Alors que des millions de petits Américains déguisés en vampires ou en sorcières se préparent à prendre mercredi les rues d’assaut dans une course aux friandises, les messages se multiplient pour avertir les parents des dangers de Halloween. La veille de la Toussaint, enfants et adolescents vont frapper à la porte de leurs voisins en proférant la formule magique "trick or treat" (des bonbons ou un vilain tour).
Mais des histoires d’horreur de capes qui prennent feu en passant au-dessus de citrouilles transformées en chandeliers, de bonbons empoisonnés par des voisins malveillants et, plus récemment, de gobelets décorés avec de la peinture au plomb, font dresser les cheveux sur la tête des parents.
Pour les services de sécurité routière, la soirée de Halloween est particulièrement effrayante en raison des hordes d’enfants surexcités qui courent de maison en maison à la tombée du jour, en pleine heure de pointe, mais aussi parce que les adultes participent à la fête, lors de soirées souvent bien arrosées. "Les flammes à l’air libre représentent le baiser de la mort" quand les invités portent des costumes flottants et que l’alcool les fait tanguer, explique le Dr James Jeng, directeur adjoint du service des adultes grands brûlés de l’un des principaux hôpitaux de Washington.
Mais le film d’horreur qui ressort chaque année de la naphtaline tourne plus autour des risques que les enfants encourent à manger les friandises données par des inconnus. Les rumeurs d’empoisonnements courent... Pour Joel Best, professeur de sociologie à l’université du Delaware (est), ces rumeurs devraient retourner au placard: "Je suis remonté jusqu’à 1958 à la recherche d’informations de presse et je n’ai rien trouvé évoquant un enfant tué ou gravement malade à cause d’une friandise empoisonnée". Les rumeurs ont pourtant débuté pendant la Seconde guerre mondiale, même si elles ont évolué avec le temps. Ainsi dans les années 60, les parents s’imaginaient que des hippies donnaient des joints aux enfants, et dans les années 70, la grande peur évoquait des lames de rasoir dans des pommes.
Signe que la peur reste vive, un nombre croissant d’Etats ont imposé aux milliers de personnes inscrites sur le registre des délinquants sexuels, en liberté après avoir purgé leur peine pour des agressions sur des adultes ou des enfants, de rester cloîtrés chez eux. Dans la plupart des cas, ils n’ont pas le droit de sortir, ni de se déguiser, ni de décorer leur maison, ni d’ouvrir si l’on sonne, ni même d’accompagner leurs propres enfants. En Géorgie (sud-est), certains devront même passer la soirée au poste de police.