La capitale, à terme, finira par s’asphyxier, victime de sa générosité d’avoir trop ouvert ses bras à tous ceux déferlant vers ce nouvel eldorado, pourtant loin d’être doré, et croulant sous des monceaux de détritus.
L’opération de relogement, menée dans le cadre de l’éradication de l’habitat précaire, est loin d’être une partie de plaisir pour les autorités communales, loin s’en faut. En effet la grogne ne cesse d’enfler au sein des familles ayant été, de leur avis, lésées dans ces opérations de relogement. Difficile de se situer dans cette querelle de clochers. Il est certain que les autorités communales sont de bonne foi en refusant d’accorder des logements à ces familles qui auraient déjà bénéficié de l’aide de l’État. Reste maintenant les quelques probabilités que le Fichier national en matière d’aides immobilières puisse avoir mis au jour des homonymes, cela n’est pas à écarter, mais dans ce cas précis tout devrait pouvoir entrer dans l’ordre après le dépôt des documents justificatifs. Il restera donc les autres, les plus nombreux, soit ceux qui ont réellement bénéficié d’aides dans le cadre du logement rural, celui évolutif ou même de terrains ou logements sociaux, souvent ces aides sont jugées insignifiantes par leurs bénéficiaires, pour le logement évolutif (120 mille dinars), mais cela ne change rien à la donne et ces familles possède bel et bien des biens immobiliers dans d’autres wilayas et devraient se résoudre à accepter le verdict du "Fichier national".
Il y a aussi ceux qui ne veulent plus habiter avec leurs parents, même quand il s’agit d’enfant unique - ce qui est légitime en soi - mais n’entre en aucune façon dans les attributions des autorités communales. Reste les familles n’ayant pas été recensées en 2007, et donc ont érigé, loué ou acheté une baraque après cette date et donc qui ont pris le train en marche dans l’espoir de bénéficier d’un logement... nous pensons ainsi avoir cité presque la totalité des cas de figures de ces familes n’ouvrant pas droit au logement.
N’empêche que ces dernières, actuellement squattant des caves, vont finir par lasser et déjouer la vigilance des forces de l’ordre et d’autres bidonvilles finiront par voir le jour, chassez le naturel, il revient au galop…
Beaucoup de ces familles ont d’ailleurs pour vocation l’élevage du bétail, et leurs façons de vivre sont incompatibles avec les règles édictées par la vie urbaine, ces nouveaux logements, sou- loués, représentent pour eux uniquement de nouvelles sources de revenus substantiels.
L’autre précarité pudique loin des feux de la rampe
Dans cet imbroglio, il ne faut surtout pas perdre de vue que des milliers de familles algéroises continuent à vivre dans des conditions plus que précaires, pratiquement les uns sur les autres n’ayant pas eu la "bonne idée d’ériger une baraque". De ce fait et même si on aimerait bien être solidaires des familles non relogées le bon sens doit l’emporter et en aucun cas on ne saurait attribuer à "toutes" ces familles, ayant déserté leurs wilayas pour diverses raisons - légitimes ou non - des logements au détriment de familles qui attendent d’avoir un toit décent depuis des décennies, cela au prix de mille sacrifices. On ne peut "construire" la satisfaction des uns sur la frustration de milliers d’ayants-droit. Certes les bidonvilles doivent être éradiqués, mais certainement pas en relogeant leurs occupants dans des cités détournées de leur vocation première. L’autre problème qui se pose, et pas des moindres, ce sont les capacités d’accueil de la capitale, cette capitale malmenée a-t-elle les moyens de sa nouvelle politique et pourra-t-elle faire face aux besoins de ces "dorénavant" Algérois qui vont, à terme, exiger des emplois pour eux et leurs enfants, leur nouveau statut ne les autorisant plus à accepter les petits boulots dont ils se contentaient par le passé, il faut également penser aux écoles, aux hôpitaux, aux décharges... cela est loin d’être un simple détail, il n’y a qu’à regarder autour de soi. Loin de nous l’idée de dire que ce sont ces familles qui seraient source de cette insalubrité envahissante, mais force est de reconnaître qu’une ville prévue pour abriter tout au plus 500 mille personnes ne peut raisonnablement contenir huit ou neuf millions d’âmes.
La capitale menacée d’asphyxie
On aura beau construire des millions à s’asphyxier, victime de sa générosité d’avoir trop ouvert les bras à tous ceux déferlant vers ce nouvel eldorado, pourtant loin d’être doré, mais croulant sous des monceaux de détritus. Les appartements dans lesquels ont été relogés ces familles - des F2 pour la plupart - prévus pour des couples ne résisteront pas très longtemps et la précarité ne tardera pas à se réinstaller. En outre cette opération de relogement ne manquera pas de faire effet boule de neige, car il faudra compter avec ceux ayant été expulsés par leurs logeurs et qui se sont retrouvés SDF du jour au lendemain, de jeunes fiancés ne pouvant convoler en justes noces depuis des années accrochant leurs espoirs au moindre projet immobilier un simple mirage, et ne pouvant faire face aux tarifs des loyers exorbitants. Même ceux qui consacrent, actuellement, plus de 50% de leur salaire aux frais de loyers, vont finir par s’insurger et demander, eux aussi à bénéficier d’un logement, et la liste est loin d’être exhaustive sachant que la problématique du logement dans la capitale est le talon d’Achille de toutes les communes.