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Toxicomanie en Algérie
Vers un dispositif de prise en charge plus performant
28 Avril 2008

Des jeunes vulnérables, en mal être, en crise identitaire ou en perte de repères, souffrant de conditions de vie précaires, de déchirement familial, sont les proies faciles d’un mal ravageur qui cause de plus en plus de victimes. Il s’agit de la toxicomanie, fléau sociétal dévastateur dont les dégâts sur les plans individuel et social sont indéniables.

C’est en vue d’endiguer le fléau que l’office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, se lance dans le renforcement du dispositif de lutte, de prise en charge et de prévention de ce phénomène et ce par l’ouverture de nouvelles structures de soins médicales et psychologiques à travers le territoire national.
Dans ce sens, M. Sayeh, directeur général de l’office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, s’exprimant, jeudi dernier, lors d’une journée d’étude portant sur la lutte contre les substances illicites et la toxicomanie, a affirmé que les structures en question seront ouvertes d’ici fin 2008 ou au plus tard début 2009.
Il est à noter que la prise en charge médicale et psychologique des toxicomanes est l’un des objectifs initiaux de l’office nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie qui s’apprête à créée un réseau de soins médical et psychologique, constitué de 15 établissements hospitaliers spécialisés, 53 centres intermédiaires de soins et de dépistage et 185 cellules d’écoute et d’orientation.
M. Sayeh a aussi fait état de la mise en œuvre d’une stratégie nationale de lutte contre le fléau fondée sur l’élaboration d’un plan de prévention de la drogue et de la toxicomanie.
La stratégie en question est axée sur trois dimensions essentielles dans la lutte contre le fléau, à savoir, la lourde pénalisation des dealers, l’accompagnement médicale et psychologiques des toxicomanes, ainsi que l’initiation de campagnes de sensibilisation sur le territoire nationale portant sur l’éventuelle nuisance des drogues.
La toxicomanie reste un phénomène dont l’ampleur est alarmante. Témoin est les chiffres avancés par le premier responsable de l’office nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie M. Sayeh, selon lesquels, près de 26000 cas de toxicomanie ont été recensés sur le territoire national entre 1998 et 2008. Les mêmes statistiques confirment que 85% des individus impliqués dans des affaires de drogue ont moins de 35 ans, ce qui confirme la grande exposition de la jeunesse algérienne au péril de la drogue.
Mme Ferhat, psychologue clinicienne, questionnée sur les éventuelles causes susceptibles d’emmener un jeune à tomber dans les gouffres de la toxicomanie avance la crise identitaire que traverse le jeune ado.
« A l’adolescence, le jeune est en phase de fin de construction de sa personnalité. C’est une phase troublée durant laquelle ce dernier est confronté aux problèmes d’identification. Il peut s’identifier à un héros du cinéma ou à une personne de son entourage. C’est la manière avec laquelle il s’identifie qui est importante. Ici, intervient le rôle fondamental des parents. Ainsi, si ces derniers jouent le rôle de lien social, en rassurant l’enfant qui est déstabilisé, le passage à l’age adulte se déroulera aisément. Le cas échéant, le jeune cherchera à être rassuré ailleurs. Il fréquentera un groupe du quartier et il s’adonnera à la drogue qui reste le seul médiateur social et le remède qui le soulagera de sa souffrance interne. Pour le jeune ado, la consommation de drogue, dans ce cas, n’est qu’un exutoire, pour calmer les angoisses insoutenables qui le terrassent.», soutient Mme Ferhat.
«Les parents doivent être attentifs aux enfants. Ils doivent être à leur écoute, s’intéresser à leurs études pour connaître leurs besoins. », relève-t-elle.
La répression des actes de trafic de drogue, la prise en charge médicale, psychologique, la réinsertion sociale des toxicomanes, ainsi que la sensibilisation de la société civile sur les risques des drogues sont, selon la spécialiste, les meilleurs procédés pour luter contre le phénomène. Le renforcement du dispositif de lutte contre la toxicomanie sera-t-il à même de diminuer la gravité de la situation ?

Par : d. soltani

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