Le commerce des fleurs est-il appelé à disparaitre de notre paysage pour être remplacé par les pizzérias et autres gargotes. Tout porte à le croire au vue des difficultés rencontrés par les rares fleuristes, lesquels contre vents et marées, tentent de préserver ce métier fait de beauté et de grâce et qui requiert un tempérament d’artiste
Nous avons décidé d’effectuer en ce mois d’août, lors duquel les fleurs ont la cote, une virée auprès de fleuristes à Alger-Centre, tous sont unanimes pour dire que le commerce des fleurs à Alger est plus une vocation et amour des fleurs qu’un moyen de s’enrichir. Les Algérois n’ont pas la culture et l’amour de fleurs, en dehors d’événements précis où ils font l’effort d’offrir des fleurs : naissance, maladie, ou encore pour les plus jeunes la Saint-Valentin ou la Fête des mamans, ils préfèrent des cadeaux utiles, cela même si beaucoup de femmes adorent recevoir des fleurs, un geste qu’elles estiment hautement romantique. «J’ouvre mon kiosque à 5h du matin, et parfois il m’arrive de ne pas vendre une seule fleur de toute la journée…», nous affirmera Dda Arezki, un fleuriste ayant l’amour des fleurs dans le sang. Il a un déjà dans ce métier un parcours de 46 années vouées exclusivement aux fleurs. Dda Arezki nous affireme aimer son métier en dépit de tous les aléas rencontrés au cours de sa longue carrière. «Je suis installé sur ces lieux depuis 1963. D’ailleurs je fais partie des premiers fleuristes algérois…et je peut vous confirmer que le marché des fleurs se dégrade de plus en plus», déplore-t-il. Nombre de personnes pensent qu’en cette saison d’été et coincidant avec la période des fêtes, surtout les mariages, les fleurs se vendraient comme des petits pains, loin s’en faut. Les fleuristes interrogés à ce propos nous diront : «Il est vrai que nous travaillons un peu plus durant les deux mois d’été. Mais il faut préciser que le reste de l’année nous chômons pratiquement. Cette année il y a en plus le mois de ramadan qui viendra écourter la saison estivale. Les fleurs sont loin de figurer aux menus des jeûneurs. Les gens pensent déjà comment remplir leur couffin alors de là à penser aux fleurs ! …» Une rose coûte 40DA, il est clair que ces tarifs ne sont pas faits pour encourager leur achat puisque loin d’être à la portée du porte-monnaie du citoyen lambda. Entre acheter une fleur ou autre chose de plus utile, aucune hésitation possible. Certains fleuristes d’Alger-centre se plaignent également du problème de stationnement des voitures devant être décorées par leurs soins pour les cortèges nuptiaux. «Très souvent les agents de la circulation interdisent aux propriétaires de ces véhicules de s’installer devant nos kiosques. Cela en raison de la gêne occasionnée à la circulation routière… Cela nuit grandement à notre commerce, les gens préférant se rendre vers des lieux plus pratiques», nous explique Dda Arezki. Beaucoup de fleuristes refusent d’occuper les nouvelles boutiques réalisées par l’APC d’Alger-Centre. Ils avancent comme principal argument de leur refus le loyer de ces boutiques fixé à 12.000 DA/mois , ce qui dépasserait, affirment-ils, leurs moyens financiers. «Vu la maigre rentabilité de notre commerce, avec les impôts en plus, un tel loyer est exagéré, il est difficile d’y faire face…», nous affirment-ils. Certains d’entre eux ont même adressé une lettre de doléances, au cours du mois de mars, aux services de l’APC d’Alger-Centre en charge de ce dossier, afin de leur demander d’apporter une solution à cette situation de statu-quo, depuis ils espèrent une réponse qui tarde à venir...