Les vacances d’hiver ne sont pas synonyme de repos pour tous les élèves. loin s’en faut. En effet beaucoup trop d’entre eux profitent de cet arrêt des cours pour travailler. On ne dénoncera jamais assez cet état de faits, qui s’apparente à une exploitation pure et simple, puisque ceux qui expoitent ces enfants les font travailler comme des adultes,mais sans pour autant leur offrir le salaire qu’auraient exigé des personnes dans la pleine force de l’âge. Ainsi en dehors des petits boulots, dont la vente de pain-maison, fruits et légumes, dénoncés d’ailleurs dans ces mêmes colonnes, certains commerçants, sans scrupules, profitent de la disponibilité de ces innocents et surtout de leur désir de gagner quelque sous pour aider leurs parents ou pouvoir s’offrir un article fortement désiré, pour les exploiter sans vergogne aucune. « La réalité est là et s’impose cruellement à nous, le recrutement des enfants est strictement interdit, mais cela n’empêche nullement certains de les faire travailler au même titre que des adultes. Ce travail trop précoce influe négativement sur le développement psychologique de l’enfant et arrive même parfois à leur faire abandonner les bancs de l’école pour un avenir incertain » déplore un enseignant. En effet le chiffre des enfants qui finissent par abandonner l’école pour investir le monde du travail est effrayant nonobstant les mesures drastiques mises en place par le ministère de l’Éducation pour pallier cela. Des parents inconscients ou pris dans l’engrenage de la précarité sont parfois soulagés de voir ces enfants se prendre en charge et lutter pour une place au soleil qui devrait leur être assurée par ceux-là même qui les exploitent. « Le problème du travail des enfants est réel et il ne faut pas l’occulter, notre société, dont c’est le rôle, ne protège pas ces enfants qui n’ont pas la chance de profiter de leur enfance. En qualité de père mon cœur saigne de voir ces enfants se comporter et tenir un langage d’adulte et leur voir des regards d’adultes calculateurs et froids. Nous en sommes tous un peu responsables », nous dit un père de famille accompagnée de sa petite famille. Notre interlocuteur ajoute après un court silence ému :
« C’est l’absence de contrôle qui a mené à ces situations déplorables. Le recrutement de ces enfants par des commerçants sans scrupules ne devrait jamais avoir lieu pour peu que l’on se donne la peine d’effectuer des contrôles réguliers. Cela saute aux yeux que les enfants sont de plus en plus nombreux au sein des commerces ». Il y a bien des enfants qui aident leurs parents, mais cela se fait à l’occasion et ressemble presque à un jeu pour eux, puisqu’il n’y a aucune contrainte, et qu’ils jouent simplement au marchand. Contrairement à leurs petits camarades qui travaillent dans des conditions très difficiles sous la houlette d’adultes qui sont trop heureux d’avoir cette main d’œuvre à bon marché. « Vu la cherté de la vie, et l’érosion du pouvoir d’achat, on est obligé d’envoyer notre enfant vendre le pain que je prépare moi-même » nous avoue timidement une dame abordée au niveau de Bab el-Oued en compagnie de son enfant. Le drame du travail des enfants, en dehors du fait qu’il les éloigne dans la plupart des cas des écoles, c’est qu’il les force de plus à côtoyer des personnes parfois peu recommandables. Ces personnes influent sur leur devenir vu que leur éducation est loin d’être terminée et qu’ils sont à l’âge où ils ont le plus besoin de la chaleur et la protection d’un foyer. Quel avenir pour ces enfants dont l’enfance a été confisquée pour des raisons purement mercantiles.