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Ighil-Ali, un joyau en péril
Histoire brève du bled
10 Août 2010

Aujourd’hui Ighil Ali n’est pas mieux nanti que ses pairs à l’échelle de la wilaya ou même en dehors. Elle n’est pas mieux nantie que Guendouze par exemple, commune issue du dernier découpage administratif. Même hissée au rang de chef-lieu de daïra, ce n’est que structures mortes.

Situé non loin de la Kalaâ des Ath Abbas, laquelle Kalaâ domine aussi la zone berbérophone de la wilaya de Bordj Bou-Arreridj, Ighil -Ali de la wilaya de Béjaïa fut jadis un caïdat (territoire gouverné par un caïd) jusqu’en 1946 sous la coupe du Caïd El-Hocine puis un centre municipal regroupant beaucoup de villages avoisinants selon la réglementation de l’époque. En 1956 une méga-commune vit le jour au douar «Mouka».
Dans cette commune assez ancienne d’Ighil-Ali, le pays des Amrouche - Marguerite Taos-Jean El Mouhouv et d’autres, les Pères blancs sont venus s’installer en 1884 suivis des sœurs blanches tout de suite après voulant ramener la population autochtone à leur religion. Malgré cette « étiquette » collée à cette contrée, la traitant de village chrétien depuis tous les temps, il y a lieu de signaler que seuls quatre ou cinq ménages se sont convertis au christianisme depuis toutes les époques d’évangélisation à nos jours. Ighil-Ali a vu sa première école, qui a connu Malek Ouari, ouvrir ses portes en 1915 et l’électricité y est arrivée au village les années 30 ainsi que le télégraphe et le téléphone. Le palmarès de cette école serait intéressant à consulter. Tour à tour ce joyau a connu prospérité et déclin et ce dernier semble avoir la peau dure et très bien tenir en durant dans le temps.
Prospérité des Ath-Abbas (nom donné aux habitants de cette région) lorsque le génie était partout. Des bijoutiers, des charpentiers, des armuriers en passant par les vanniers, les oleifacteurs, les tisserands, les forgerons et d’autres artisans de tous genres ont eu à marquer l’épopée de cette localité. C’est de cette partie de la Basse Kabylie, semble-t-il, qu’estpartie selon certains indices et récits, le métier de bijoutier d’argent pour s’installer et s’ancrer à Ath Yenni en Haute Kabylie. Ce qui mérite recherches et vérifications par les spécialistes en la matière. Dans un autre volet, le culturel, les vieux ayant bonne mémoire parlent de «Taâbast» pour citer et décrire une méthode de «t’ babla» qui se rapporte à une composition de la troupe et sa manière de travailler typique aux «Ath-Abbas». Déclin de cette contrée. Cela fut d’abord en 1871 par la révolution du valeureux « Cheikh Aheddad». Le soulèvement populaire a fait de nombreux dégâts en tous genres. Ceci alla se propager tantôt et s’atténuer quelque peu parfois par petite doses. Le rythme allait décroissant jusqu’au déclenchement de la Guerre de Libération. Aujourd’hui Ighil Ali n’est pas mieux nanti que ses pairs à l’échelle de la wilaya ou même en dehors. Elle n’est pas mieux nantie que Guendouze par exemple, commune issue du dernier découpage administratif. Même hissée au rang de chef-lieu de daïra et traversée par la Route nationale numéro 106, ce n’est que structures mortes. Sans trop de programmes spécifiques à des collectivités de montagne, Ighil Ali ne possède pour l’instant que ce qui existe depuis des lustres. La santé. Toutes les infrastructures de santé se résument en une polyclinique cadavérique. L’éducation et la formation sont à l’image du reste. L’économie et l’artisanat sont les parents pauvres et les habitants de la région ne font que rêver de cela même si c’est les secteurs qui ont porté très haut l’étendard des « Ath Abbas », mais qui de nos jours sont en phase de péricliter pour plusieurs causes et principalement le manque de relève. « Qui de nos jours, parmi nos enfants, pourra supporter les péripéties de l’apprentissage » dira Ammi Belaid un octogénaire. Ajouter à cela le manque de débouchés commerciaux pour les produits artisanaux finis qui font le bonheur de leurs auteurs sous d’autres cieux. Le culte et la culture. Une maison de jeunes construite le long de la Route nationale 106 traversant le village porte le nom de feu -Mouloud Kassem Nait Belkassem- car il est un fils de la commune et est né à Belayel. Cet homme d’État, polyglotte maîtrisant plus de sept langues et en ont parlant au moins une dizaine a laissé son nom sur le fronton de cette maison lugubre dans laquelle ne sont organisées que les fêtes dites officielles. Une mosquée veille sur la cité et toutes les prières y sont faites dans l’attente de jours meilleurs ou du retour du bon vieux temps. Ainsi « Ath Abbas » espére redorer son blason.

Par : Lounis Ou Si Amer

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