Présenter des rappeurs à la façon d’Ingres ou de Rubens, dans des portraits majestueux: telle est la signature de Kehinde Wiley, un des artistes montants présentés à la National Portrait Gallery de Washington, dans une exposition sur le Hip Hop et le portrait. L’exposition «Recognize ! Hip Hop and Contemporary Portraiture» présente jusqu’au 26 octobre les tableaux, photographies, graffitis et vidéos de six artistes de la génération Hip Hop célébrant ce mouvement musical et culturel qui domine la scène américaine depuis 30 ans. Au-delà des murs du musée qui se sont prêtés à d’immenses graffitis qui, par leurs logos et signatures colorées, sont autant de portraits masqués, les œuvres les plus spectaculaires de l’exposition sont ces effigies géantes des héros du Hip Hop de Kehinde Wiley. Dans un style hyper-réaliste et post-moderne qui emprunte également aux techniques de l’enluminure et de l’art décoratif, l’artiste, âgé de 30 ans, semble vouloir donner des lettres de noblesse aux artistes de Hip Hop et de gangsta rap. Ainsi, le célèbre rappeur et acteur Ice-T est-il présenté, dans un cadre doré de trois mètres sur deux, assis sur un trône, enveloppé d’un manteau d’hermine à la façon de Napoléon immortalisé par Ingres. Ces oeuvres de commande, réalisées en 2005 pour une cérémonie de récompenses musicales d’une chaîne de télévision, s’inspirent toutes de grands tableaux classiques, des «Trois Grâces» de Rubens au portrait de Rockefeller par John Sargent. L’exposition présente également les photographies noir et blanc d’artistes en concert par David Scheinbaum, les autoportraits vidéo baignés de musique hip-hop de l’artiste-activiste Jefferson Pinder. Enfin, carte blanche a été donnée à l’artiste Shinique Smith pour un mémorial énergique et émouvant, composé de calligraphies rageuses, de collages, de photos, de morceaux de T-shirts à l’effigie de rois du rap, le tout en hommage aux rappeurs disparus comme Tupac Shakur ou Notorious Big.