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Commune des Eucalyptus à Alger
Une localité qui peine à amorcer son essor
10 Octobre 2010

Hormis le centre-ville de la commune, tout semble encore mort aux Eucalyptus, à l’est d’Alger, une commune enclavée et de plus en plus isolée. Une situation qui ne peut que justifier la colère de ses citoyens qui ont eu recours, à maintes reprises, aux émeutes pour attirer l’attention des responsables sur la misère et la pauvreté dans lesquelles ils pataugent.

Le développement local de la région est encore à la traîne malgré que très nombreux sont les programmes et les projets qui ont été lancés ces dernières années. Des enveloppes importantes ont été réservées aux développement local mais la réalité montre malheureusement le contraire. La concrétisation de ces programmes demeure visiblement entravée par divers facteurs. Certes, très nombreuses sont les communes algéroises qui souffrent depuis ces derniers temps de problèmes d’enclavement, notamment avec l’absence quasi totale dans certaines localités des moyens de transport ce qu’isole de plus en plus ces régions, mais il est aussi sûr que certaines communes se distinguent plus que d’autres en matière d’enclavement, à l’image de la commune des Eucalyptus. Les projets lancés depuis ces trois dernières années sont toujours en cours de réalisation ce qui a transformé la localité en un énorme chantier ouvert, notamment dans le centre-ville, tandis que les autres quartiers sont toujours oubliés par les responsables locaux qui sont très souvent accusés par les citoyens de les avoir marginalisés et exclus des programmes de développement. Malgré que ladite commune possède d’énormes potentiels de progrès, elle demeure aujourd’hui parmi les dernières localités en matière d’accès aux programmes de développement. Manque de réseau d’assainissement, d’infrastructures sanitaires et éducatives, de lieux de loisirs, d’espaces verts, de moyens de transport, de logements, de gaz de ville, de travail… sont autant de causes de cet enclavement dans lequel vit cette localité. L’absence de ces commodités n’a fait qu’augmenter la colère des citoyens qui revandiquent aujourd’hui leur droit en organisant des sit-in devant les sièges de la daïra et de l’APC. «Nous n’avons absolument rien dans ce coin perdu de la capitale. Nous vivons comme des villageois en pleine ville. Les commodités de la vie courante n’existent pas, à part dans certains quartiers du centre-ville où habitent les responsables qui, eux, ne font pas leur travail. Ils ignorent même que nous habitons ici et que nous avons besoin de conditions de vie meilleures», nous a dit un restaurateur qui se plaint des coupures d’eau répétitives. Le quartier dit Kourifa, par exemple, a connu plusieurs émeutes ces derniers mois lors desquelles les citoyens ont réclamé la réhabilitation de leur quartier. Une enveloppe de 22 milliards de centimes a été dégagée par les autorités locales pour la seule opération de bitumage des rues ; un projet qui n’a pas encore vu le jour et la situation est toujours la même. L’un des problèmes majeurs des habitants, ce sont les routes dégradées. «Les représentants de l’APC des Eucalyptus et la wilaya déléguée de Baraki nous ont promis une prise en charge. Un comité a été installé, mais nous n’y croyons pas trop», se désole un jeune. Les habitants, indignés par leur situation de laissés-pour-compte, avaient donc dénoncé la situation dans laquelle se trouve la route principale. «La route principale du quartier qui mène à l’école a été pavée de morceaux de briques, mais juste le temps des élections. C’est par là que passent chaque jour les élèves, obligés d’aller avec des bottes à l’école, notamment à l’approche de la saison d’hiver. Si ce n’est pas la boue l’hiver, c’est l’odeur de l’usine de viande blanche mitoyenne avec le quartier», déplore un père qui affirme que son paternel habite le quartier depuis 1960. Les habitants dudit quartier ont tant essayé de prendre leurs soucis quotidiens en charge mais la tâche est très lourde dans ce quartier qui compte plus de 9 mille habitants. Pourtant, des projets de travaux de réhabilitation du quartier ont été menés ces dernières années. Des réseaux d’assainissement d’AEP et de gaz ont été installés mais toujours sans suite. D’autre part, le manque, ou plutôt la régression de l’activité commerciale dans la région, surtout