Rien ne pouvait faire plus plaisir aux chauffeurs de taxis "compteurs" que cette grève cyclique décidée par leurs collègues des taxis collectifs. En fait ils sont les premiers bénéficiaires de cette montée au créneau. Les clandestins ne sont pas non plus mécontents mais sont toutefois moins sollicités du moins par les femmes.
Les premiers à se réjouir de la grève, prévue chaque matinée du dimanche de 7h à 11h 30 par les chauffeurs de taxis collectifs, sont certainement les chauffeurs de taxis dit "compteurs" et les taxis clandestins qui hantent les stations. En effet ces derniers jubilent et sont au comble du bonheur en voyant au cours de ces matinées leur recette passer du simple au triple ou même bien plus. Les taxis "compteurs" refusent de s’arrêter pour plus d’une personne à la fois, ce qui leur permet de jumeler allègrement au mépris de toute loi. Bien entendu la personne qui a la malchance de les arrêter en cours de route paiera, tout comme ses compagnons d’infortune, ce que marquera le compteur en fin de course, cela puisque le chauffeur ne se donnera même pas la peine d’y jeter un coup d’œil pour, eventuellement, calculer le montant à déduire pour les passagers embarqués en cours de route. Cette pratique s’est malheureusement généralisée et rares sont les chauffeurs qui ont la correction de calculer la course pour chaque passager. Cela donne lieu à des chiffres hallucinants. Pour l’exemple : si vous arrêtez à Belcourt un taxi qui a pris son premier client à Hussein-Dey et que vous vous rendez à la place du 1er-Mai, vous risquez d’être contraint, au bout de votre voyage, de payer 150 à 250DA, cela si la circulation est relativement fluide. Mieux vaut dans ces cas ne pas tenter de rouspéter car vous serez traité de tous les noms d’oiseaux et même les autres passagers se ligueront contre vous (dans l’espoir illusoire que leur nouvel ami revoit, à la baisse, leur course). Ce voyage qui vous coûtera tellement cher, vous le passerez agglutinés les uns aux autres dans un véhicule malodorant, ou parfois encore recouvert de ses housses en plastique. Les poignées des remonte vitres sont, bien sûr, supprimées, (les clients c’est bien connu étant des vandales), l’unique vitre ouverte reste celle du seigneur et maître des lieux. Ne vous avisez surtout pas après ce voyage au bout de l’horreur de claquer la portière du véhicule... Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore les Algérois sont solidaires des chauffeurs de taxis collectifs, lesquels revendiquent entre autres l’augmentation de leur tarif actuellement de 20DA par passager, car même si ce tarif est doublé il restera néanmoins abordable et surtout les usagers n’auront pas l’impression, désagréable, d’être toujours les dindons de la farce.