Hadith de Mouslim, Abou Dawoud, at-Tarmidhi, An-Nassaï et Ibn Madja, que «le jeûne des six jours de Choual après le jeûne obligatoire de Ramadan est une sunna désirable mais pas une obligation. Recommandé, ce jeûne possède un mérite immense et génère une grande récompense dans la mesure où celui qui le jeûne verra inscrit à son profit la récompense du jeûne d’une année entière d’après un hadith authentique du Prophète rapporté par Abou Ayyoub selon lequel le Messager d’Allah a dit : ‘’Quiconque jeûne le Ramadan et le fait suivre par le jeûne de six jours de Shawwal est comme quelqu’un qui a jeûné tout le temps’’».
Dans le même sens, il ajoute que «le Prophète (QSSSL) a expliqué le hadith précédent en ces termes : ‘’Celui qui jeûne six jours après la rupture du jeûne de Ramadan a complété l’année : ‘’quiconque accomplit un bienfait le verra multiplier par dix. Une autre version dit : ‘’Allah multiplie les bienfaits par dix’’». Autrement parler, insiste M. Abdelhamid, «le jeûne du mois de Ramadan vaut 10 mois et le jeûne des six jours 2 mois, ce qui constitue une année complète».
Enfin, il faut dire que les Algériens, comme tous les fidèles du monde entier, préfèrent en tirer profit de cette période en décrochant la grande récompense d’où le prolongement du rythme ramadanesque.
D. S.
Par : D. Soltani