Tandis que les médecins interdisent leur jeûne, les enfants continuent, dans certaines familles, à endurer de longues journées de carême que leur corps frêle peine à supporter. Malheureusement, une catégorie de parents, désirant initier leurs gosses à cette obligation religieuse, oublie souvent, dans leur joie de voir leur enfant grandir, les risques liés à cette pratique contre laquelle les spécialistes ne cessent de mettre en garde.

Dans de nombreuses régions de l’Algérie, il est des pratiques et des coutumes extrêmement répandues dont les familles algériennes ne se séparent jamais. Parmi ces pratiques en vogue, les festivités qui accompagnent le premier jour du jeûne d’un gamin. En effet, ce passage obligé du jeune enfant est célébré par une cérémonie qui diffère d’une région à une autre, pour marquer ce jour capital dans la vie de la famille et du gosse, pour qui, jeûner signifiera d’ors et déjà pénétrer dans le monde des adultes.
Les familles algériennes sont de plus en plus nombreuses à accomplir cette tradition de faire jeûner des enfants quelques heures, voire toute la journée. Lila, une mère de Blida, nous fait part des traditions respectées rigoureusement par les familles de la ville de Blida dans la célébration du jeûne des enfants. «Chez nous, les enfants commencent à s’entraîner au jeûne dès leur tendre âge. L’on habitue les enfants à cette pratique religieuse pour qu’ils n’éprouvent pas de difficultés quand ils seront emmenés à remplir ce devoir. Chez nous,  lorsqu’un enfant jeûne, c’est la fête. Dernièrement, ma fille âgée de 6 ans a jeûné toute la journée lors du deuxième jour du ramadhan. Son père l’a emmenée au marché pour acheter des vêtements neufs alors que je suis restée à la maison, en compagnie de ses tantes, pour lui préparer tous les plats délicieux. Malgré son jeune âge, ma petite a tenu le coup et à enduré toute une journée. La fête, pour nous, est une manière de récompenser les efforts de l’enfant», témoigne Lila.
Si les festivités, pour célébrer cette journée unique changent d’une région à une autre, elle reste un passage obligé pour tous les enfants. Ainsi, à Biskra, par exemple, l’enfant abstinent a droit à une vraie fête. Ainsi, après lui avoir préparé tous les plats délicieux qu’il désire, il est entouré, dans la soirée, par les membres de sa famille, ainsi que ses amis  autour d’une table bien garnie sur laquelle sont déposés d’exquis gâteaux
Dans la wilaya de Sétif également, on offre à l’enfant, lors de la rupture du jeûne, un verre d’eau sucré dans lequel se trouve une bague en argent. Aussitôt la bague retirée, l’enfant est emmené à boire tout le contenu du verre.
Par ailleurs, dans les régions de l’ouest, le premier jour du jeûne de l’enfant est fêté cérémoniellement. La mère prépare les plats et les gâteaux les plus délicieux. Le gosse, habillé traditionnellement, est entouré de toute sa famille, qui se regroupe après la rupture du jeûne, autour de plats et de gâteaux préparés par la mère tout au long de la journée. Cette journée qui symbolise le courage et la volonté reste souvent ancrée dans l’esprit de l’enfant au jeune enfant.
Aujourd’hui, malgré les mises en garde des médecins contre cette pratique extrêmement dangereuse sur la santé des enfants, des parents continuent à respecter cette tradition. Mme Ouagenoune, médecin généraliste, indique, sur ce chapitre, que les risques sanitaires liés à l’abstinence des enfants lors des dix premières années de leur vie sont élevés. Car l’abstinence de l’enfant pendant plus de 10 heures est susceptible d’occasionner une hypoglycémie, une déshydratation, et même une anémie si la période du jeûne se prolonge. Dans ce sens, Mme Ouagenoune invite les parents à mesurer la dangerosité d’une tradition susceptible de mettre en péril la santé des enfants.