La jouvencelle souffre d’une phobie sociale, trouble psychologique bien répandu caractérisé par une appréhension démesurée et incompréhensive du contact social. Les autres ne représentent plus pour la personne souffrante une présence rassurante.
«Je suis une étudiante en deuxième année philosophie. Mon énorme problème est que je suis quelqu’un de trop timide, renfermée et complexée. Je n’arrive pas à nouer des amitiés tant j’ai peur des autres. Le pire est que je ne peux même pas affronter le regard de quelqu’un qui m’adresse la parole tellement cela me déstabilise. A la fac, nous sommes appelés à présenter une lecture critique des théories philosophiques qu’on nous enseigne. Tous mes camarades le font merveilleusement alors que je suis la seule qui tremble de peur à l’idée de devoir prendre la parole et affronter le regard inquisiteur de mes camarades. Ma peur des autres ne date pas d’aujourd’hui, puisque même au primaire, j’étais une fille isolée et mutique. Je veux être une fille normale, mais je me sens handicapée par cette crainte déraisonnable», confie Ibtisam.
La peur absurde de cette jeune fille face aux autres qui handicape apparemment du fait qu’il l’empêche de progresser sur tous les plans, a une seule et unique explication : la jouvencelle souffre d’une phobie sociale, trouble psychologique bien répandu caractérisé par une appréhension démesurée et incompréhensive du contact social. Les autres ne représentent plus pour la personne souffrante une présence rassurante. Au contraire, ils sont à l’origine même de l’émergence de l’instabilité psychique et du sentiment d’inquiétude.
Cette affection psychologique qui entrave souvent l’épanouissement de l’individu dans tous les domaines de sa vie, passe souvent inaperçue, car les gens qui en souffrent hésitent d’en parler et l’entourage est inattentif aux signaux de détresse que la personne atteinte lance.
«Depuis mon jeune âge, je ne me sentais pas comme les autres. Tous mes copains étaient bien à l’aise dans leur peau alors que moi, j’étais souvent très intimidé en la présence des autres. A l’école, dès que mon professeur me demandait de lire ou de faire un exposé, j’étais subitement pris d’un mal inconnu. Je commençais à transpirer, mes battements de cœur s’accroissaient et mes mains tremblaient. Avec l’âge, mes symptômes ont empiré et je ne pouvais pas vivre une journée sans être pris d’un malaise en songeant au contact social que le train-train quotidien m’imposait. Ma vie était infernale jusqu’au jour où j’ai découvert que je pouvais guérir grâce à la psychothérapie. Ma psychologue m’a aidé grandement à comprendre mes complexes et à apprendre à gérer mes émotions», explique M. Wahid, comptable, âgé de 36 ans.
Loin d’être une source de plaisir et d’enrichissement, les relations avec les autres sont, pour les phobiques sociaux, synonymes de peur, voire de honte.
Les phobiques pour lesquels le contact social représente un danger imminent qui les expose à des situations embarrassantes, estiment que ce mal est inguérissable. Or la réalité est tout autre puisque ce trouble tout comme n’importe quelle affection organique peut se soigner à condition que la personne consulte au moment opportun et ne laisse pas son mal dégénérer.
Les manifestations de la phobie peuvent varier d’une personne à l’autre, mais les plus courantes sont : l’angoisse, la transpiration, sécheresse de la bouche, les vertiges, l’accélération du rythme cardiaque et un malaise inexplicable.
Pour comprendre la phobie sociale, il importe de remonter loin dans l’enfance de la personne. Bien que, selon les recherches scientifiques effectuées dans le domaine, il existerait une vulnérabilité génétique et psycho- biologique à la phobie sociale, les gènes n’expliquent pas tout : les phobiques sociaux auraient aussi été confrontés dans l’enfance à des événements de vie les ayant fragilisés (par exemple, une humiliation par une maîtresse d’école devant d’autres enfants...).
Quoi de plus banal que d’aller acheter une baguette de pain ? Pour certaines personnes, ce simple geste est douloureusement vécu: à la caisse, elles ont l’impression que les clients qui patientent derrière elles les dévisagent méchamment et vont les agresser. Prendre la parole en public, passer un entretien d’évaluation, engager une conversation avec des inconnus... Pour certains, de nombreuses situations de la vie quotidienne peuvent en effet devenir source de gêne, voire de honte. Pour les phobiques sociaux, la prise en charge psychologique est une urgence. Seul l’apport d’un professionnel permet de situer le problème dans son contexte et trouver une stratégie de lutte contre cette pathologie handicapante.
Par : d. soltani