Passer une journée ou même une heure ou deux à la plage est loin d’être une partie de plaisir comme pourrait le penser certains. En fait il faut s’armer d’une bonne dose de patience et surtout d’une armure à l’épreuve des tessons de bouteille, jets de ballons, morsures d’animaux, jet ski et toutes autres sortes de nuisances.
Les autorités locales ont beau affirmé que toutes les dispositions ont été prises pour garantir le meilleur des accueils aux estivants, la sécurité et la gratuité de l’entrée aux plages, il y aura toujours ceux qui dicteront leur propre loi. Les familles qui, jeudi dernier, ont décidé de faire prendre un bain de soleil à leurs enfants sur la plage des "Sables d’Or" à Zeralda ont vite fait de regretter la sortie censée «déstresser» enfants et adultes. Même à 17 h, inutile de chercher une place de parking, si vous ne déboursez pas les 100 dinars, qui vous donneront droit à une petite aire de stationnement. La descente vers les «Sables d’or», qui vu l’état des lieux est une appellation usurpée, est un véritable enfer pour les enfants qui slaloment entre débris de verre, détritus de tous genre et crottes de cheval. En bout de piste trois petites allées en bois bifurquent, elles ont été installées par les concessionnaires des plages qui ont trouvé ainsi le moyen de contourner la décision des pouvoirs publics et faire payer l’accès à la plage. Au seuil «du carré» réservé, des jeunes vous proposent un parasol, des chaises et même des tables, le tout pour quelque 800 cents dinars. «Marhba Bik» vous souhaite le chef du groupe quand vous déclinez l’invitation en faisant remarquer que vous êtes déjà bien "outillés". Le ton employé est ironique pour la formule de politesse, il y a comme une provocation latente. En fait il est impossible de trouver une place correcte au bord de l’eau. Les jeunes ont bien fait leur calcul. Les parasols sont plantés dès la matinée, alignés, sur plusieurs rangés. Trouver un coin pour s’installer relève de l’exploit. Il ne vous reste donc que l’arrière de la plage à proximité des quelques poubelles débordantes, ou faire contre mauvaise fortune bon cœur, laisser votre parasol rangé et en louer un 200 dinars pour les deux ou trois heures que vous allez passer sur place. Une fois installés, c’est un autre bras de fer qui commence. Cette fois avec les "jet skieurs" qui avec leurs engins pollueurs arrivent parfois jusqu’au rivage où des enfants barbotent. Un rivage rétréci comme peau de chagrin puisque les propriétaires de pédalos et autres embarcations stationnent leurs engins sur une bonne longueur de la plage. Une plage transformée en zoo jeudi dernier. Il y avait des chiens, des perroquets, un singe et même des chevaux. Un cavalier n’a pas trouvé mieux que de prendre un bain sur le dos de son animal. Le cheval faisait peine à voir quand son propriétaire voulait lui faire prendre le large. Un enfant, il n’était pas le seul, a fait une véritable crise de larmes quand un pit bull s’est jeté dans l’eau juste devant lui. Excédée par autant de manque de civisme et par des joueurs de beach volley qui, par six fois, lui ont envoyé leur balle sur la tête, une jeune maman a tenté en vain de trouver un agent de sécurité pour mettre fin au cauchemar. Elle s’adressera au final à l’un des gestionnaires du «carré» de plage pour s’entendre dire que c’est «comme ça» et que si cela ne lui plait pas, elle n’a qu’à changer de place. Il est peut-être temps que les autorités locales s’intéressent de plus près à ce qui se passe sur ces plages cédées en concession pour un été à des personnes avides de gains faciles.