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Face à la pénurie des médicaments antidouleur en Algérie
Les cancéreux livrés à eux-mêmes
1 Juillet 2008

Le cancer est un sérieux problème de santé publique qui fait souffrir des milliers de personnes en Algérie. Les malades souffrant de cette maladie sont confrontés à de nombreuses difficultés qui leur rendent la vie pénible.

En effet, depuis quelques mois, les cancéreux algériens lancent un véritable cri de détresse. Manque de structures sanitaires, coût exorbitant de certains médicaments, rupture de stock, pénurie d’autres produits anti-cancer et conditions sociales précaires sont autant de problèmes face auxquels sont confrontés au quotidien les malades atteints de cancer dans notre pays.
«Nous sommes impuissants face à la détresse des malades»
Nombreux sont les malades qui adressent leur plainte à l’association El Fedjr d’aide aux personnes cancéreuses en se plaignant de la rupture actuelle de stock des médicaments antidouleur.
«On ne peut plus supporter cette douleur atroce. On est démunis, on mène un parcours de combattant avant d’arriver à décrocher un rendez-vous dans une structure de soins et on s’éternise dans les séances de radiothérapie ou chimiothérapie épuisante. A tout cela vient s’ajouter le manque de médicaments antidoueleur. l’état doit trouver une solution à cette pénurie de médicaments qui a longtemps duré», réclame, un malade.
A ce sujet, Mme Rabhi, présidente de l’association El-Fedjr d’aide aux personnes cancéreuses, dresse un tableau noir de la situation des cancéreux en Algérie.  Notre interlocutrice, s’exprimant sur les conditions de l’accompagnement médicale des cancéreux en Algérie, relève le manque criant en matière de prise en charge et met l’accent sur l’aide efficace que l’association assure au nombre croissant de cancéreux qui viennent notamment des wilayas de l’intérieur pour se soigner au niveau de la grande structure anticancer d’Alger, à savoir le service de CPMC au CHU Mustapha Pacha.
A cet effet, Mme Rabhi affirme que son association a porté assistance depuis le début de l’année en cours à près de 704 malades provenant des régions de l’intérieur, subsistant tous dans des conditions de vie précaire. «L’année dernière, indique-t-elle, 1.107 malades ont été pris en charge médicalement et socialement par l’association El-Fedjr.» A cet égard, Mme Rabhi souligne que «tous les cancéreux qui s’adressent à l’association sont chômeurs, non couverts par la sécurité sociale et sans ressources».
Sur un autre chapitre, la présidente de l’association El-Fedjr porte haut et fort l’appel à l’aide des personnes souffrant de maladies cancéreuses qui subissent de plein fouet depuis des mois déjà une pénurie de médicaments antidouleur dont le Temgesic. «Une pénurie qui les pénalise et complique leur état de santé déjà très fragile», souligne à ce propos Mme Rabhi.
Grave rupture de stock des médicaments antidouleur
Il est à indiquer que le Temgesic, médicament antidouleur indispensable pour calmer les maux des cancéreux, fait défaut en Algérie et ce, depuis le mois de décembre. A ce sujet, Mme Rabhi affirme recevoir au quotidien des patients souffrant de douleurs terribles en l’absence de ce produit.
Elle ajoute également que l’état de santé de ces derniers est très critique du fait qu’aucun autre produit de substitution n’est disponible au niveau des pharmacies, alors que le Temgesic représente leur seul remède contre la douleur insupportable.
Il faut savoir aussi, selon une source médicale, que mis à part le Mabthera et le Herceptin, disponibles selon les besoins, les autres produits, tels que le Xeloda, la Mitomicyne et la Vincristine sont en «rupture de stocks depuis deux mois environ».
Sur un autre chapitre, Mme Rabhi relève les difficultés de transport que vivent en permanence les cancéreux contraints à se déplacer de leur région natale vers les grands centres anticancer. Elle ajoute également que les ambulances au niveau des hôpitaux ne sont jamais disponibles et que souvent les cancéreux sont livrés à eux-mêmes. L’association intervient dans ce sens, en payant des ambulances privées, parfois à 15.000 DA, pour permettre au malade de regagner son gîte, souligne-t-elle.
Manque criant de grandes structures anticancer
Sur un autre chapitre, Mme Rabhi a mis en relief le manque de structures anticancer sur le territoire national, affirmant qu’il n’existerait en Algérie que quatre grandes structures de prise en charge des cancéreux : à Alger, Oran, Blida et Constantine. «Ces structures, au niveau desquelles la radiothérapie et la chimiothérapie sont assurées aux patients, seraient, indique-t-elle, incapables de prendre en charge le nombre constamment croissant des cancéreux.»
Par ailleurs, notre interlocutrice, qualifiant la situation des cancéreux en Algérie de dramatique, met en exergue le manque de moyens matériels et de ressources humaines au niveau des petites structures existant dans les quelques régions à l’intérieur du pays et qui ne peuvent, souligne-t-elle, répondre à la demande des malades vu le manque de moyens et l’absence de services de radiothérapie.
En conclusion, Mme Rabhi, dressant un tableau assez noir de la situation des cancéreux en Algérie, appelle les pouvoirs publics à se pencher sérieusement sur la question délicate des cancéreux livrés à eux-mêmes en l’absence de stratégie nationale de lutte contre le cancer. Elle appelle également à l’ouverture de grands centres sanitaires anticancer dans les grandes wilayas et ce, afin d’épargner au malade le pénible et coûteux trajet ainsi que la prise en charge sociale du malade au niveau de l’hôpital.

Par : d. soltani

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