La population algérienne n’est plus aussi jeune que l’on croit. Et pour cause, aujourd’hui, il semble que la tendance s’est inversée. En effet, jusqu’à la fin des années 80, les moins de 20 ans représentaient plus de la moitié de la population globale et pas moins de 55 % de la population en 1987. En revanche, ceux de 20 à 59 ans représentaient 39,23 % alors que les personnes âgées de 60 ans et plus étaient de seulement 6, 59%.
Cependant, à partir des années 90, la société algérienne a commencé à observer un vieillissement progressif de sa population causée, selon les estimations des spécialistes, par la décélération constante de l’accroissement naturel, de la natalité, de la mortalité et de la fécondité ainsi que l’accroissement de l’espérance de vie.
A ce sujet, les statistiques fournies par l’Office national des statistiques ainsi que par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière indiquent que la population algérienne, qui atteindra 50 millions d’habitants à l’horizon 2040, enregistrera le taux le plus élevé de vieillissement qu’elle n’a jamais connue, à savoir 22 %.
Il est à noter à ce propos que les politiques nationales adoptées jusqu’ici par les pouvoirs publics en matière de santé ont largement contribué à l’amélioration des services offerts à la population, toutes tranches confondues. L’amélioration de la prise en charge des besoins de la population, l’accompagnement de la petite enfance, l’accessibilité aux soins maternels et infantiles, la réduction du taux de mortalité des enfants, la réduction de la malnutrition et autres mesures ont largement concouru à faire progresser l’espérance de vie de l’Algérien qui a atteint 77 ans chez les femmes contre 75 ans chez les hommes.
3,6 millions de personnes âgées en Algérie
Sur ce chapitre, les dernières statistiques du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière indiquent que le nombre des personnes âgées en Algérie a dépassé les 3,6 millions, soit un pourcentage de 7% de l’ensemble de la population algérienne. Ces chiffres témoignent, précisent de nombreux observateurs avertis, du vieillissement inéluctable de la société algérienne.
Par ailleurs, concernant l’état de santé des personnes âgées, les statistiques démontrent que 31 % d’elles souffrent d’hypertension artérielle, 12 % sont diabétiques, 24 % souffrent de rhumatismes et 8 % de maladies liées à l’eau.
De son côté, l’association nationale El Ihsan n’a pas hésité à manifester son inquiétude face à l’augmentation inquiétante du taux de personnes âgées prévoyant d’ici 2040 un vieillissement rapide de la population. Il faut savoir, à cet effet, qu’à l’horizon 2020, le nombre de personnes âgées de plus de 50 ans dépassera les 10 %, tandis que le taux des jeunes âgés de 15 ans connaîtra une baisse à l’horizon 2050 pour atteindre 19 % du nombre total de la population alors qu’il dépasse actuellement les 40%.
D’autre part, selon les prévisions faites par des spécialistes, la tranche d’âge de 60 ans et plus atteindra 9 millions de personnes, donc près de 22 % du nombre global de la population algérienne. L’association a, par ailleurs, appelé pour la prise en charge sociale, sanitaire et administrative des personnes âgées, du point de vue juridique.
A cet effet, afin de combler le vide juridique portant sur les droits des personnes de troisième âge, l’association nationale des personnes âgées El Ihsan a sollicité récemment les membres de l’Assemblée populaire nationale pour adopter le projet de loi fixant les droits des personnes âgées et garantissant les mécanismes nécessaires à leur préservation.
Pour l’association El Ihsan, la protection des personnes âgées doit être assurée par un large arsenal juridique et réglementaire pour que ces derniers puissent bénéficier de leur droit dans toute leur dignité. A ce titre, Mme Souad Chikhi, présidente de l’association, a souligné "qu’en l’absence de lois protégeant cette frange de la société, le projet de loi soumis à l’APN garantit une protection des personnes âgées notamment celles délaissées par leur famille".
L’Algérie doit apparemment accorder plus que jamais une importance particulière au développement de politiques sociales et sanitaires ayant pour objectif de protéger et préserver le bien-être des populations âgées.
Par : d. soltani