Dès les premières minutes de sa vie, le bébé ressent toute la tendresse et l’amour de ses parents, mais au travers de la voix de son père, le bébé, en plus de l’amour, ressent la dureté.
«Avec mes enfants, je ne sais vraiment pas quelle attitude est la plus avantageuse. Je suis une maman trop tendre, mère poule si vous voulez me qualifier ainsi. J’ai trois garçons âgés respectivement de 8, 6 et 4 ans. Les problèmes qui se posent actuellement au niveau de l’éducation peuvent se résumer comme suit : étant une femme extrêmement affectueuse, je crains trop pour mes gosses, je les couve, je refuse qu’ils sortent dehors, je leur offre tout ce dont ils ont besoin. Je ne crie jamais pour éviter de les apeurer. Cependant, ce que j’ai constaté est qu’au fur et à mesure que mes enfants avancent dans l’âge, je commence à constater des signes que je trouve alarmant. En effet, l’aîné ne me respecte plus. Quand je le gronde parfois à cause de ses résultats catastrophiques, il me tourne le dos me faisant la sourde oreille. Le cadet quant à lui est un vrai tyran. Je ne sais pas si mon excès de tendresse et de protection a pourri mes gosses. Peut-être aurais-je dû être une mère autoritaire ?», s’interrog Mme Warda.
Les enfants, c’est fragile, c’est compliqué. On les aime, on veut les protéger, les couver, les mettre à l’abri des dangers et on ne sait plus comment leur manifester notre affection. Certains parents font dans la surprotection alors que d’autres font preuve de négligence. Certains seront plus enclins à manifester outrageusement leur tendresse alors que d’autres auront plus tendance à faire preuve d’autoritarisme aveugle. Mais entre les deux attitudes quelle est la plus opportune ?
Autorité et tendresse sont difficilement conjuguées par les parents de nos jours, ce qui fait qu’un bon nombre versent dans les attitudes extrémistes, qui restent largement compromettantes pour l’évolution de l’enfant. Vous vous souvenez certainement de l’expression «une main de fer dans un gant de velours» qui traduit à travers l’alliage de ses deux matériaux que l’autorité peut s’exercer fermement mais sans aucune forme de brutalité.
Longtemps le rôle du père a été assimilé comme le garant de la loi familiale, porteur de l’autorité. Aujourd’hui, cette responsabilité est davantage partagée par les deux parents, ce qui accorde à la mère sa place dans l’expression de l’autorité au même titre que le père. Cependant, il n’est pas question ici de demander aux pères d’être extrêmement autoritaires ni aux mères d’être outrageusement affectueuses. Les deux parents doivent apprendre ensemble à manier à parts égal es le langage de la tendresse et de l’autorité tout en évitant de tomber dans les conduites extrêmes.
Dès les premières minutes de sa vie, le bébé ressent toute la tendresse et l’amour de ses parents, mais au travers de la voix de son père le bébé en plus de l’amour perçoit la dureté. La sécurité affective de base du bébé passe par le ressenti précoce d’une présence parentale affectueuse et ferme. Le bébé a besoin de beaucoup d’amour et de tendresse de la part de ses parents. Il reconnaît sa maman par son odeur, sa présence et son papa, par sa voix sécurisante et à la fois dure.
Pour l’harmonie de son psychisme, le bébé a besoin d’entendre la fermeté dans la voix qui pose les limites. Une voix sans cri, ni colère, seulement une voix qui porte le sceau conjugué de la tendresse et de la fermeté et qui dit : «Non, là mon petit chéri, ce n’est pas possible et nous ne céderons pas sur ce point». C’est tout.
Un enfant qui perçoit une fragilité à ce niveau, chez ses parents, est un enfant qui va s’engager dans d’incessants bras de fer, pour obtenir ce qu’il désire. Il tentera donc de prendre le pouvoir sur ses parents.
«Répondre aux besoins des enfants, mais jamais à leurs désirs», telles sont les recommandations de Françoise Dolto, psychologue. L’enfant a besoin d’être confronté à la frustration pour grandir, en sécurité physiquement et psychiquement ! Bien sûr, cela nous fait parfois mal au cœur, nous parents d’entendre la plainte insistante de notre enfant à qui l’on vient de dire : «Non». Mais si nous sommes convaincus que ce «non» est justifié, qu’il a du sens, qu’il est nécessaire et structurant pour son enfant, il faut pouvoir le tenir.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’on abandonne son bébé en pleurs, tout seul dans sa chambre! Certainement pas ! Non, notre présence rassurante, notre tendresse irrévocable lui permettra de passer le cap difficile de l’apprentissage de la frustration, ce grand moteur de la vie.
Par : D. soltani