Un peu plus de 14h, les passagers s’installent à bord du bus vide en direction de Ain-Taya qui vient juste de s’arrêter au niveau de l’arrêt des bus de Lafarge. Les passagers amorphes attendant sous un soleil de plomb sans aucun endroit pour s’abriter, grimpent péniblement prennent place et le bus s’ébranle pour un interminable trajet ponctué d’arrêts tous les deux à troix kilomètres. Très vite il finit par se remplir au point que les usagers sont contraints à une proximité à haut risque en ce jour de jeûne caniculaire. Des adolescents, montés en groupe, frimaient riant à gorge déployée, sous le regard renfrogné des passagers. Peu avant le barrage de police érigé au niveau de la station Faizi, l’incident prévisible éclate entre deux usagers, l’un accusant l’autre de le ... frôler à chaque secousse. Le «frôleur» contrit s’exuse, mais loin d’être satisfait l’offensé renchérit en gesticulant, «redjla» oblige, son antagoniste se sent obligé de lui enjoindre d’un air courroucé «d’éviter de parler avec les mains», il n’a pas fini sa phrase qu’il reçoit un uppercut qui le propulse carrément sur le pare- brise, sonné un moment il s’ébroue et se jette aussitôt sur le boxeur, il tombent tous les deux sur le chauffeur, (la scène s’est passée juste derrière le conducteur). Les passagers du bus tentent de les séparer mais ne font qu’agraver la situation créant une mélée indescriptible, le bus commence à faire des embardées, le chauffeur étant aveuglée par la marée humaire grouillant sur lui. Le receveur aidé de quelques passagers arrive à déméler l’écheveau de têtes, bras et jambes, on s’y prend à plus de vingt personnes, chauffeur compris, pour faire descendre l’un des duellistes. Il veut bien descendre mais pas tout seul, n’ayant pas assouvi sa rage. On ferme les portes, mais avant que le chauffeur n’ait pu reprendre sa place, le forcené s’installe en travers de son chemin et commence à caillasser le bus en vociférant des obscénités, le rétroviseur vole en éclats, les femmes se réfugient à l’arrière du bus, les «hommes descendent pour tenter de le maîtriser. Il faudra l’intervention de la gendarmerie pour mettre fin à la bagarre rangée, les gendarmes ont eu peine à croire qu’il s’agissait d’un simple incident entre «deux» passagers, au vue du nombre de bosses, blessures, pulls et chemises en lambeaux... 16h passées, le bus a enfin pu reprendre sa route, les rescapés, cette fois-ci bien réveillés, avaient un sujet de discussion tout trouvé pour le reste d’une journée de jeûne comme les autres.