L’aïd est une période propice et particulièrement fructueuse pour les commerçants de jouets. En effet, à l’approche de cette fête religieuse, les jouets figurent parmi les achats les plus essentiels sur la liste des dépenses. Le marché algérien se voit, en cette période, submergé par différents types de marchandises importés, notamment de la Chine, pays leader dans le commerce des jouets. Le made in China, à bas prix et à profusion, est de ce fait là pour donner le sourire à des enfants en mal de sensations fortes, mais qui reste, de l’avis de nombreux observateurs avertis, souvent dangereux.

Pour les commerçants, le plus capital est de réaliser un profit lors de cette saison prolifique. Pour les parents l’urgence est de faire plaisir aux chérubins, mais pour les enfants, c’est l’aspect ludique qui importe, un aspect qui se transforme quelquefois en drame, notamment quand les jouets utilisés sont dangereux, du genre, pistolets lançant des balles en plastique, des liquides, des fléchettes, pistolets à laser, pétards et autres articles.

L’Aïd, haute saison pour les commerçants
La période de l’Aïd est synonyme d’une haute saison pour les vendeurs de jouets. L’afflux massif des clients sur les magasins de jouets illustre l’engouement des enfants pour les jouets.
«On commence à se préparer juste avant l’Aïd. Nos ventes augmentent considérablement pendant cette période. Une grande quantité de marchandise est écoulée deux semaines avant cette occasion», explique Farid, un commerçant au marché de Bachdjerah.
«Une grande partie de marchandise est écoulée depuis deux semaines. Ces jours-ci l’afflux des parents en compagnie de leurs gosses est important» signale-t-il, avant d’ajouter qu’en cette circonstance, différentes sortes de jouets sont exposés, et ce en fonction de l’âge. « On expose des catégorie de jouets en fonction de l’âge des bambins. Ainsi, on étale des jouets pour les moins de 10 ans, dont les prix ne dépassent pas les 200 à 250 dinars (pistolets, petites voitures, etc), pour ceux âgés de 14 ans, on vend des pétards, des pistolets a baïonnette et autres articles dont les prix varient entre 250, 300 à 1.000 DA. On propose des poupées Barbie pour les filles à 800 DA par exemple. Le prix des jouets destinés aux enfants de plus de 14 ans peut varier de 2.000 jusqu’à 12 000 DA».
Un autre commerçant ne manque pas d’ajouter que les parents, malgré un budget limité, se précipitent sur les magasins de jouets afin de porter joie et bonheur aux trébuchants impatients de recevoir leurs cadeaux de l’Aïd. «Les jouets à bas prix sont les plus demandés. Ici, figure justement toute une palette de jouets «made in China», vendus à des prix abordable», ajoute-t-il.

Jouets chinois, attention danger !
La majorité des articles exposés portent l’étiquette « made in China ». «Les jouets dans la totalité des magasins sont importés de Chine. Les articles chinois sont très prisés du fait de leurs prix à la portée de toutes les bourses », déclare un vendeur de jouets.
Ces jouets représentent, de l’avis de nombreux spécialistes, un véritable danger en raison du grave préjudice qu’ils peuvent causer aux enfants. Mais, si danger il y a, où peut-on réellement le situer.
A ce propos, Dr H. Ouagenoune, médecin généraliste, cite une série de dangers occasionnés par certains jouets.
«D’abord, il importe de savoir que tous les articles qui portent la marque « made in China » ne sont pas préjudiciables. Certes, le scandale qu’ont déclenché dans le monde entier des produits chinois est indéniable. L’histoire du lait frelaté, les chaussures chinoises conçues à partir de matériaux toxiques hantent l’esprit de plus d’un, mais cela ne permet pas aux uns et aux autres d’attaquer péjorativement ces articles. Cependant, il importe de savoir que tout objet conçu sans aucun respect des normes internationales est considéré comme potentiellement dangereux. A ce sujet, les jouets exposés actuellement sur le marché algérien, qu’ils soient chinois où non, peuvent être dangereux dans la mesure où certains, fabriqués à partir de matériaux toxiques, dangereux peuvent porter préjudice aux enfants », affirme Dr Ouagenoune.
Pour appuyer ses dires, le docteur évoque, à titre illustrateur, le scandale des jouets contenant la drogue de viol découvert en Novembre 2007. «Des jouets ont causés l’hospitalisation de neuf enfants après avoir été intoxiqué après avoir ingéré une bille du jouet. Le jouet est enrobé du produit chimique 1,4-butadéniol, qui, une fois dans le corps, se transforme en une substance connue sous le nom de "drogue du viol" qui peut entraîner des problèmes respiratoires, une confusion mentale, des pertes de conscience et même la mort», rappelle-t-elle.

Procéder à un choix pertinent des jouets pour enfants
La spécialiste indique également que «Le danger des pétards, des fusils à baïonnettes, des pistolets lançants des cartouches en plastique, des fléchettes et des liquides ne sont pas des moindres. Des accidents portant atteinte à l’intégrité physique des enfants peuvent survenir. Des gamins qui ont perdu un œil suite à un pétard brusquement lancé où suite à un tir perdu d’un pistolet en plastique ne manquent pas de marquer l’évènement de l’Aïd.
Aussi, il est bien utile de signaler l’existence des cas d’étouffement ou d’intoxications d’enfants suite à l’ingestion d’une partie d’un jouet magnétique où fabriqué à partir d’une matière toxique, dans le cas des enfants de trois ans ».
Dans ce sens et à titre de rappel, des accidents mortels liés à l’usage des jouets ont été signalés partout dans le monde depuis 2006. En effet, plusieurs cas d’ingestion par des enfants d’au moins deux pièces magnétiques ou d’une pièce magnétique et d’un objet en métal, ont été relevé. Ingestion ayant nécessité une importante intervention chirurgicale. Pour rappel, ces incidents sont survenus chez des enfants âgés de 10 mois à 12 ans.
Pour conclure, leDr Ouagenoune recommande à tous les parents d’être plus prudent en offrant des jouets à leurs enfants. La règle de prévention principale est de procéder à un choix pertinent des jouets les plus inoffensif, d’œuvrer à sensibiliser les chérubins quand aux éventuels risques, et à les convaincre de la nécessité d’éviter l’utilisation de ces jouets afin de garantir leur propre sécurité.
Sur un autre registre Mme Ibouchoukane, avocate près la cours d’Alger a insisté sur l’importance de prendre des mesures sérieuses portant sur l’interdiction de l’importation, du port et de la commercialisation des pétards et de tous types de jouets assimilés tels les pistolets pouvant lancer des balles en plastique, des fléchettes ou des liquides afin de préserver la santé et la sécurité des enfants et de les prémunir des dangers graves que peuvent entraîner ce genre de jouets.

Jouets violents, enfants agressifs
Au-delà du préjudice physique que peut receler l’usage de jouets jugés potentiellement dangereux, un aspect foncièrement important, souvent négligé est celui de la diffusion de la violence à travers des joujoux violent. Les pistolets lançant des flèches, des balles en plastique, des épées ou des couteaux en plastique aussi, sont en ce sens, potentiellement préjudiciables. Les psychologues s’accordent à dire que l’enfant se construit à travers le jeu. Partant de ce fait, le recours à des armes, même en plastiques, est susceptible d’ancrer des conduites violentes dans le comportement du gosse, d’où le devoir des parents de choisir minutieusement les jouets des enfants. Un choix pertinent peut s’avérer constructif et avantageux pour le développement de l’enfant.