Les secteurs des travaux publics, de l’hydraulique et de l’habitat ont connu un développement appréciable au cours de ces dix dernières années.
La demande des grands chantiers ouverts à travers l’ensemble de la wilaya de Chlef en matière d’agrégats et de matériaux de construction a conséquemment enregistré une croissance constante au cours de la même période. Cette demande va progresser d’une manière significative avec le lancement du plan quinquennal 2010-2014, où des milliers de logements vont être réalisés. Il faut dire que la région regorge de sites qui se prêtent parfaitement à l’exploitation de carrières d’agrégats, la production de sable concassé, de calcaires pour ciment, de calcaire pour chaux et à l’extraction de la pierre de taille. Les études de prospection effectuées par les pouvoirs publics ont mis au jour des matières premières de très bonne qualité et en grandes quantités. Il existe à ce jour 35 carrières en exploitation, dont 17 de calcaire, 6 d’argile, une seule pour le gypse, 3 pour le tuf et 8 autres pour le sable. Cependant, si cette filière prometteuse est rentable pour les exploitants des carrières, elle est également indispensable à l’achèvement des importants programmes d’habitat et d’infrastructures de base, et il n’en demeure pas moins que ces carrières d’agrégats sont décriées par les citoyens. Méconnaissantes, en général, des règles régissant l’exploitation minière, les populations et les associations locales n’y voient que les inconvénients et les désagréments. A titre d’exemple, on signale des pétitions un peu partout à travers la wilaya, à l’image des habitants des localités de Dhamnia, Ouled Ben Arbia, Boukaât Bouhdjar, Sidi-Mérouane (Ténès)… En effet, il existerait deux types de nuisances liées à l’exploitation d’une carrière. D’une part, ce sont les bruits, les vibrations et la poussière et de l’autre, la transformation de l’espace, la modification du paysage, la mise en péril des équilibres naturels, y compris la disparation de la faune. A ce sujet, l’exemple le plus édifiant est celui de l’aigle royal qui, jadis, trouvait refuge dans le mont de Sidi-Mérouane à Ténès et dont la présence dans les airs, depuis quelque temps, est de moins en moins visible, à cela s’ajoute la paysage qui est complètement "défiguré" par l’extraction des gravats. Et pourtant, il faut bien trouver les matériaux pour achever les différents projets tant attendus par ces mêmes populations. Par ailleurs, dans son approche du problème, la Direction des mines et de l’industrie (DMI) se veut, à ce titre, très rassurante à l’adresse des administrés et des assemblées locales. Elle rappelle, à chaque fois, la rigueur des cahiers des charges sur les questions de l’environnement et de la sécurité des périmètres environnants, en mettant l’accent sur le développement des techniques qui, aujourd’hui, réduisent les risques au minimum. Dans son plaidoyer, le premier responsable du département de l’industrie et des mines à Chlef expose constamment l’importance socio-économique de son secteur, «notamment dans cette phase de relance économique pour rattraper les retards enregistrés dans l’achèvement des programmes de travaux publics et d’habitat, ainsi que le manque à gagner en matière de création d’emplois», tient-il à préciser. Il est fondamentalement question de concilier le développement économique et la sauvegarde de l’environnement. Le challenge exige, en effet, et l’implication et la consultation de toutes les parties est indispensable. Et ce sont toutes ces parties qui doivent bénéficier, en priorité, de ce genre de projets. Toutefois, il nous paraît impensable que seule une étude d’impact, réalisée dans le cadre des procédures réglementaires permettant d’évaluer les incidences de l’exploitation d’une carrière sur l’environnement et de définir les mesures à mettre en place, pourrait concilier carrières et protection du milieu.