Malgré les efforts des services forestiers pour renforcer la participation communautaire en vue d’une exploitation rationnelle et judicieuse, les sous-produits de la forêt d’El-Tarf demeurent exploités d’une "manière traditionnelle".
«L’objectif visé à court terme par le renforcement des capacités communautaires consiste à assurer une gestion durable des ressources naturelles, notamment des sous-produits forestiers, avec une valorisation du savoir-faire local", a souligné le conservateur des forêts de cette wilaya. Ainsi, l’exploitation des baies de lentisques, faisant partie du cortège floristique des groupements d’oléastres, pour en extraire "l’huile essentielle", produit d’une grande valeur médicinale, onéreux et à haute valeur marchande, se fait toujours d’une manière traditionnelle, donc peu rentable. Les petites quantités extraites de ce produit sont souvent stockées pour un usage familial et quelquefois offertes ou péniblement vendues sur le marché, même si leur cueillette et l’extraction de leurs huiles essentielles exigent un grand effort physique, rendant cette activité difficile et peu rentable. D’où, selon le conservateur des forêts, "la nécessité de trouver des moyens à même de concilier l’exploitation et la gestion de cette ressource naturelle et sa rentabilité, notamment du point de vue socioéconomique". Le même responsable a ajouté que pour valoriser cette ressource avec, à la clé, une amélioration des conditions de vie des populations qui en tirent profit, le projet intitulé "Renforcement des capacités pour la participation communautaire à la gestion du parc national d’El-Kala", clôturé récemment, a fourni, à titre expérimental, des broyeurs et des ustensiles de cuisine au profit de 19 familles de "la mechta Haddada" pour une mise en place de nouvelles techniques de récolte et d’extraction de ce produit. Parmi les sous-produits forestiers que recèle cette région, existent aussi la bruyère ainsi que des plantes médicinales et cosmétiques. La bruyère, essence "fidèle" du cortège floristique des forêts de chêne-liège, est omniprésente dans tous ces peuplements, soit sur une superficie exploitable de plus de 40 mille hectares. Eu égard au cycle relativement court de la régénération de la bruyère, cette superficie peut assurer une possibilité d’exploitation de 10 mille ha par an. Outre les pipes et les cendriers traditionnellement produits par des unités de fabrication, dont une activait à El-Kala mais fermée depuis plusieurs années par manque de financement et de main-d’œuvre qualifiée, la bruyère peut servir également à la fabrication d’une infinité de bibelots et d’autres objets de décoration.
Les plantes ligneuses herbacées font également partie de ce cortège
floristique, et nombreuses sont celles qui renferment des substances d’un intérêt certain pour les cosmétiques et l’industrie pharmaceutique avec d’énormes possibilités de production pouvant subvenir aussi bien à l’alambic ambulant qu’à ceux de la distillerie à capacités déterminées. La lavande est l’une de ces plantes ligneuses qui autrefois étaient utilisées par les Romains pour parfumer leur bain et embaumer le linge fraîchement lavé. Elle est également très répandue dans le sous-bois forestier de la wilaya d’El-Tarf. Le sous-bois est également composé d’une multitude de produits tels que l’arbousier, le myrte, le thym et autres romarin et glands de chêne, ainsi que des plantes mellifères pouvant attirer des investissements pour une exploitation
judicieuse, rationnelle de cette richesse encore méconnue. "Cela contribuerait aussi, ce qui ne gâte rien, à mettre un terme à la dégradation de l’écosystème forestier", a conclu le responsable local du secteur des forêts.