La représentation d’un corps parfaitement sculpté propagée par les médias influe profondément sur l’image qu’a la personne d’elle-même.

«The big winner» ou le grand gagnant est une émission diffusée sur la chaîne satellitaire arabe MBC. Au cours de cette émission, un groupe de jeunes personnes, hommes et femmes, souffrant d’obésité décidant de maigrir, se portent volontaires et partent à l’aventure pour retrouver un nouveau corps et une meilleure estime de soi.
Ces individus testent leur volonté et leur capacité d’endurance, évoquent leurs difficultés de vivre dans un corps qu’ils rejettent et affirment leur motivation de vouloir radicalement changer, pour se plaire, mais aussi pour plaire aux autres. Le commun de ces personnes est leur incapacité à mener une vie sereine avec un corps qu’ils ne supportent pas, dans un univers gouverné par l’apparence physique.  Ces individus sont rejetés par leur entourage, critiqués et constamment harcelés par le regard des leurs qui semblent relever leur différence. Une différence qui leur est infernale. Du coup, ils ont décidé de métamorphoser leur existence cherchant, en perdant leur surpoids, à retrouver une place au sein de leur entourage.
Ces individus ne sont pas les seuls à souffrir terriblement d’un corps jugé difforme. Nombreux sont ceux qui refusent d’accepter cette enveloppe corporelle et rentrent en conflit acharné avec une carcasse jugée en décalage avec l’image que les médias proposent. En effet, à notre époque, l’aspect esthétique véhiculé par les médias et la place accordée au corps poussent plus d’un à se poser des questions sur son propre corps.
La représentation d’un corps parfaitement sculpté propagée par les médias influe profondément sur l’image qu’a la personne d’elle-même. L’exemple de cette jeune femme venue en consultation est parfaitement représentatif. En effet, cette femme âgée de 26 ans refusait d’entretenir des rapports sexuels avec son époux à cause de la représentation qu’elle avait de son corps qu’elle trouvait rebutant. Elle affirmait clairement qu’à chaque fois qu’elle regardait la télévision et percevait la différence entre son corps et celui des mannequins et des stars, elle se détestait davantage. Son manque d’estime de soi et l’image altérée qu’elle se faisait de son corps se répercutaient négativement sur l’équilibre de son couple et il fallait rapidement réagir. Mais, comment ? Telle était la question.
La prise en charge avait pour visée d’améliorer la représentation de soi de cette personne de manière à l’emmener à se familiariser avec son corps tout en changeant ce qui lui déplaisait. Apprivoiser cette enveloppe corporelle rejetée et renforcer l’amour de soi étaient des étapes culminantes de la thérapie.
Les femmes, plus inquiètes de leur apparence esthétique, se lancent souvent dans une vraie course pour parvenir à avoir le corps parfait prôné par les médias, mais leur course s’avère souvent vaine et débouche sur une frustration et une vraie désillusion. Pourquoi ?
Ce qui est vraiment problématique n’est pas le désir ardent de ces femmes de ressembler à ces silhouettes parfaites, mais l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et le manque d’amour de soi.
Plus d’une femme se retrouve submergée par les images de corps beaux, élancés, sveltes, des sourires charmeurs, de la séduction prononcée et des visages parfaitement sculptés. Face à ces représentations, des questions émergent de très loin dont la principale est : quelle place accorder à ce corps en net déphasage par rapport aux normes universelles ? Comment percevoir ce corps sur lequel le temps a déjà dessiné les traits ?
En effet, le décalage entre la représentation que l’on se fait du corps idéal et notre perception de notre corps est fréquemment générateur de conflits intérieurs pénibles et dur à supporter.
Ce corps ne nous satisfait plus, on inventorie ses défauts, on le cache, on le hait et on le rejette. On est frustré rien qu’à l’idée de le regarder dans une glace et cela nous plonge dans la souffrance la plus atroce.
Ce corps, considéré comme étranger, est dès lors maltraité voire mutilé parfois. Il n’est plus source de plaisir, mais de malheur. Considéré comme un ennemi qu’on désire torturer à mort, détruire et anéantir, on ne lui porte que haine et rancœur.
Vous est-il arrivé un jour de vous réveiller de bon matin et de vous trouver trop moche ? Certainement, il nous arrive tous d’être quelquefois en désaccord avec notre corps. On passe alors toute la journée focalisé sur les petits détails qui nous déplaisent tant et notre état psychologique se trouve même altéré à cause de notre sentiment de n’être pas aussi beau, ni aussi désiré. Corps et psychisme sont intrinsèquement liés et la représentation que vous vous faites de vous-même est déterminante de vos rapports avec vous ainsi qu’avec votre monde environnemental. Les individus sûrs d’eux, à titre illustrateur, sont souvent capables d’aller vers les autres. Ils ont la paix, parce qu’ils ont appris à s’aimer pour aimer les autres.
Ceux qui se détestent passent la majorité de leur temps à se maudire et à manifester leur colère contre tous. 
Apprendre l’amour, ça commence par soi. Comment pouvez-vous exiger des autres amour, alors que vous n’éprouvez pour votre personne que répugnance et haine ? Accueillir votre corps à bras ouverts, ouvrez-vous au monde, acceptez votre différence, cessez d’exister à travers le regard des autres, tels sont les procédés pour faire la paix avec vous-même.
Faire des efforts pour changer ce qui vous déplait en votre personne est tout à fait légitime, mais apprendre à aimer l’individu que vous êtes inconditionnellement est essentiel. Ce n’est qu’ainsi que vous retrouverez la paix intérieure. Et puis, pourquoi s’efforcer de ressembler aux autres, alors que nous pouvons explorer toutes les richesses que recèlent notre âme et qui font de nous des êtres spécifiques. Pensez-y.