Ces SDF, squattant différents endroits à travers la capitale, viennent de différents horizons et traînent, parfois, derrière eux un paquetage aussi pesant que le dur parcours les ayant mené à cette déchéance.
Les rues de la capitale grouillent, ces quelques dernières années, de personnes sans domicile fixe (SDF). Hommes, femmes, malades mentaux, handicapés et même des familles entières sont là à la rue sans ressources ni toit pour s’abriter. La situation insoutenable que vivent ces personnes qui peut-être avant avaient leurs se trouve aggravée par l’arrivée du mauvais temps qui est loin d’être tendre avec ces malheureux. On les retrouve recroquevillés sur eux-mêmes à chaque coin de rue, souvent avec pour literie des cartons de récupération impuissants pour lutter contre le groid des interminables nuits glaciales. Leur nourriture, ils la cherchent dans les décharges publiques sous le regard indifférents des passant, eux-mêmes confrontés aux dures réalités d’un quotidien loin d’être aussi simple. Ces SDF, viennent de différents horizons et ont, parfois, avec eux un paquetage aussi pesant que le parcours les ayant mené à cette déchéance. Les personnes d’un certain âge affirment que ce phénomène était moin d’être aussi répandu avant, les quelques héres qui erraient dans les rues ne manquaient de rien les riverains se chargeant toujours de leur offrir un bol de soupe chaude, couverture et vêtements chauds. Aujourd’hui ils sont partout et personne ne fait même plus attention à eux. Les équipes du Croissant-Rouge ne peuvent pas faire grand-chose face à cette immense misère qui se répand à travers les artères de la ville. Lyes, 29 ans est originaire d’Oran, il "vit" dans la rue depuis plus de 19 longues années. Il nous narre son histoire qui peut être celle de centaines d’autres. L’éclatement de la cellule familiale, le remariage de l’un ou l’autre des parents et enfin l’irresistible dégringolade vers les enfers. Lyes nous dira : « Mes parents ont divorcé alors que j’avais 10 ans. Je suis resté avec ma mère qui n’a pas tardé à se remarier, la vie est devenue intenable après cela. Je n’arrivais même plus à suivre mes cours. En définitive cette situation m’a finalement poussé à quitter les bancs de l’école avant de, petit à petit, découvrir la rue, dormir à la belle étoile et se sentir déchargé de tout souci ». Lyes pousse un profond soupir avant de poursuivre : « Aujourd’hui je n’ai aucune perspective d’avenir, pas de diplôme pour espérer trouver un emploi et je ne peux même pas retourner chez moi après cet échec ». Ces personnes ont vu la chance leur tourner le dos un beau jour sans crier garde et depuis que ce soit à El Biar ou à Bachdjarrah en passant par les venelles de Hassiba-Ben-Bouali, leur misère est la même, un matelas en mousse crasseux pour les plus chanceux tandis que les autres se contentent de quelques cartons pour tenter de survivre jusqu’au matin. Un père de famille occupe la cage d’escalier d’un immeuble avec sa femme et ses deux enfants en bas âge. Interrogé il nous explique d’une voix monocorde ce qui l’a mené à cette précarité : « Je louais un appartement dans ce même immeuble, n’arrivant plus à payer mon loyer après m’être retrouvé au chômage le propriétaire m’a mis dehors sans préalables et comme vous le voyez cette cage d’escalier est devenu notre unique refuge ».
Les histoires comme celles-ci sont malheureusement légion. On aurait pu passer la journée à arpenter les rues et écouter ces dizaines de personnes narrer leur misère tout en avouant notre impuissance à leur venir en aide. Mais nous tenons encore à cultiver un semblant d’espoir que viendra enfin un jour où ces déracinés auront enfin la vie décente à laquelle peut prétendre tout citoyen algérien.