Il faut à tout prix procéder à l’achat des ingrédients indispensables à la préparation des plats incontournables sur la table algéroise du mois de Ramadhan, à savoir "chorba, lham lahlou et autres tadjines". Il fauf donc acheter fruits secs, épices, concentré de tomates, frik...

A quelques jours du mois de Ramadhan, période censée être dédiée à la piété et au partage, mais qui au fil des temps est devenue synonyme de consommation à outrance. Ainsi les familles algéroises se préparent activement pour l’accueillir dans les normes imposées par les normes d’une société de consommation.

Mot d’ordre acheter et encore acheter
Il suffit de faire un tour au niveau des grandes surfaces commerciales et des marchés de la capitale, pour se rendre compte de l’ampleur de ce phénomène. Des centaines de femmes ou encore des couples e bousculent deavant des rayons, bien achalandés, en raison justement de ce rush attendu et espéré chaque année. L’objectif de ces clients étant d’acheter et stocker un maximum de produits alimentaires, notamment les plus consommés durant le mois sacré. Les ingrédients des plats indispensables sur la table algéroise, à savoir la "chorba et lham lahlou", pour lesquels on achète fruits secs, épices, concentré de tomates, frik et autres cheveux d’ange. Il faut tout acheter pour ne pas se retrouver en manque d’un produit indispensable. Les Algérois, à l’approche de chaque Ramadhan, font le tour des marchés et des centres commerciaux à la recherche des prix les plus attractifs. «Je commence à préparer les provisions du Ramadhan dès le début du mois de Châbane. Cette année comme ce dernier arrive en plein été et en période de congé, j’ai pris un peu de retard et c’ est seulement à quelques jours du mois sacré que je commence les préparatifs», nous affirme une mère de famille abordée au marché de Ain Benian. Bien que les prix des produits les plus consommés durant le mois de Ramadhan commencent leur envolée, les Algérois ne sauraient en faire l’impasse pour respecter la tradition, une tradition qui peut pourtant obérer les familles, notamment celles aux modestes revenus, contraintes de s’endetter pour faire face à ces dépenses onérueses. « Nous achetons pour chaque Ramadhan de la vaisselle neuve pour accueillir les invités pendant les soirées du Ramadhan », nous dira un couple croisé à proximité d’une superette toujours à Ain Benian, occupé à acheter de la vaisselle.

De la vaiselle neuve pour le mois sacré
Il faut noter que ces quelques jours, précédant le mois sacré, sont également une occasion pour les familles de nettoyer à fond leurs intérieurs et préparer du linge de table neuf ou du moins lavé de frais et repassé pour l’occasion. «Nous avons appris de nos aînés qu’il faut accueillir le ramadhan avec joie et surtout une hygiène irréprochable pour qu’il se passe en douceur et en paix », nous explique une vieille dame. D’autres familles interrogées encore à travers différentes localités de la capitale, disent avoir repeint leurs intérieurs en cette occasion sacrée. Par ailleurs, les marchés populaires, notamment ceux de la banlieue d’Alger, grouillent, ces jours-ci, de femmes à la recherche des meilleures épices. c’est le cas de Hadja Zahra, croisée au marché de Bab El-Oued, affairée à choisir avec beaucoup de soin ses épices pour donner encore plus de saveur aux plats mijotés avec amour.
Le mois de ramadhan doit être traité tel un précieux invité dont on doit s’occuper avec délicatesse, c’est aussi une occasion pour accueillir ses amis et proches chez soi et rassembler toute la famille autour de la table du "f’tour", donc tout doit être préparé méticuleusement afin de faire plaisir à chacun. Il est important de noter aussi que le fait de procéder bien à l’avance aux achats du mois sacré c’est également une manière de mieux gérer son budget puisque ce n’est plus un secret pour personne que les prix ne tarderont pas à doubler, voire tripler.

Faire face à la flambée des prix
Presque tous les légumes et les fruits, notamment ceux considérés comme des ingrédients essentiels pour les plats du mois du Ramadhan : tomates, pommes de terre, courgettes, carotte, fruits secs, ail et même persil et coriandre, connaitront une flambée, surtout que cette année le mois sacréarrive en plein été, ce qui imposera des plats plus légers, mais dont la préparation demandera plus de légumes et fruits. Et c’est pour cela que la majorité des Algérois préfèrent donc prendre les devants, il y a même ceux qui guettent une baisse des prix de la volaille et de la viande rouge pour en acheter et les congeler. «Je préfère acheter de la viande et du poulet en période de baisse de leurs prix pour pouvoir les congeler et éviter ainsi de les payer deux fois plus cher durant le mois de ramadhan», nous a confié un père de famille abordé dans un marché à Alger-Centre. Il est par ailleurs, important de noter, que le gouvernement a tout de même exigé pour cette année des mesures strictes destinées à stabiliser le marché et des commissions de contrôle de prix feront selon différents responsables locaux le tour des marchés algérois pour vérifier les prix et imposer des plafonds de prix à ne pas dépasser. Il est à cet effet important de rappeler aussi que selon les déclarations du directeur de la réglementation au ministère du Commerce, Yahiaoui Ouali, intervenant au niveau de la Radio algérienne il y a quelques jours. «Les agents des Directions de commerce de wilaya seront affectés pour assurer cette mission et ce, en se constituant en deux brigades. Cela nous permettra de suivre l’évolution des prix, de contrôler la qualité et la disponibilité des produits sur les étals et d’apporter les mesures correctives adéquates en cas de dysfonctionnements». Aussi le ministère de l’Agriculture avait assuré en diverses occasions «que les prix devraient se stabiliser pendant le mois sacré». Et même «les prix de certains produits, comme la viande blanche, devraient baisser de manière significative dès la première semaine de Ramadhan ; nous avons stocké des quantités importantes de viande blanche. Le ministère va intervenir pour que les prix chutent à partir de la première semaine du mois de Ramadan», avait expliqué un responsable au ministère de l’Agriculture.
C. K.