Très nombreuses sont les nouvelles cités construites ces quelques dernières années un peu partout dans la capitale qui enregistrent un manque flagrant en matière de commodités de vie et d’infrastructures de base.
Pourtant les hautes autorités du pays ont toujours insisté sur l’aménagement des nouvelles agglomérations urbaines et leur dotation en toutes les commodités nécessaires à même d’assurer le confort aux résidants. Les exemples sont très nombreux et toutes les communes de la capitale souffrent de ces manques flagrants. La cité dite les 170 logements à Houch Chaouech dans la commune d’El Achour est peut- être l’exemple le plus édifiant de ces multiples défauts dans la construction et même le concept d’urbanisation qu’adoptent aujourd’hui certaines entreprises. Appartenant à l’Office national de la promotion et la gestion immobilière, le dit quartier est dépourvu de toutes les commodités de vie nécessaires. Des routes dégradées et non aménagées, absence totale d’infrastructures de base, absence d’aires de jeux et d’espaces verts, etc. Après deux ans seulement de sa réception, la cité ressemble à première vue à une vieille cité et les locataires n’arrêtent pas de solliciter les responsables de l’OPGI qui ont pourtant promis lors de l’attribution des logements de faire de ce quartier un quartier «modèle». Mais voilà que deux ans passent et la situation est toujours la même.
De l’auto bien être à l’invivable
Mis à part l’auto bien-être que tentent de s’offrir les habitants, cette cité se transforme plutôt en «espace invivable». «Nous n’avons absolument aucune commodité de vie au sein de notre quartier qui est pourtant le patrimoine de l’OPGI qui est censé bien gérer les cités et qui n’arrête pas d’appeler les citoyens à s’organiser pour préserver leurs quartiers mais sans penser à leur assurer toutes les facilités de vie.Il faut d’abord les avoir ces infrastructures pour penser à les préserver et les entretenir», dira un représentant des habitants. Il est à noter que le cas du quartier dit 170 logements n’est pas du tout un cas isolé puisque plein d’autres cités vivent la même situation, des logement habités, sans même qu’ils soient finis. Et l’aménagement extérieur ne semble lui aussi pas être à l’ordre du jour des autorités concernées. Dans la commune de Baraki par exemple, qui a connu, en un laps de temps très court, une urbanisation effrénée et une grande extension notamment par l’arrivée des familles sinistrées issues des chalets de Fort de l’eau et d’El Harrach, récemment relogées dans la cités dite 1700 logements qui, lors de l’attribution des clés est encore une cité en chantier et jusqu’à aujourd’hui les façades de ladite cité ne sont pas peintes.
Des cités d’urgence
Plusieurs autres grandes cités y ont été construites et ont reçu, tour à tour les familles sinistrées ou encore celles habitant les bidonvilles dans le cadre de l’éradication de l’habitat précaire comme la cité des 2.400 logements qui a, quant à elle, accueilli les résidants des habitations précaires de Belcourt et Zoudj Ayoun, une cité occupée dans l’urgence, comme bon nombre de nouvelles cités par le passé, et qui elle aussi, malheureusement, na pas été équipées des commodités qui auraient dû suivre : écoles, commerces de proximité, aires de jeu, transport urbain, etc. La cité Zerhouni Mokhtar (les Bananiers), dans la commune de Mohammadia, enregistre elle aussi le manque de beaucoup de commodités de vie, dont les plus vitales : commerces, écoles et autres malgré que ce soit l’une des plus grandes cités de la commune habitée principalement par des fonctionnaires. Cette cité qui fait partie des cités de l’agence algérienne du développement de logement (AADL), ne dispose selon nombre de ses habitants pas de suffisamment d’infrastructures qui pourront faciliter le quotidien des locataires. Le transport urbain est lui aussi un des soucis majeurs des habitants de ces cités et auquel les responsables du secteur ne semblent pas accorder beaucoup d’importance. C’est le cas de plusieurs nouvelles cités notamment à Birtouta, Saoula, Souidania, Hraoua, Mehalema où des milliers d’Algérois sont livrés à eux même et sont contraints de recourir aux clandestins ou au transport universitaire pour faire leurs courses ou aller au travail. Une situation qu’on n’arrive plus à gérer. Aux Bananiers, l’inexistence d’une ligne directe de transport des voyageurs qui relierait cette cité aux stations de bus fait que les habitants parcourent, quotidiennement, des centaines de mètres à pied. Pour se déplacer, les usagers doivent aller jusqu’à l’arrêt de bus des Tamaris ou attendre sur l’autoroute le passage d’un transporteur. Il faut signaler aussi que de très nombreuses cités, à l’instar de celle de Mokhtar Zarhouni, ne sont pas dotées de crèches ou d’écoles pour mettre leurs enfants dans des classes préparatoires, un autre problème qui ne cesse de créer une «situation de monopole dont seuls les propriétaires de crèches privées en sont bénéficiaires». «L’absence du secteur public dans nos cités laissent les portes grandes ouvertes devant le privé et l’informel aussi. Inscrire son enfant dans une crèche privée revient très cher dans notre cité gérée par le secteur privé qui profite pour imposer ses règles et ses prix devant l’incapacité des parents obligés de confier leurs enfants à ces crèches à pas moins de six mille dinars le mois», nous dira une maman fonctionnaire. «Faute de choix, je suis obligé de dépenser autant pour ne pas traîner avec mon enfant et lui faire attendre des heures dans les arrêts de bus dans l’absence totale des moyens de transport», ajoute une autre. Cela sans parler de nombreux autres manques dont souffrent les Algérois habitant les nouvelles cité à l’instar de la cité 240 logements de Bouchaoui dans la commune de Chéraga qui vivent sans gaz de ville depuis plus de trois ans maintenant malgré l’existence des conduites de gaz. Ou encore la nouvelle cité de Birtouta dont les citoyens vivent continuellement dans le problème des coupures récurrentes d’eau. «Nous vivons d’une manière encore primitive et nous faisons en 2010 recours aux animaux pour transporter de l’eau des puits et des quartiers avoisinants», nous dira un habitant avant d’ajouter qu’il vivait mieux dans son bidonville.«A quoi pourrait me servir la beauté extérieure de ma cité si je ne dispose pas de commodités de vie dans mon appartement ?», s’interroge-t-il. A tout cela, il faut ajouter le manque flagrant de lieux de loisirs et de divertissement dans certaines nouvelles cités.
L’AADL à la même enseigne
Des petits enfants errent dans les rues et les chantiers pour jouer et se défouler. Il faut noter que les résidants des cités AADL sont pourtant contraints de payer les charges mensuelles contre les services d’entretien et d’aménagement «inexistants». «Nous payons des charges de services qu’on ne reçoit pourtant pas », dira un habitant dans la cité AADL de Draria encore en chantier. Il faut dire que les habitants de toutes ces cités essaient tant bien que mal de mieux gérer leur quotidien en s’organisant dans des comités de quartiers pour effectuer les travaux et améliorer leurs conditions de vie. Quant aux autres aspects, la balle est dans le camp des autorités concernées censées appliquer les instructions des hautes autorités du pays qui insistent sur l’aménagement dans les nouveaux sites d’habitation de toutes les commodités nécessaires.