«Naviguer pour trouver l’amour», telle est la devise de nombreux adeptes des sites de rencontre qui font fureur sur le net. Chez nous, beaucoup consentent à dire que les endroits de rencontre, qui permettent aux jeunes de tisser des liens et vivre une histoire d’amour, sont limités pour ne pas dire inexistants.
Les personnes, hommes et femmes, voient donc leurs chances de dénicher la perle rare diminuées, ce qui les poussent à cherche un support efficace au manque de rencontres réelles. Le salut est vite retrouvé dans le net qui, par la multitude de services qu’il offre à ses adeptes, est devenue le meilleur moyen de rencontre qui décuple les opportunités et crée des liens affectifs et amicaux. Si les uns cherchent à travers le net l’amitié, le dialogue et l’échange interactifs, d’autres sont en quête d’amour ou d’aventures charnelles sans lendemain. En effet, pourquoi chercher loin lorsque vous vous savez face à une liste infinie de sites de rencontres qui vous offrent la chance de sortir de votre coquille, d’intégrer un monde virtuel aussi immense que sensationnel ?
La drague via le net ou la «cyberdrague» est devenue pour les jeunes algériens un moyen assuré d’attirer le plus grand nombre de partenaires dignes de remplir le profil de la femme recherchée, et même si les intentions divergent, le virtuel continue à gouverner des rapports sociaux qui, souvent, ne tardent pas à se concrétiser si les correspondants se plaisent et si affinité s’y prête.
Le vrai amour en ligne
«Alors, vous êtes grande, belle, élancée, intelligente, je le suis aussi. Contactez-moi et vous n’en serez que ravie», telle est la phrase qui m’a captée sur un site de rencontre lorsque je me suis connectée optant pour un pseudonyme attirant et décrivant quelques traits physiques et psychologiques de ma personnalité. Lotfi, le garçon qui m’a répondu, semblait bien manier le verbe. C’était un vrai gentleman qui me faisait vivre, l’espace de quelques instants virtuels, des moments intenses. Au bout de deux heures de discussion à battons rompus, Lotfi et moi avions échangé nos adresses MSN espérant pouvoir converser librement la nuit, chez nous. Depuis cinq mois, je vis la plus belle histoire de ma vie, car l’homme qui me faisait virtuellement rêver a fini par se personnifier, me laissant pantoise. Il était vraiment beau et séduisant. Je ne rêvais plus, mais j’étais bel et bien face à un homme réel qui habitait non loin de mon lieu de travail, mais que je n’ai pu rencontrer que sur la toile magique. Aujourd’hui, pour moi, le bonheur est un sentiment que je déguste au quotidien. Mon amoureux et moi comptons officiellement nous lier», témoigne Linda.
Les aveux de cette jeune fille, qui a pu grâce à Amitie.fr, un site de rencontre de renom, rencontrer l’homme de ses rêves, laissent plus d’une personne songeuse. Serais-je moi-même emmené un jour à rencontrer l’amour, le vrai, via la toile ? Une question à laquelle seul l’avenir peut répondre. Le net n’est malheureusement pas tout le temps porteur de bonheur et de bonnes opportunités, les frustrations et les déceptions que recèle ce moyen high-tech ne sont pas moindres.
Qui se cache derrière
le virtuel ?
Retrouver quelqu’un qui partage vos passions, qui semble vous ressembler au centimètre près, qui vous laisse entendre qu’il vous comprend, saisit vos états d’âme rien qu’en vous écoutant parler, vous pousse à vous attacher étroitement à lui. Rencontrer, en effet, ce quelqu’un qui vous permet, même virtuellement, de vous blottir contre lui, de pleurer comme un bébé, vous fait nourrir les espoirs les plus tendres. Quel bonheur d’être écouté, compris, et consolé ainsi. Le monde virtuel vous absorbe au point où, quelquefois, vous ne faites plus de distinction entre réalité et fiction. Etant trop attaché à cet être, vous voudrez rapidement concrétiser sa présence. Et si la réalité vous réserve la surprise de votre vie ? Vous êtes-vous posez la question ?
Cette question impose une dimension souvent omise des relations virtuelles : la réalité révélée à travers le net est-elle bien réelle ? Allez à la rencontre d’une personne rencontrée sur la toile, avoir le cœur qui bat la chamade, les mains tremblantes et les sens en ébullition est une situation certainement vécue par nombreux. Mais, vous souvenez-vous du dénouement d’une rencontre pareille ? En êtes-vous sorti le cœur chargé de satisfaction où au contraire fuit le lieu de rendez-vous à toutes jambes ?