avec la lutte contre le commerce informel, qui n’est malheureusement pas remplacé par des projets qui offrent des opportunités d’emploi, déprime de plus en plus la jeunesse de la localité ce qui l’encourage à sombrer dans la drogue et la criminalité qui ne cessent de prendre de l’ampleur dans la région. Le grand projet des 100 locaux commerciaux qui devait normalement absorber le chômage n’est malheureusement, lui aussi, pas encore à l’ordre du jour et les jeunes citoyens doivent encore patienter. Il faut dire qu’aujourd’hui, les habitants des Eucalyptus, comme dans nombreuses autres localités de la capitale, ne se font plus d’illusion à ce sujet. Eux qui ont tant misé sur ce programme. Le retard qui a marqué la distribution de ces locaux est pour beaucoup dans l’échec de ce programme. Cette opération avait pour but d’atténuer, un tant soit peu, le taux de chômage et encourager les jeunes dotés d’une formation professionnelle à pouvoir exercer leur profession, tout en recrutant un ou deux autres chômeurs. Ces locaux leur permettent ainsi de démarrer des petites entreprises. Malgré que ce projet connaisse un grand engouement à travers l’ensemble des communes de la capitale, rares sont celles qui l’ont finalisé. Baraki, Kouba, Ouled Chbel, Rouiba, Birtouta, Zéralda et Tessala El-Merdja ont réussi à le mener à bien. D’autres communes ont rencontré certains problèmes qui ont ralenti la réalisation de ces locaux ou leur attribution. Des conditions strictes sont, en effet, dictées pour pouvoir bénéficier de ces locaux, ce qui augmente le désarroi des jeunes qui ont tellement attendu la réalisation de ce projet pour sortir du chômage, à l’instar des jeunes de la commune de Bab Ezzouar et ceux des Eucalyptus qui attendent en vain l’achèvement de leur quota qui semble trainer en longueur depuis plus de trois ans à cause du manque de professionnalisme de certaines entreprises retenues pour la réalisation et qui se sont succédé sur ce projet depuis maintenant un an. Il faut aussi noter qu’au début, ce projet a connu un grand engouement à travers l’ensemble des communes de la capitale, mais la désillusion a pris le dessus.
Force est de constater que les bénéficiaires n’ont pas été, du moins pour la plupart d’entre eux, des jeunes nécessiteux et aussi et jusqu’à aujourd’hui, aucun local n’a été accordé à qui que ce soit pour de diverses raisons, telle la découverte des faux bénéficiaires n’ouvrant pas droit à ce programme. «Il faut savoir à ce sujet que ni les modalités d’acquisition ni le profil du postulant et encore moins les critères exigés pour l’acquisition de ces locaux n’étaient clairement définis au début de la mise en œuvre de ce programme. Par conséquent, les walis ont dû attendre le décret exécutif 06-366 du 19 octobre 2006, portant création de comité de wilaya chargé de l’attribution des locaux commerciaux au profit des jeunes, pour procéder à l’installation officielle de ces commissions, avec pour mission d’étudier tous les dossiers et d’établir la liste des bénéficiaires», explique un jeune diplômé en agronomie qui a fini par abandonner après une longue attente. Autant de programmes échoués qui ont augmenté davantage la déception de la jeunesse des Eucalyptus qui ne réclament à présent que plus d’attention et de sérieux dans la concrétisation des projets de développement affin de répondre aux attentes de ces habitants algérois tant marginalisés. De leur côté, les responsables locaux ne cessent de rassurer les citoyens en leur promettant plusieurs projets visant à pousser la roue du développement et trouver des solutions rapides pour redonner de valeur à cette localité. Ouicher Abdelghani, le P/APC des Eucalyptus, a à maintes reprises rassuré que les projets de développement sont sur la bonne voie et les habitants sont appelés à patienter. «On ne peut pas mener tous les travaux à la fois. Les travaux d’installation du réseau d’assainissement ont été réceptionnés. Les habitants doivent s’en réjouir, surtout que l’appel d’offres pour le bitumage des routes de plusieurs quartiers est paru sur les journaux et certaines routes sont même en cours de réhabilitation. Mais sa concrétisation n’est pas du ressort de l’APC», rassure l’élu, en affirmant que des enveloppes importantes sont chaque année dégagées pour la seule opération de goudronnage des routes.


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