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Bilek Hamid, Sous-Directeur du HCA, au Midi Libre
«Yennayer doit être une journée chômée et payée»
13 Janvier 2010

Le rite le plus important de Yannayer est le souper, préparé la veille de Yannayer. C’est le couscous en Kabylie, la berboucha ou couscous à gros grain dans les Aurès, le couscous ou rechta, variété de pâtes en lanières, à Alger, rgueg, feuilles de pâtes préparées dans une sauce ; chercham, à base de blé, à Oran, couscous aux 7 légumes au Maroc… Plat de fête, le souper de Yannayer comporte obligatoirement de la viande et spécialement de la viande de poulet que l’on sacrifie pour l’occasion. La tradition est de manger à satiété pour ne pas avoir faim le reste de l’année. On consomme beaucoup de légumes, frais et secs, surtout les fèves symbolisant, chez les Berbères, la fertilité et la fécondation. Mohand Akli Haddadou

Quel jour généralement fête-t-on Yannayer ?
Le nouvel an amazigh, Yennayer est traditionnellement célébré la veille du 12 janvier. Cet événement est vécu et fêté par la quasi-majorité des Maghrébins dans la joie, la convivialité et la solidarité. Yennayar est la seule fête commune à tous les peuples d’Afrique du Nord. Dans chaque région, elle donne lieu à des festivités diverses, à des rites et repas familiaux.
Ce jour de l’an amazigh est généralement fêté par tradition indépendamment d’une quelconque portée sociologique et historique. Sauf que, ces dernières années, avec la prise de conscience identitaire et la réappropriation de l’histoire nationale, la reconnaissance de cette date dépasse la portée traditionnelle de l’événement pour se placer comme repère historique de tout un peuple. La reconstitution de notre passé et de notre histoire se révèle très ardue. L’absence d’une tradition scripturaire complique davantage la vérification de certaines hypothèses avancées jusqu’à aujourd’hui sur des événements et des faits historiques très lointains. Les rares écrits qui existent son généralement l’œuvre d’étrangers, leur apport est certes méritoire, mais ce «savoir» iss du couple juge-objet est à considérer avec prudence.

Que veut dire en tamazight Yannayer est quelle est son origine ?
Yennayar ce découpe en deux mots «yen ou yeyen» qui veut dire 1er et «nayere» le mois en tamazight. Des différentes hypothèses avancées sur l’origine de Yennayer (non pas en tant que calendrier agraire mais beaucoup plus par rapport à sa date de naissance) ; la plus répandue est celle qui remonte l’origine de cette célébration à l’année où un Amazigh accède au trône de la 22e dynastie pharaonique en Egypte.
Ce qui est une évidence concernant cette date symbole est le fait qu’elle soit une fête amazighe attestée sur tout le territoire de Tamazgha. S’agissant d’autres réflexions, comme par exemple de la véracité de l’existence d’une conscience amazighe chez les premiers Amazighs qui ont célébré Yennayer, là, il appartient peut être à la part du mythe puisqu’il n’y a aucun élément pouvant aller dans le sens de cette hypothèse. Sauf que cela peut être pris en considération à partir du moment où toutes les nations se sont quelque part construites et bâties sur des mythes ; des mythes fondateurs qui deviennent ensuite des mythes structurants.
Il est donc avéré dans l’histoire que les nations et les peuples ont tous des référents et des repères temporels.

Sur quoi est basé le calendrier amazigh ?
Le calendrier amazigh est un calendrier purement agraire, il obéit à des considérations d’ordre climatique et à des cycles de végétation bien déterminés par la nature du temps et des saisons. La coïncidence du premier jour de l’an amazigh avec le 12 janvier du calendrier julien mérite, peut-être, de s’y attarder.
Nous savons tous que l’origine du calendrier et la division du temps remontent à la plus lointaine Antiquité. Les Egyptiens et les Grecs sont les premiers à s’essayer à cet exercice, mais ce n’est qu’au temps des Romains que les prémices du calendrier moderne commencent à s’apercevoir.
Alors que le calendrier des premiers temps de la civilisation romaine était divisé en 10 mois, l’arrivée de Jules César au trône à bouleversé cette donne pour en faire un calendrier de 12 mois et de 365 jours et un quart. Alors que les Amazighs et ce jusqu’à ce jour dans leurs calendrier traditionnel et agraire sont restés toujours fidèles au calendrier julien qu’ils estiment plus en accord avec le travail de la terre et au cycle végétal.
Ce qui explique la coïncidence du 1er Yennayer avec le 12 janvier du calendrier grégorien puisque depuis la reforme du XVIe siècle, le calendrier julien a perdu encore 2 jours.
Le calendrier amazigh concorde donc avec le calendrier Julien…
Il est clair que le calendrier amazigh concorde avec le calendrier julien établi en 46 avant Jésus Christ. D’ailleurs, même les appellations des mois en tamazight dérivent des noms d’origine latine appartenant au calendrier julien.
Dans la plupart des régions, les mois du calendrier solaire-agraire et leurs attributions climatique et végétale sont connus principalement par les agriculteurs dont la vie est rythmée par les changements et les aléas atmosphériques et la rythmique végétale. Tous ces mois sont qualifiés de «ayyuren n wakal», les mois de la terre relatifs au travail agraire
Jadis, les sociétés amazighes en général ont des activités qui dépendaient étroitement de la nature et des cycles de la végétation régis eux-mêmes par la succession des saisons. Leur vie est donc beaucoup plus rythmée par les révolutions solaires.
Comme les données de la vie sociale changent et évoluent, elles imposent donc d’autres exigences. On trouve en plus du calendrier solaire spécifique aux activités de la terre, le calendrier lunaire hégirien qui est réservé exclusivement pour l’échelonnement et les célébrations religieuses et rituelles. A cette double chronologie, calendrier lunaire religieux et calendrier solaire agraire s’ajoute le calendrier grégorien universel dans l’administration et la vie moderne.
En somme, les Amazighs, et jusqu’à présent, utilisent ces trois calendriers qui servent chacun dans un domaine précis.
O.A.A

Par : Ourida Ait Ali

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