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Violences faites aux hommes
Bientôt une association de lutte contre le phénomène à Tizi-Ouzou
21 Août 2008

Un groupe d’hommes de la wilaya de Tizi-Ouzou a décidé enfin, de briser le tabou sur un phénomène longtemps tu par notre société conservatrice. Il s’agit de la violence faite aux hommes. Ces hommes qui se sont donné pour objectif, défendre les droits des hommes victimes de toutes sortes de maltraitances émanant de leurs partenaires, vont bientôt créer un réseau d’aide aux hommes brutalisés dans une société qui confine traditionnellement à l’homme le rôle du bourreau.

Cette initiative est née suite au signalement de plusieurs cas faisant état de violence à l’égard des hommes émanant de leurs épouses dans cette région de la Kabylie dans laquelle le phénomène est en passe de prendre des proportions inquiétantes. Les services de sécurité ont d’ailleurs relevé une augmentation dans les cas d’hommes victimes d’agressions qui arrivent, aux services d’urgence d’un hôpital, incapables de s’exprimer sur les conditions de leur agression.
Sans aucun doute, la violence conjugale est un fait très répandu dans notre société algérienne. Seulement, dès que ce phénomène est évoqué, les rôles sont distribués au préalable entre un homme bourreau et une femme victime. Et si la balance s’inversait ? Et si un homme se trouvait dans une position de faiblesse au point de subir les assauts continus de sa compagne ? On s’efforce de croire que la violence conjugale est uniquement le lot des femmes, tandis que dans notre société, le phénomène de la violence faite aux hommes est bel et bien présent, mais malheureusement tût, vue le tabou qui l’enveloppe. Dr Ouagenoune, médecin généraliste, affirme recevoir dans son cabinet médical des hommes qui, se sentant en confiance, n’hésitent pas à parler de leur douloureux vécu. Elle affirme qu’entretenant une relation solide, basée sur la confiance mutuelle et le dialogue avec ses patients, nombreux font étalage de leur souffrance. «Des hommes victimes de violence, j’en ai rencontré. Le cas de M. Ahmed qui est venu se plaindre du comportement autoritaire et violent de son épouse qui le harcelait à tout bout de champs, le rabaissait et lui signifiait son impuissance et son manque de personnalité est illustrateur. Cet homme qui souffrait d’une dépression, causée certainement par la douleur psychologique engendrée par la violence, se résignait à garder le silence de peur d’être taxé d’impuissant dans une société intolérante», assure-t-elle.
Pour Mme Saïfi, sociologue, «des cas d’hommes violentés, même s’ils sont rarissimes dans notre contexte social, existent bel et bien. On imagine souvent  qu’un homme ne peut pas être victime de maltraitances, que les femmes ne sont pas violentes, car c’est l’image traditionnelle véhiculée. C’est pourquoi les hommes confrontés à ce type de situation n’en parlent pas. C’est presque pire pour eux que pour les femmes battues, car ils perdent leur identité d’homme en se faisant battre par une femme. La société les stigmatise, eux, tandis qu’elle plaindra les femmes battues». Elle ajoute, par ailleurs, que les hommes sont plus portés à cacher la violence dont ils sont victimes que de l’étaler au grand jour. «Demander de l’aide est très difficile pour un homme. C’est un aveu d’impuissance. Et les mots impuissance, ça ne va pas très bien ensemble», commente une psychologue.
Pour les psychologues, «quand on parle d’hommes battus, on trouve ça ridicule. On est encore porté à croire que l’homme, parce qu’il est plus gros, est plus méchant, et que la femme, parce qu’elle parait plus fragile, est une victime. Cependant, les hommes victimes de violence existent, mais ils ne parlent pas de leur vécu. D’une, ils ont honte de cette réalité frustrante. Etre victime d’une femme violente et taire sa douleur pour ne pas passer pour un lâche où un impuissant dans une société traditionaliste qui attribue à l’homme l’image de la toute puissance. De deux, peu de gens croiraient qu’un homme puisse être maltraité par son épouse. Certainement à cause de l’image traditionnelle véhiculée qui représente la femme dans le rôle de la victime vulnérable et sensible, tandis que l’homme est violent et macho. Des femmes caractérielles, violentent, qui exercent sur leur mari des violences physique, psychologique, qui harcèlent sans cesse leur époux existe en Algérie et ailleurs. Seulement, le phénomène ne sortira jamais de l’ombre tant que l’on continue à croire que la violence est uniquement le lot des femmes», poursuit une psychologue.
Aujourd’hui, pour éradiquer la violence, les spécialistes s’accordent à dire qu’il est indispensable de chasser l’idée comme quoi la violence à un sexe. Il n’existe pas de violence masculine ou féminine, mais un phénomène de violence qui peut prendre diverses formes et face à lequel hommes et femmes doivent lutter.

Par : d. soltani

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