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Violence psychologique ou cruauté mentale
Quand l’autre est méprisé et rejeté
25 Fevrier 2008

La violence physique est rapidement détectée car elle laisse des traces visibles sur le corps de la personne violentée. Plus insidieuse est la violence psychologique dont le retentissement est moins décelable, mais plus ravageur.

Est définit comme violence toute contrainte physique ou morale exercée sur une personne en vue de l’inciter à réaliser un acte déterminé. Telle est la définition qu’accorde Larousse au mot violence. Cette définition implique la dimension physique et psychologique de la violence qui peut revêtir, de ce fait, plusieurs formes. La violence physique est rapidement détectée car elle laisse des traces visibles sur le corps de la personne violentée. Plus insidieuse est la violence psychologique dont le retentissement est moins décelable, mais plus ravageur. Cependant, quels sont les comportements susceptible de nous pousser à parler de violence psychologique dans un contexte relationnel quelconque.
Il n’existe pas de définition universelle de la violence psychologique et les comportements qui l’annoncent sont bien nombreux. Comme toute forme de violence apparaissant dans le cadre d’une relation, la violence psychologique, une forme de «cruauté mentale », est un abus de pouvoir et de contrôle. Cette forme de violence peut être présente dans une relation amoureuse, amicale, professionnelle ou familiale. Mais, pour la reconnaître, il importe de pouvoir déceler les conduites qui l’induisent.
Lorsque, dans une relation, une personne est rejetée, ignorée, méprisée et infériorisée par son conjoint. Lorsque ce dernier dévalorise ses idées et ses sentiments et manifeste constamment, à son égard, une hostilité, là, il y a lieu de parler de violence psychologique.
«Depuis que je l’ai épousé, je subi constamment son comportement méprisant. Il me trouve inutile, accapare mon salaire, n’hésite pas à m’assener des remarques désobligeantes devant des étrangers. Si, par malheur, je commets une bêtise quelconque et que l’on a des invités à la maison, il ne s’empêche pas de me crier dessus, signifiant devant tous que je ne suis pas une bonne femme d’intérieur. Combien de fois ai-je eu à essuyer ses offenses et ses méchancetés ? Combien de fois me suis-je réfugiée dans les larmes pour pleurer ma douleur ? Je vous assure, il n’y a pas plus dur vécu que d’être victime d’un compagnon insensible qui trouve du plaisir à vous rabaisser», témoigne Mme Fouzia.
La violence psychologique au sein d’une relation de couple est aussi fréquente que la violence physique ; elle est encore bien plus grave, car ne laissant pas de traces physiques, ses conséquences psychologiques sont funestes.
La cruauté mentale figure aussi dans certains contextes familiaux où les parents ou les tuteurs adoptent un comportement méprisant à l’égard de l’un des gosses. Ainsi, traiter régulièrement un enfant différemment de ses frères et sœurs, d’une manière qui laisse croire qu’on lui en veut, qu’on le rejette ou que l’on éprouve de l’aversion pour lui, est une forme de cruauté mentale qui génère chez l’enfant un sentiment de mépris de soi et de haine contre ses semblables.
Dans la rue ou en milieu professionnel, dégrader une personne, l’insulter, la ridiculiser, lui adresser des injures, la parodier ou l’infantiliser, se comporter d’une manière qui porte atteinte à son identité, à sa dignité et à sa confiance en elle est une forme de violence psychologique. Exemples : humilier la personne en public ou la traiter d’idiote si elle est handicapée, contrefaire ses gestes ou sa démarche, traiter un aîné comme s’il était incapable de prendre des décisions, ce sont là quelques indices de violence psychologique à l’égard d’un individu.
Terroriser la personne, lui inspirer un sentiment de terreur ou de peur extrême ; la contraindre par l’intimidation ; la placer dans un milieu inapproprié ou dangereux ou menacer de l’y placer. Exemples : hurler, blasphémer, obliger un enfant à être témoin d’actes de violence envers un membre de sa famille ou un animal qu’il aime ; menacer une personne de l’abandonner, de la brutaliser ou de la tuer, menacer d’abandonner, de brutaliser ou de tuer un animal ou un être qui lui est cher ; menacer de détruire ses possessions ; menacer de la faire déporter ou institutionnaliser ; traquer la personne, est une forme de violence psychique qui nuit profondément à la personne.
On parle aussi de violence psychologique quand l’on est emmené à priver une personne de chaleur humaine, de se montrer insensible et inattentif envers elle, de faire preuve d’indifférence à son égard ou de ne s’adresser à elle qu’en cas de nécessité en ignorant ses besoins sur le plan mental. Exemples : ignorer les tentatives de communication d’un enfant; le priver d’affection, de soins ou d’amour.
La violence psychologique peut s’accompagner ou non d’autres formes de mauvais traitements, mais le plus important à savoir est que quelle que soit la nature de la violence infligée à une personne, ses conséquences psychologiques sont indéniables puisque non seulement elle mine l’estime de soi chez la victime, mais anéantit aussi sa confiance en elle-même, lui occasionne de profondes blessures narcissiques.
Comme les autres formes de violence liées à une relation, la violence psychologique s’abat surtout sur les personnes les plus démunies de pouvoir et de ressources, comme les femmes et les enfants. Ces derniers, sans aucune défense, impuissants face à leurs tortionnaires, se voient subir des férocités mentales incroyables.
Pour conclure, la violence psychologique mine la vie de plusieurs personnes. Moins connue que la violence physique et beaucoup moins apparente, cette dernière doit faire le sujet de nombreuses études et de campagnes de sensibilisation visant à permettre à la société civile de connaître cette forme de cruauté destructrice, de la dénoncer et de lutter contre son expansion. Il importe de bannir une fausse idée largement répandue sur la violence psychologique, celle comme quoi, avec le temps son intensité diminue. La violence tue, quelle que soit sa forme, elle ne peut qu’aller crescendo. Alors, si vous êtes une victime de violence, sachez que le processus défensif contre votre anéantissement intérieur commence par dire basta une bonne fois pour toute.

Par : d. soltani

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