Des mythiques « Idhebalen » au disc-jockey, les fêtes de mariage dans les villages kabyles se sont entièrement métamorphosées. Il ne reste du charme des fêtes d’antan qu’un vague souvenir.
Le mois en cours a battu tous les records en matière d’organisation de fêtes de mariage dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Le mois de ramadan, qui est à nos portes, a contraint l’ensemble des futurs époux et leurs familles à programmer leurs fêtes en ce mois. Toutefois, il a été constaté que, de plus en plus, les fêtes de mariage ne se font plus conformément aux traditions d’antan.
Il n’y a pas si longtemps, les fêtes de mariage dans toute la wilaya de Tizi-Ouzou duraient deux journées entières, en plus d’une soirée qui durait généralement jusqu’à l’aube. Actuellement, la quasi-totalité des cérémonies ne dépassent pas l’espace d’un après-midi. Même les soirées festives ont été supprimées du calendrier. Certains évoquent des raisons économiques pour justifier ce changement radical et cet abandon total des traditions. Mais cet argument ne tient pas vraiment la route, du moins quand il est évoqué seul. Lorsqu’on n’ignore pas les prix pratiqués par les salles de fête, on se demanderait légitimement si c’est dans l’intention de faire des économies que les familles ont recours à ces infrastructures. C’est plutôt afin d’éviter le gaspillage de beaucoup d’énergie inutilement que cette solution est adoptée. Une fête qui se tient à la maison entraîne la mobilisation générale de tous les membres de la famille et ce, pendant des jours avant le jour J. Par contre, lorsque la fête est abritée dans une salle, il suffit de payer et tout est servi sur un plateau d’argent le jour du mariage. Les avantages d’une salle de fête sont certes évidents, mais il n’en demeure pas moins que ses inconvénients sont innombrables. On pourrait citer d’abord le charme de la fête qui disparait du décor. La fête était une occasion pour que les membres de la grande famille et des amis se retrouvent non seulement autour d’un couscous, mais aussi autour d’une orchestration ou d’une troupe de chant folklorique « Idhebalen » pour passer d’agréables moments. La fête était aussi l’occasion pour les jeunes célibataires de faire connaissance et finir par convoler, à leur tour, en justes noces. Ce n’est désormais plus possible puisque dans les salles de fête, généralement, il n’y a plus de mixité bien qu’il s’agisse de membres d’une même famille. Le disc-jockey a remplacé les artistes d’antan et les « idebalen ». Dans les salles des fêtes, ce ne sont que les femmes qui ouvrent droit à la danse tandis que les hommes sont contraints de patienter durant tout l’après-midi à l’extérieur, souvent sous un soleil de plomb. Même si le phénomène des salles de fêtes et des disc-jockeys tend à se généraliser, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore des régions entières où l’ambiance des fêtes des temps anciens n’a pris aucune ride. L’exemple de la région de Ouaguenoun est édifiant à cet effet. Dans cette partie de la Kabylie, même cette année, la majorité des fêtes ayant eu lieu ont été agrémentées par la présence des « Idebalen » et se sont déroulées dans les domiciles du marié et de la mariée. Il faut reconnaitre que seuls les familles aisées peuvent se permettre une paire de troupes traditionnelles car ces dernières exigent de plus en plus une rémunération conséquente qui peut aller jusqu’à 40 mille dinars. Tandis que le disc-jockey peut être loué à 4 mille dinars pour toute la soirée.
Le 11 août, les fêtes de mariage ne marqueront qu’une halte d’un mois puisque de nombreuses familles de la wilaya ont prévu de célébrer des mariages juste après la fête de l’Aid el-Fitr.