L’amour est un noble sentiment que l’on éprouve tous dès notre jeune âge. Ce sentiment qui revêt des formes différentes nous donne la chance de manifester notre attachement affectif à l’égard de nos parents, proches, amis ou notre amoureux.
L’amour est un sentiment envers un être ou une chose qui consiste en une inclination positive profonde poussant les personnes qui l’éprouvent à adopter un comportement plus ou moins rationnel, les entraînant principalement à rechercher une proximité tendre, physique, intellectuelle, passionnée, voire imaginaire, vis-à-vis de l’être aimé.
L’amour est un océan profond et inconnu dans lequel une personne peut facilement se perdre. Ce sentiment lorsqu’il régit les rapports entre deux partenaires marque différemment leurs échanges relationnels. De ce fait, nous pouvons observer que les couples amoureux ont chacun une perception différente de l’amour et le vivent diversement. Mais, sous l’emprise de cette émotion fortement éprouvée, nous pouvons aller parfois trop loin. Nous sommes capables de nous surpasser et d’explorer des territoires que nous croyions jusque-là totalement inaccessibles.
Pour préserver cet amour, les uns sont capables de faire des concessions incroyables, de parcourir des territoires nouveaux et d’affronter le monde entier pour protéger leur idylle. D’autres, par amour aussi, iront jusqu’à s’effacer devant l’être cher, s’abandonner totalement en se laissant envahir par leur amoureux. Il faut dire que par amour, nous pouvons aller loin, bien plus loin que nous pouvons l’imaginer.
«Quand j’ai rencontré celui qui est devenu plus tard mon mari, toute ma vie a basculé. Je ne savais nullement que cet homme allait marquer ma vie à jamais. C’était un beau parleur qui savait si bien, rien qu’à travers la parole, me transporter dans le monde inconnu de la jouissance. Auprès de lui, j’ai découvert la volupté, la vraie. Sa voix est devenue la morphine dont je ne pouvais me délivrer. Son amour me procurait un bien-être sans égal. Le jour où il m’a demandé en mariage, j’étais convaincue de vouloir l’épouser, mais je ne m’attendais vraiment pas à me confronter au refus catégorique de mes parents qui, pour une raison que je ne trouvais pas approuvable, m’ont interdit de le revoir. Pour rester auprès de lui, j’ai affronté ma famille et je leur ai clairement expliqué que je me marierais avec cet homme contre leur volonté. Ils ont fini par accepter. Mes sacrifices se sont révélés vains puisque mon cher mari que j’aimais plus que tout au monde n’était qu’un don juan confirmé qui m’a fait voir de toutes les couleurs pour me répudier après une vie conjugale de 3 ans. Finalement, j’ai détruit ma vie par amour», témoigne Amina.
Pour comprendre pourquoi on peut aller si loin par amour, il faut d’abord découvrir comment le processus amoureux se met en place. Ce processus débute par ce que les psychologues appellent «le choc amoureux» qui est une sorte de collusion inconsciente. On est attiré par l’autre, car il entre en résonance avec nous. Une personne amoureuse trouve en son partenaire un double glorifié, un autre soi-même parfait qui possède des qualités qu’elle estime ne pas détenir. De ce fait, l’amoureux est placé sur un piédestal et nous nous obligeons de nous hisser à sa hauteur, souvent dans un total aveuglement.
Le témoignage de Souad en dit long à cet égard. «Lorsque j’ai rencontré Fouad, j’avais l’impression de l’avoir toujours connu, de ressentir ce qu’il ressentait, de le comprendre sans avoir besoin de parler. Il était tout ce que j’aurais voulu être : sûr de lui, patient, cultivé. Pour le conquérir, je suis complètement entrée dans son monde en laissant tomber le mien. Tout d’abord, mes amis qu’il n’aimait pas. Ensuite, mes habitudes, mon comportement et ma façon de m’habiller. J’ai commencé à le suivre partout, à me concentrer sur les sujets qui l’intéressent et à m’adonner à ses loisirs favoris. Son amour m’a complètement déboussolée au point de ne me contempler qu’à travers son regard.".
Ce fantasme inconscient, de la rencontre d’un autre nous-même idéalisé, peut nous plonger dans une illusion fusionnelle qui procure au départ la plénitude pour commencer progressivement à causer problème.
Parfois, à l’inverse, bien des histoires d’amour et d’abandon de soi au profit de l’être aimé ont comme ressort inconscient le fantasme de "l’infirmière et de son malade ".
La logique de dépendance affective intense est encore présente, mais cette fois, fondée sur ce que certains thérapeutes appellent "l’échange des dissociations". Une expression qui signifie que l’on rencontre parfois un amoureux avec des problèmes colossaux, qui est plus faible que soi et qui, en fait, possède les mêmes difficultés que les nôtres, mais beaucoup plus évidentes. Un homme qui, en quelque sorte, endosse nos propres failles et nous donne l’impression d’être très forte. C’est le cas, par exemple, des femmes qui passent leur vie de couple à entretenir un mari alcoolique, dépressif ou drogué pour l’aider à sortir du cercle vicieux de la maladie.
Par amour aussi, des femmes se laissent piétiner croyant que pour préserver leur conjoint et un semblant de vie de couple, elles ne peuvent que se soumettre à la volonté du plus fort. Ces éternelles soumises même quand elles se plaignent de la violence et de la brutalité de leurs époux ne peuvent pas rompre le cercle vicieux de la soumission.
L’amour marque donc profondément notre relation avec l’autre, mais c’est la manière avec laquelle nous le vivons qui détermine la nature de notre relation. Ce sentiment qui nous aveugle parfois ne doit aucunement nous pousser à nous effacer et nous abandonner au profit de l’autre. Pour que l’amour reste un formidable moteur, qu’il nous amène à nous dépasser sans nous abandonner, à donner beaucoup de nous-même en gardant notre autonomie, faisons mentir l’adage "l’amour est aveugle". Mais restons vigilant, conscient et lucide sur ce qui est bon pour nous quand notre cœur commence à éprouver un sentiment aussi beau comme l’amour.
Par : d. soltani