Au moins 22 personnes sont mortes et 44 autres portées disparues mardi dans le centre de la Chine à la suite de l’effondrement d’un pont en construction dans la ville touristique de Fenghuang, selon les autorités. L’inauguration était prévue pour la fin du mois. L’accident, le deuxième du genre en deux mois, met en lumière les dangers d’infrastructures construites à la va-vite, à moindre coût, souvent avec la complicité active ou passive des autorités locales. Le 15 juin dernier, dans la province méridionale du Guangdong, un cargo avait heurté un pont construit en 1988. Neuf personnes étaient mortes. A Fenghuang, les secours ont pu sauver 57 personnes, dont 22 ont été blessées lundi soir dans la chute de l’ouvrage de 268 mètres de long, qui enjambait la rivière Tuo, dans la province du Hunan, a précisé le service local de la sécurité au travail, dans un communiqué publié sur le site Web officiel de l’administration. Le pont est tombé alors que 123 ouvriers étaient en train de démonter les échafaudages sur la façade. La ville antique de Fenghuang est un site touristique très populaire. Le gouverneur du Hunan, Zhou Qiang, s’est rendu sur place pour superviser les efforts des secouristes, selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle. La chaîne CCTV montrait des bulldozers retournant l’enchevêtrement d’acier et de béton sous le regard de villageois anxieux. Une femme qui n’a voulu donner que son nom, Wu, a déclaré que des maisons se trouvaient sous le pont. La plupart des ouvriers venaient des villages alentour, selon Chine nouvelle. L’agence a ajouté que deux responsables du projet de 12 millions de yuans (1,2 million d’euros; 1,6 million de dollars), Xia Youjia et Jiang Ping, avaient été arrêtés. Les appels téléphoniques aux sociétés de construction concernées sont restés sans réponse hier. Les accidents de construction sont fréquents en Chine car les entrepreneurs emploient souvent des matériaux de mauvaise qualité pour réduire les coûts, et font travailler des ouvriers d’autres régions peu ou pas formés aux règles de sécurité. Les autorités locales sont souvent corrompues. En janvier 1999, un pont piétonnier datant de trois ans s’était écroulé dans la rivière Qi, dans le sud-ouest du pays, dans la province du Sichuan. Quarante personnes avaient péri et 14 autres étaient blessées. Un responsable local du Parti communiste avait été condamné à mort pour avoir accepté un pot-de-vin en échange de l’attribution du contrat de construction. En 2006, le ministère des Communications dressait une liste de 6.300 ponts du pays jugés dangereux, rapporte mardi le journal "China Daily", qui cite un responsable des ponts et chaussées, Xiao Rucheng, selon lequel de nombreux ouvrages ont été érigés à la hâte et mal conçus. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’accident de Fenghuang, moins de deux semaines après l’effondrement d’un pont dans le Minnesota qui a fait au moins neuf morts et attiré l’attention sur le vieillissement des infrastructures des transports aux Etats-Unis.