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En l’absence d’entretien
Les Cimetières de la capitale se meurent
5 Septembre 2010

Les cimetières sont investis, dès la tombée de la nuit, par certains marginaux, qui s’y retrouvent pour des libations loin de tout regard. Au petit matin ils s’éclipsent, laissant sur les tombes cadavres de bouteilles de vin, détritus en tous genres qui s’accumulent en l’absence de service d’entretien.

Après la décheance des cités et quartiers entraînant une grave dégradation de l’environnement au sens large du terme, voilà que la précarité s’en prend maintenant à nos morts. En effet l’état révoltant de nos cimetières algérois ne prête guère au repos et est même une insulte au respect dû aux disparus. Ces endroits, censés être sacrés dans toute culture, sont malheureusement victimes d’un coupable délaissement de la part des autorités concernées, mais également d’actes de vandalisme et d’incivisme portant atteinte à la sacralité de ces lieux. Nous sommes à quelques jours de la fête de l’Aïd el-fitr qui est l’une des occasions exploitées par les familles pour aller se recueillir sur les tombes de leurs chers disparus. Force est de constater que l’état actuel des cimetières n’incitent nullement au recueillement. On est choqué par le spectacle épouvantable qu’offrent ces lieux de repos, et cela quel que soit le cimetière visité. Ce qui est le plus choquant, c’est que ces cimetières abritent les dépouilles d’êtres chers à nos cœurs ou encore des martyrs qui ont offert leur vie à la cause nationale et qui n’auraient jamais imaginé, que leurs dernières demeures atteindraient un tel degré de décheance.

Tombes vandalisées et multitude de décharges sauvages
Le cimetière d’El Kettar, l’un des plus anciens d’Alger, a vu le jour en 1838. Ce lieu autrefois était connu pour la sérénité qui y régnait et qui contribuait à calmer, un tant soit peu, la douleur de ceux qui venaient y enterrer un être cher et qui repartaient avec un sentiment d’apaisement engendré par la majesté des lieux placés, naguère, sous le signe du repos et de la quiétude de l’âme. Aujourd’hui la sérénité a laissé place au chaos. Des tombes sont totalement détruites tandis que d’autres ont vu leurs pierres tombales (en marbre) disparaitre et de ce fait se sont transformées, au fil du temps, en passages envahis par les mauvaises herbes. Piétiner des tombes est prohibé par l’Islam ou simplement par respect pour ceux qui y reposent, cela n’empêche que ces pratiques se sont doucement introduites et instaurées chez nous.

Des bouteilles de vin abandonnées sur les pierres tombales
Le cimetière, lieu sacré par excellence, devrait bénéficier d’en entretien régulier, des clôtures et des grilles sont également indispensables pour protéger les lieux de la dégradation résultant de cet incivisme devenu seconde nature ces dernières années. En effet les cimetières sont investis, dès la tombée de la nuit, par des marginaux, pour des libations loin de tout regard. Au petit matin il n’est pas rare de retrouver cadavres de bouteilles de vin et détritus en tous genres qui s’accumulent en l’absence de tout service d’entretien. Le cimetière d’El Alia, dans la commune de Bab Ezzouar, lui non plus n’échappe pas à ces pratiques condamnable à l’instar des autres cimetières de la capitale. Il faut dire que certains cimetières accueillent même de nos jours, des rendez-vous galants. On se demande bien où sont passés les gardiens de ces lieux et jusqu’où va continuer cette décheance.

Des lieux disputés aux morts par des... décharges
Les familles en venant se recueillir sur les tombes de leurs proches, ramènent avec elles bouteilles d’eau et chiffons pour procéder au nettoyage des tombes, rares sont celles qui ont la civilité de reprendre avec elles les bouteilles vidées ou les chiffons souillées, sans scupule autun elles les jettent n’importe où, ce qui aggrave un peu plus l’insalubrité ambiante. Au terme de notre tournée à travers certains cimetières de la capitale nous sommes arrivés à la conclusion qu’il y a véritablement urgence d’inscrire sur les tablettes des pouvoirs publics la restauration des cimetières. Il faut également prendre en considération leur saturation et le fait qu’ils soient de plus en plus disputés aux morts par des intrus et des bidonvilles. Il est réllement grand temps de penser à assainir ces lieux sacrés. Il est à rappeler à cet effet qu’une commission de wilaya a été mise en place avec pour mission l’élaboration d’un programme annuel des actions à mener pour la restauration des cent quarante et un cimetières de la capitale. Cette opération devrait concerner les cimetières les plus anciens, dont trente-quatre chrétiens et un juif. Malheureusement, depuis sa création, les activités de cette commission sont gelées pour cause d’absence d’un président.

Seules les associations de proximité...
Aujourd’hui des associations tirent la sonnette d’alarme et tentent d’intervenir avec leurs maigres moyens pour tenter de préserver ces endroits sacrés. L’association de protection des cimetières d’Alger, APCA, qui active depuis l’année 1990 a initié plusieurs programmes visant la préservation des cimetière, des actions concrètes qont également entreprises, mais sans l’aide des pouvoirs publics, ces actions restent dérisoires au regard de la tâche titanesque. Il est aussi question de sensibilisation des citoyens pour que ces derniers consacrent un peu de leur temps à cette œuvre d’utilité publique. L’APCA invite les citoyens à participer aux campagnes de désherbage, d’épierrage, d’aménagement des allées, de réaménagement qui se feront sous la tutelle d’entreprises publiques (EGPFC) ou privées. Ces actions, parviendront-elles, à éveiller les consciences, c’est l’espoir caressé par ces associations qui se battent sans relâche pour tenter de restituer leur sacralité aux sépultures.

Par : Chafika Kahlal

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