Selon les chiffres avancés par une association britannique, ils seraient près de 3.000 sites anglophones dédiés à la pédopornographie dans le monde entier.
Ces sites hard exploitent sexuellement les enfants et mettent en ligne des vidéos filmant des viols et des actes de pédophilie. Homosexualité, sodomie, viol et autres pratiques sexuelles répandues se trouvent sur des sites où le téléchargement est souvent payant, ce qui ne dissuade pas les adeptes de la pédopornographie de se diriger vers les sites Internet les plus connus en vue de regarder ces vidéos.
L’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales à travers le net est un phénomène qui prend des proportions inquiétantes. Dans le monde, des mesures de lutte et de prévention ont été adoptées, afin de lutter contre la pédopornographie. Cependant, en Algérie où la population juvénile et enfantine a, de nos jours, plus aisément accès au net, aucune forme de prévention, encore moins de détection de ces sites n’est mise en exécution.
Interrogé sur la facilité d’accès aux sites à caractère pornographique qui exploitent des enfants, Walid B., informaticien et gérant depuis cinq ans d’un cybercafé à Kouba, raconte l’histoire de ce jeune enfant âgé de 10 ans, qui fréquentait le cyber quotidiennement et se tournait vers des sites pédopornographiques. «Une fois, j’ai surpris ce garçonnet en train de visualiser une vidéo mettant en scène un adulte de sexe masculin en train de violer un enfant. Le pie est que le garçon était en train de se masturber. Choqué, je lui ai interdit de retourner au cyber et j’ai bloqué l’accès aux sites pornos même pour les adultes», témoigne-t-il.
Questionné sur la fréquence de ces sites, Walid affirme qu’ils sont nombreux, mais que la majorité est payante.
Pour Walid, Internet a non seulement révolutionné le monde des télécommunication, mais aussi celui de la pornographie qui met en œuvre actuellement des techniques nouvelles. «Internet, par l’anonymat qu’il assure, permet d’envoyer des messages secrètement, ce qui convient particulièrement bien aux producteurs et consommateurs de matériel pornographique impliquant des enfants. Cet anonymat n’est pas absolu: des professionnels suffisamment équipés, telles les autorités judiciaires, sont souvent à même de retrouver l’identité de la personne. Néanmoins, cet anonymat relatif permet aussi de se fabriquer une nouvelle identité et de contacter des enfants en se faisant, par exemple, passer pour l’un d’eux», explique l’informaticien.
Pour Mme Ferhat, psychologue clinicienne, la pédopornographie est définie comme toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un enfant se livrant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant à des fins essentiellement sexuelles. «Ce fléau social qui s’est développé grâce au net et dans le monde occidental est certainement en passe de gagner l’Algérie. Ce qu’il faut faire, c’est renforcer la lutte contre ce phénomène et interdire carrément l’accès des jeunes à ce type de contenu», souligne Mme Ferhat.
Pour le neuropsychiatre, H. Ahmed, ce genre de sites fait la promotion de la pédophilie et de la perversion en exploitant des enfants. Il appelle à l’indispensable prévention qui passe par le contrôle parental ainsi que l’interdiction d’accès aux sites pareils en installant des logiciels de filtrage et de contrôle de contenu.
Mme L. Maâsekri, avocate, affirme, quant à elle, qu’en matière de pénalisation et de jurisprudence, il n’existe aucune loi en Algérie visant à lutter contre la pédopornographie. Le tabou qui entoure le sujet de la sexualité y est imputable. «Aussi, faut-il noter, ajoute-t-elle, que l’Algérie consomme la pédopornographie, mais n’est pas encore considérée comme un pays producteur de cette matière.» Installer des logiciels de contrôle, appeler les fournisseurs d’accès aux sites web à interdire définitivement l’accès aux liens hard restent les meilleures dispositions pour lutter contre la cyber-pédopornographie.