Le mouvement de protestation des sans-papiers en Belgique s’étend, une quarantaine d’entre eux occupant hier six grues sur des chantiers de Bruxelles pour réclamer leur régularisation et dénoncer les tergiversations du gouvernement, selon la police. Le mouvement a commencé à se durcir la semaine dernière, lorsque trois Iraniens ont escaladé une grue sur un chantier de la capitale. Tous trois observaient déjà une grève de la faim depuis trois semaines. L’un d’eux, une jeune femme, a dû être évacuée vendredi dernier en raison de son état de faiblesse. Le mouvement s’est ensuite étendu dans la nuit de lundi à mardi avec l’occupation de plusieurs autres grues. L’un des chantiers se trouve dans le quartier européen de Bruxelles, près des sièges de la Commission européenne et du Conseil des ministres de l’UE. Les associations de défense des sans papiers estiment à 100.000 le nombre de ressortissants étrangers en situation irrégulière en Belgique, sur une population de 10 millions d’habitants. 2.403 personnes ont été régularisées à la fin mai sur 8.780 dossiers, indiquent les dernières données officielles. La coalition au pouvoir est divisée. «Quand les décisions seront mûres, on les prendra», a déclaré la semaine dernière le Premier ministre Yves Leterme, en reportant le dossier à la rentrée. Il n’a pas donné d’échéance. Les sans-papiers, mécontents que les autorités aient accordé à certains d’entre eux des permis de séjour de durées différentes et en aient débouté d’autres, ont décidé de durcir leurs actions. Les pays européens ont décidé de durcir leur politique d’immigration. Ils ont approuvé un pacte européen pour l’immigration et l’asile élaboré par la
France. Ce plan privilégie une immigration «choisie» et met un terme aux régularisations massives et collectives. L’un de ses volets est la nouvelle législation encadrant l’expulsion des sans-papiers, approuvée à une large majorité par le Parlement européen. La Belgique a procédé en 2007 à 23.000 arrestations administratives, expulsé près de 9.000 clandestins et facilité le départ volontaire de plus de 2.500 autres, indiquent les données de l’Office des étrangers.