«Ma frustration fut indescriptible le jour où j’ai rencontré celle qui se disait avoir le visage de Lindsay Lohan, le sourire de Catherine Deneuve et la poitrine de Haïfa Wehbi», confie Merwan, jeune informaticien âgé de 28 ans. Cet homme qui raconte avoir toujours rêvé d’une belle femme, à l’image des stars de l’Orient ou de l’Occident, ne se doutait point de ce que lui réservait la réalité. Il raconte : «Cela faisait un mois que je chattais avec Rachida via MSN. Nous avons fait connaissance sur le site Amour.com et j’étais ravi de contempler ses photos sexy. J’ai rêvé d’elle pendant des nuits et quand je l’appelais au téléphone, une voix sublime et sensuelle me faisait monter au septième ciel. Je la désirais tellement. Déjà, je commençais à penser au déroulement de la première rencontre. Nous devions nous voir à la rue Didouche-Mourad où elle travaillait comme pharmacienne. En attendant son apparition, je dévisageais tous les visages de jeunes filles qui passaient espérant tomber sur son beau visage. Soudainement, je fus interpellé par une passante, la quarantaine passée, assez belle femme, ses yeux couleur miel étaient à peine ridés, mais n’avaient pas perdu leur regard sensuel d’antan. La voix douce de mon interlocutrice me ramena à la réalité, c’était elle ma correspondante du net. J’ai failli m’évanouir, mais ayant rapidement repris mon sang-froid, j’ai invité ma compagne à s’attabler dans un salon de thé proche. Nadia était vraiment une femme fatale, mais ce n’était pas elle que je cherchais. Elle me raconta son histoire, m’avoua être mariée, mais à la recherche d’aventures sensationnelles auprès d’un homme affectionné et viril. Selon ses propos, j’étais le seul face à qui elle s’est révélée au grand jour car elle était convaincue d’être heureuse avec moi surtout que je lui plaisais tellement. Je me suis senti dupé, mais je n’ai pas osé montrer le poids de la frustration occasionnée par la découverte de la réalité. J’ai perdu contact avec cette charmante menteuse à la recherche d’aventures extraconjugales. Je ne voulais guère m’attirer des ennuis. Cette expérience m’a appris à me méfier des amis et encore plus des amours du net.»
L’aventure sur écran
L’accessibilité et l’instantanéité sont, en effet, les deux maîtres mots des rencontres on-line. A toute heure du jour et de la nuit, en pantoufles ou en pyjama, n’importe qui peut ainsi partir à l’aventure sur écran, chercher un partenaire pour une relation éphémère ou plus durable. Il y a toujours un internaute à l’autre bout du net pour satisfaire notre besoin d’amitié ou d’amour. Pourtant, la sincérité n’est pas toujours au rendez-vous sur la toile. Le virtuel libère l’imagination, souvent enchaînée par un quotidien étouffant, délivre nos fantasmes les plus fous de leur cage.
Face au net, on peut draguer, aimer, s’inventer un passé, un présent fantastique, une personnalité différente en laissant libre cours à notre imagination. Bref, le net nous affranchit de nos complexes, de nos tabous et de nos craintes. Il est, dans ce sens, une échappatoire à nos soucis, un exutoire à nos frustrations et un moyen de délassement très efficace. Une partie des friands du net ne franchissent jamais le seuil du virtuel et de l’anonymat. Satisfaits de leur petit monde magique, ces personnes y vivent comme dans la réalité. «Agé de 46, marié, père de trois gosses, fonctionnaire dans une boîte de communication, je ne trouve mon bonheur que via le net. Les heures que je passe face à mon micro sont les plus merveilleuses. J’attends impatiemment la fin de la journée pour retrouver mon monde dans lequel je me libère de toutes les contraintes sociales, religieuses et même morales. Sous couvert d’anonymat, je suis un homme vraiment libre et c’est cela qui me procure la plus grande jouissance», confie Ahmed.
Cyberinfidélité, l’amour
masqué
Quand le couple va mal, l’infidélité est une suite prévisible. Cependant, le passage à l’acte réel n’est pas souvent une décision facile à prendre. De plus en plus de personnes aujourd’hui s’adonnent aux liaisons extraconjugales via le net, sans parfois que le lien tissé ne franchisse le seuil du virtuel.
Amel, une jeune femme mariée, âgée de 32 ans, active, avoue avoir connu l’amour à travers le net, après avoir fait une rencontre peu ordinaire avec un homme qui semblait passionné d’art, de littérature et de cinéma, tout comme elle. «Au départ, le net était pour moi un loisir captivant qui me permettait d’être en contact avec des personnes de par le monde. Me sentant extrêmement seule auprès d’un mari trop absorbé par son boulot et peu attentionné, je me suis retrouvée progressivement liée d’affection à un homme spécial qui avait les mêmes penchants que moi. Nous parlions des heures durant de Molière, de Dante et de Tolstoï. Ces discussions me passionnaient et je me retrouvais de plus en plus attachée à un homme qui savait réveiller le désir en moi. Mon mari me trouvait frigide, or cet homme m’a confirmé le contraire car rien que par ses paroles, je jouissais violemment. Aujourd’hui, c’est mon amant, l’homme de mon royaume virtuel et celui qui détient les clefs de mon désir. Je ne me sens plus seule et je me réveille le matin animée d’une envie de croquer la vie.»
Peut-on considérer l’infidélité virtuelle comme étant réellement une trahison ? Si certains s’entêtent à croire que l’absence du contact charnel dans cette relation fait d’elle un lien purement platonique, d’autres estiment que le fait de permettre à un autre partenaire d’envahir son cœur et son esprit même virtuellement est la plus lâche des infidélités.
Crédible ou peu fiable, la toile reste le meilleur lieu de rendez-vous accessible, instantané et peu coûteux qui sert aux cœurs tourmentés, seuls, à la recherche d’amour ou en quête de contacts sociaux de tremplin.
Par : d. soltani