Les week-ends, mais pas seulement, de longs cortèges soutenus par des concerts assourdissants de klaxons et de vuvuzelas (!), les relents de la Coupe du monde de football aidant, sillonnent les principales avenues de la cité littorale qui semble étouffer avec les renforts des véhicules des estivants.
La saison estivale se confond, à Jijel comme ailleurs, avec celles des mariages, dont les cérémonies, marquées par d’interminables cortèges, rivalisent de faste, dopées par les visites familiales, notamment celles d’Algériens résidant à l’étranger.
L’"aubaine" de cet été aura été la mise en service d’une liaison aérienne hebdomadaire entre Jijel et des villes françaises qui a permis, pour les deux premières rotations, de débarquer quelque 500 familles vivant dans différentes agglomérations outre-Méditerranée. La mairie de Jijel, place de la République, l’immeuble blanc que scrute à longueur d’année le regard impassible du "pêcheur statufié", est empli, depuis quelques semaines, de couples défilant régulièrement pour la signature du sacro-saint acte de mariage.
L’officier chargé du cérémonial est parfois dépassé par le nombre de couples de tourtereaux, une vingtaine par jour, désirant sceller leur union, accompagnés de témoins et de parents, après que l’Imam eut prononcé la "Fatiha" bénissant les futurs époux.
Les week-ends, mais pas seulement, de longs cortèges soutenus par des concerts assourdissants de klaxons et de vuvuzelas (!), les relents de la Coupe du monde de football aidant, sillonnent les principales avenues de la cité littorale qui semble étouffer avec les renforts des véhicules des estivants. La tradition jijelienne veut que le nouveau marié asperge de parfum le cortège nuptial. Des virées le long de la plage du Casino et parfois au port de Boudis sont de mise pour annoncer en grandes pompes le mariage d’untel.
Il arrive parfois que des nouveaux mariés prennent une limousine digne d’une superproduction hollywoodienne pour la circonstance. Le convoi fait ainsi le tour de la ville, sous les yeux ébahis du citoyen lambda, habitué à croiser des voitures banales, enguirlandées, à la rigueur, ou des 4 x 4 bien lustrés.
A Jijel, l’on privilégie le banquet, un repas de noces réunissant le "prince du jour", costumé et cravaté comme il se doit, entouré de ses amis et qui se retrouvent dans un restaurant où la soirée se termine généralement par des chants et des danses, sur fond de DJ, jusqu’à une heure tardive. Les réjouissances familiales, plus ou moins fastueuses, ne semblent pas avoir de prix, à telle enseigne que l’argent semble "jeté par les fenêtres", car on se permet toutes les largesses, de peur, probablement, du qu’en dira-t-on et des habituels cancans dans les chaumières. La mode est à la location de salles des fêtes offrant toutes les commodités, climatisation et DJ compris. Cette pratique, jadis réservée aux plus nantis, est aujourd’hui très en vogue dans cette cité côtière. Mais se marier, ça coûte combien ? Quel que soit le budget arrêté préalablement, il est sans cesse prouvé qu’il est toujours largement dépassé. Habillement, accessoires, esthétique, décoration, location de lieux, animation, photos, repas, boissons, voyage de noces pour les plus chanceux, sans compter d’autres "vétilles".
Cela donne une idée du nombre vertigineux de zéros figurant, à l’arrivée, dans le budget pour pouvoir convoler en justes noces, sachant pertinemment la cherté de la vie. A moins d’un mois du Ramadhan, les prétendants au mariage font face à une vraie course contre la montre, même si la rupture temporaire provoquée par le mois de jeûne sera de courte durée, puisque les mariages reprendront de plus belle, juste après. Les estivants à la recherche d’animation, dans l’antique Igilgili, seront servis, parfois jusqu’à l’overdose.
APS