A Redjas, les chômeurs sont de plus en plus nombreux même s’ils sont pour la plupart des diplômés universitaires, ils ne cessent de courir vainement d’une administration à l’autre pour un éventuel recrutement...
A Redjas, le chef-lieu de la commune de Oued Endja, la malvie et le chômage se conjuguent au quotidien, le chômage est roi, chercher du travail ou en trouver à Redjas, c’est chercher une épingle dans une botte de foin.
Récemment plusieurs jeunes et moins jeunes ont été recrutés dans le cadre du préemploi et touchent des «pensions» de 12.000 dinars. Le jour de paye, ils se font plaisir par l’achat de vêtements neufs et font plaisir aux parents, sœurs et frères par l’achat de fruits, légumes et viandes, ils font la fête à leur manière. Les jeunes ne demandent qu’à être utiles, malheureusement l’absence d’emplois les oblige, oisiveté aidant, à plonger dans les affres de la délinquance et de tous les vices malgré eux. A Redjas, les chômeurs se font très nombreux et sont pour la plupart des diplômés universitaires, ils ne cessent de courir d’une administration à une autre pour un éventuel recrutement mais sans succès. A défaut d’emplois permanents, ils se contentent de filet social et d’emploi de jeunes en attendant des jours meilleurs. Et comme ces postes d’emploi temporaires sont limités, la compensation est minime, aussi heureux sont ceux qui décrochent le ticket gagnant.
Cafés et promenades à travers les artères de la ville sont le passe- temps favori de ces chômeurs d’un genre nouveau (instruits et diplômés), ils se résignent à leur sort. Certains travaillent comme vendeurs dans des magasins ou comme receveurs dans des bus pour des salaires de misère, ils ne touchent même pas la moitié du Snmg, c’est à prendre ou à laisser, les privés ne plaisantent pas avec le fric et le pire, c’est qu’ils ne sont même pas assurés.
Beaucoup de jeunes ont quitté Redjas pour se rendre sous d’autres cieux (Alger, Annaba, Skikda, Tizi-Ouzou...) et y travaillent comme manœuvres, maçons, peintres… chez des privés, ils dorment dans des hammams ou dans des villas en construction (lieux de leur travail), se nourrissent de repas froids ou de sandwiches. Ils regrettent amèrement d’avoir suivi des études supérieures et d’avoir perdu leur temps sur les bancs des écoles, collèges, lycées et universités pour ne récolter que souffrance et peine.
«Ne me parlez surtout pas de mes diplômes, les miens je les ai accrochés à un clou dans ma chambre car ils ne m’ont jamais servi à rien» nous confiera Ali, devenu par la force du chômage un maçon émérite. A Redjas, les années se suivent et se ressemblent pour la plupart des jeunes, seule leur exil vers d’autres villes leur permet de pouvoir subvenir à leurs besoins, ceux qui ne partent pas finissent trop souvent par s’éloigner du droit chemin au grand dam de cette ville connue pour son calme légendaire.