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Insalubrité dans les marchés
Santé et environnement en danger
9 Juillet 2009

Beaucoup a été dit et écrit sur l’insalubrité qui régne en maître incontesté dans Alger. L’été, qui véhicule son lot d’intoxications et autres, nous force, à regarder la réalité en face, même si elle n’est pas très belle à voir. Il faut se rendre à l’évidence : nous avons notre part de responsabilité et nous devons réagir au plus vite pour sauver notre environnement.

Surnommée la Blanche, Alger mérite-elle toujours cette appellation ? Alger a-t-elle troquée ses beaux atours blancs pour des haillons sans nom ? Que reste-t-il d’Alger la blanche ? Ces questions s’imposent et résultent d’un état des lieux autant déplorable que désolant. Une simple petite virée au niveau des marchés de la capitale suffit amplement à faire le constat, sans appel, des lieux : un constat plus qu’alarmant.
Nous avons effectué une virée dans deux marchés de la capitale, espaces fréquentés quotidiennement par les citoyens, et qui constituent l’une des causes principales de l’état d’insalubrité à Alger. Notre recherche de réponses est motivée par deux raisons essentielles, la première est que cette insalubrité a un rapport direct avec la santé publique, la seconde étant de tenter de situer les responsabilités de chacun.
Les deux marchés ciblés sont situés en plein centre-ville d’Alger, à savoir le marché Ferhat-Boussad ex-Clauzel et celui de Messonnier, mais cela pourrait tout aussi bien concerner n’importe quel autre marché. Notre quête de la triste vérité sur l’état de l’insalubrité régnant à Alger se fait sous un soleil de plomb. 10h, il fait très chaud par cette journée estivale mais cela n’empêche pas les Algérois de délaisser leurs climatiseurs pour sortir dans la fournaise matinale. Les rues et les marchés grouillent de monde. On se demande d’ailleurs à quelle heure de la journée les Algérois trouvent-ils le temps de travailler.., enfin cela n’est pas le sujet.

Hygiène, la grande inconnue !
Nous effectuons une première halte au marché couvert "Clauzel", le spectacle qui nous y accueille est plus qu’édifiant, un véritable dépotoir à ciel ouvert, où l’hygiène ne semble nullement être une priorité. À l’entrée principale trône une benne à ordures mobile qui, apparemment, n’a jamais été déplacée depuis son installation. À coté, des amoncellements d’ordures indéfinissables, (légumes avariés, les fameux sacs en plastique de toutes les couleurs, cartons d’emballage vides...). À deux pas de ces mini-décharges un commerçant ne semble pas trop faire attention à ce spectacle écœurant, puisqu’il expose à proximité sur un étal de fortune et en toute tranquillité sa marchandise, composée entre autres de produits laitiers (fromages, chocolats, mayonnaise, thon).

Produits périssables à ciel ouvert
Beaucoup des produits proposés à côté de la benne à ordures sont censés être conservés à basse température. Le plus étonnant reste le nombre impressionnant de citoyens affluant vers ces commerces informels, véritables vecteurs d’intoxications. Les mêmes produits, conservés dans des conditions adéquates, sont pourtant disponibles dans tous les commerces de produits alimentaires. Nous nous sommes rapprochés de certains clients de ces marchands de "maladies". A notre question, l’argument de la différence du prix est avancé :  "La cherté de la vie, nous oblige à nous rabattre sur ces produits", nous explique un quinquagénaire.
Nous avons tenté de vérifier la véracité de ces propos, et ce en faisant une petite comparaison des prix pour trois produits (fromage, thon et mayonnaise), nous avons été surpris par les résultats ; concernant le thon et le fromage aucune différence de prix, alors que pour la mayonnaise 5 DA seulement sont économisés par le client. Ce qui nous amène à établir la part de responsabilité des citoyens qui dans une inconscience totale sacrifient leur santé pour quelques centimes économisés.

Le gain et rien d’autre...
Nous pénétrons à l’intérieur du marché, ordures, sol et murs crasseux, odeurs nauséabondes dues à la défaillance du réseau d’assainissement et en l’absence totale de points d’eau.
La propreté est le dernier souci des marchands qui ont pour seule devise "le gain et rien que le gain". Les commerçants ne prennent nullement en compte l’environnement ambiant. En fin de journée ils laissent à même le sol et n’importe où, leurs divers déchets.
Des montagne d’ordures se constituent ainsi jour après jour. Interrogés beaucoup refusent de repondre, d’autre renvoient la balle vers Net Com. Ce qui reste certain, c’est qu’ils font totalement fi du danger qu’ils font planer sur l’environnement et la santé publique.
Seconde escale à Messonier, pas de surprises, le décor y est identique, et le même constat est fait, plein d’amertume et de désolation, Alger agonise, et se noie dans l’insalubrité. Censés être les endroits les plus propres, les marchés d’Alger ont atteint un degré d’insalubrité dangereux. Au marché de Messonier, il n’ y a même pas de benne à ordures, Un espace découvert recoit les divers détritus abandonnés sur place par les commerçants et les clients.
Les occupants des lieux ne manquent pas d’avancer le même argument que leurs confrères du marché de Clauzel "les services de ramassage ne font pas leur travail !". S’ajoute à l’insalubrité le phénomène du commerce illégal. En effet de jeunes revendeurs proposent toutes sortes de marchandises, en toute impunité et surtout au détriment de la santé des citoyens.

Sécurité, en cas d’incendie...
appelez le 18
Autre point essentiel, l’inexistence de toute mesure de sécurité à l’intérieur des deux marchés. Erigé sur deux niveaux, le premier est réservé à la vente de vêtements et autres, alors que le second esi consacré à la vente de produits alimentaires. Le marché Clauzel ne dispose d’aucun équipement antincendie (bouche d’incendie, extincteurs), alors que le risque d’incendie est omniprésent à l’intérieur d’un marché où les câbles des installations électrique s’entremellent dans une toile d’araignée indescriptible. Idem pour le marché de Messonier. Plus grave encore, lors de notre virée nous avions fait un petit crochet par les Galeries de Messonier, nouvellement aménagées au sous-sol. Là une centaine de vendeurs proposent leur marchandise.
A cette heure de la journée 11h30, ces galeries sont pleines à craquer, essentiellement d’une clientèle féminine. Nous sommes stupéfiés par le nombre de caméras de surveillance et autres écrans plasma, installés un peu partout et inspirant un sentiment de sécurité, mais point d’équipements de lutte ou de détection d’incendie. Nous avons également pu enregistrer une grande défaillance concernant les dispositions de sécurité : absence d’issues de secours, un nombre ridicule d’extincteurs accessibles en cas d’urgence : 3 pour être précis.
Une pancarte est accrochée sur laquelle il est mentionné "en cas d’incendie ne paniquez pas, gardez votre calme, et appeler le 18". Cela se passe de commantaires. Ce que nous avons pu retenir de notre virée, c’est que les pouvoirs publics ont une grande part de responsabilité dans cette situation (contrôle des commerces, répression).
Le manque de conscience et de civisme des citoyens est également à blamer. L’urgence aujourd’hui est de retrousser les manches et d’unir nos efforts pour que notre capitale retrouve enfin sa blancheur.

Par : SAID ZENTAR

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