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Casbah de Dellys (Boumerdes)
Un patrimoine en péril
28 Septembre 2009

Le plus ancien patrimoine national d’Algérie se trouve actuellement dans un état déplorable. La Casbah de Dellys, située à l’extrême est de la wilaya de Boumerdès, serait fondée, selon les historiens, par Moez Addouala Ben Samada aux environs de 1068, elle continue de subir les aléas de temps.

Secouée la première fois par un violent séisme vers l’an 42 avant J.C, puis dévastée par le dernier tremblement de terre qui a frappé toute la région de Boumerdès en 2003, la ville a perdu son charme d’antan. Des murailles et des vestiges ont été détruits sans qu’aucune opération de restauration ait été opérée. D’ailleurs, des associations de protection de patrimoine culturel locales ont dénoncé les opérations précédentes de restauration de la Casbah. Elles tirent la sonnette d’alarme et expriment leur mécontentement quant à la qualité des travaux engagés au niveau de la vieille Casbah. L’association pour la préservation de la Casbah de Dellys a, dans un passé récent, exprimé ses inquiétudes du fait que les entreprises retenues pour ces travaux ne sont pas qualifiées. Faut-il le rappeler, ces travaux ont été lancés dans le cadre du plan permanent de préservation et de restauration de la Casbah de Dellys, élaboré par le ministère de la Culture en 2007. Ce plan, qui s’étala sur une durée de 14 mois et qui a coûté au Trésor la bagatelle de 100 millions DA et une rallonge de 65 millions DA, semble ne pas atteindre l’objectif escompté. Car les entreprises choisies ne sont, selon des spécialistes, pas spécialisées dans la restauration de ce genre de bâtisses. Dans ce cas, comment des entreprises non qualifiées et non spécialisées peuvent-elles décrocher de tels marchés ? Et sur quelle base a-t-on choisi ces entreprises ?
En somme, l’ancienne Casbah se fragilise au grand dam des Dellyssiens et l’on assiste passivement à la dévastation d’une mémoire de tout un peuple. Les propos des spécialistes en la matière, ceux d’un docteur en préhistoire, en l’occurrence Yasmina Chaid-Saoudi, sont d’une importance inégalée : « La Casbah de Dellys ne ressemble pas à n’importe quelle Casbah, car, selon le docteur, elle est la sédimentation d’innombrables acquis thésaurisés à travers l’histoire, elle est, ajoute la spécialiste en préhistoire, punico-romaine par sa muraille, andalouse par ses ryads, ottomane par ses mouchrabiyate, méditerranéenne par son atrium et, enfin berbère par son étable au corps de la maison, par son substrat et surtout parce qu’elle est la sirène de Djurdjura.»
La casbah de Dellys aura été phénicienne (carthaginoise) quand elle portait le nom Rusuccuru (cap de poisson), berbère, arabe, romaine où elle fût nommée Adyma ou encore Tadless à l’ère d’Ibn Khaldoun. Cette ville ancienne a subi les affres des colonisateurs. Selon les historiens, elle fut divisée en deux parties, la basse Casbah et la haute Casbah. L’ancien Rusuccuru se dresse sur une hauteur de 27 mètres au-dessus de la mer. Elle s’étend sur une superficie de 16 hectares : 9 ha pour l’unique haute Casbah et 7 ha pour la basse Casbah. A l’arrivée de l’armée française dans la région, avec eux les colons, ils détruisirent plusieurs monuments et habitations, notamment la mosquée où l’Emir Abdelkader séjourna en 1839. Cette mosquée fut converti par la suite en hôpital militaire.
En outre, la Casbah de Dellys comptait plusieurs bâtisses qui dépassaient, selon les informations recueillies 1.000 maisons. Des forts, des mausolées, fontaines qui auraient construites dans la majorité d’entres elles à l’époque ottomane, des fours et des hammams qui sont tous entourés de la grande muraille. L’ancienne Casbah aurait eu quatre portes principales, Bab El Bahr, Bab El Djiyad, Bab El Djenan et enfin Bab Essour. Par ailleurs, il convient de signaler que la casbah de Dellys a été classée patrimoine culturel national protégé en 2005. Faut-il attendre encore que ce patrimoine disparaisse pour que les autorités publiques daignent lancer une opération de restauration d’envergure afin d’éviter un péril certain de toute une mémoire d’un peuple.

Par : Tahar Ounas

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