Le Midi Libre - Magazine - La victoire de chechnak et le calendrier Amazigh
Logo midi libre
Edition du 24 Novembre 2024



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Yacine Sidi Salah, historien de l’antiquité, archéologue et préhistorien au Midi Libre
La victoire de chechnak et le calendrier Amazigh
13 Janvier 2010

Il est connu que le calendrier berbère débute avec la victoire du roi Chechnak en Egypte, instaurant par la même la 22e dynastie pharaonique de 950 avant J.C, soit près de deux siècles. Lors de la victoire de notre équipe nationale de football contre celle d’Egypte à Khartoum, ouvrant ainsi à l’Algérie les portes du Mondial sud-africain, d’aucuns, faisant allusion à notre glorieux ancêtre, qualifiaient notre belle prestation sportive de deuxième victoire historique contre l’Egypte. Cette victoire nous réconcilie avec notre identité, et justement M. Yacine Sidi Salah, historien spécialiste de l’Antiquité, nous parle de l’histoire de nos ancêtres les Berbères et du patrimoine culturel et historique qu’ils nous ont laissé.

Midi Libre : Le calendrier des Imazighens est à l’origine de Chechnak, qui est Chechnak ?
Y. Sidi Salah : Chechnak est un libyen (Berbère) de la tribu Meshwesh, qui fut le premier pharaon berbère en 945. C’était un Amazigh qui n’était pas le premier à avoir conquis l’Egypte. D’après les sources historiques, les populations qui ont conquis ce pays venaient de l’ouest de l’empire Egypte, qu’on appelait dans l’Antiquité les Lybeens. Certaines invasions dataient de 12 siècles avant Jésus Crist, soit 3 siècles avant Chechnak qui a fondé son royaume en Egypte en 945 avant J.C. Ce peuple avait occupé les régions de la Libye jusqu’aux côtes atlantiques*, et cette appellation englobe aussi toute l’Afrique du Nord.
Alors que ces Libyens ont fondé leur civilisation 50 siècles avant les Pharaons, Chechnak est donc un Libyen. Ce sont eux qui ont écrit le libyco berbère qui est l’ancienne forme du Tifinar. Il a était daté par quelques spécialistes de 7 siècle pour le nord de l’Algérie et plus de 20 siècle pour le Sahara. Ces datations sont relatives en attendant les datations absolues qu’effectuera Malika Hachid.
Chechnak, après avoir battu les Pharaons et s’est proclamé prophète des temples d’Ammon, a régné sur le trône des pharaons en 945 avant J.C. et est devenu donc roi de l’Egypte.

Quelle victoire avait donc emporté Chechnak pour que les Imazighens (Berbères) marquent le début du calendrier «yennayar » ?
Il est le fondateur de la première dynastie berbère d’Egypte. Sa victoire sur les pharaons d’Egypte est célébrée sur les fresques d’un mur du temple d’Ammon a Karnak, et son extension jusqu’en Palestine est rapportée par la Bible qui le cite sous le nom de Sesac. Et sa victoire marque le début de l’année agraire (yennayar) chez les Berbères, qui est aussi fête de la fertilité et du changement.

A propos des Berbères, qui sont-ils ?
Le sens et la désignation du mot berbère ont été cités pour la première dans les sources historiques des historiens médiévaux, précisément chez Ibn Khaldoun. Après lui, ce terme revenait dans la majorité des écrits des historiens. Ce terme englobe toutes les populations depuis le sud égyptien (l’oasis de Siouah) jusqu’à l’océan Atlantique et les îles Canaries. Certains diront : qu’est-ce qui peut unir et unifier des populations sur un territoire aussi vaste que tout le nord-ouest de l’Afrique. Selon G. Camps (éminent archéologue et préhistorien africaniste), c’est la langue à laquelle se rattachent leurs différents parlés, l’unité de vocabulaire et les principes fondamentaux de la langue, d’où on retrouve les inscriptions libyques gravées et peintes sur des rochers ou des stèles au long de tout ce vaste territoire. Ajoutons à cela les restes d’ossements humains des populations qui sont —anthropologiquement parlant— les ancêtres des Berbères, et qui datent de plus de 200 siècles, sans s’étaler sur les données de vestiges préhistoriques qui poussent la barre des dates aussi loin que possible, que ce pays a été l’un des plus anciennement peuplés (plus de 2 mille siècles, soit deux millions d’années).

Yennayar est-il fêté dans plusieurs pays et quels sont ces pays ?
Dans les milieux populaires, il est pratiquement fêté dans tout le Maghreb, ou on célèbre plusieurs rites, notamment l’immolation d’animaux (moutons, chèvres, et surtout les poulets), et des mascarades qui ont été récupérées par d’autres fêtes religieuses (Achoura).
Puisque cette fête consacre le changement et la fertilité, alors on refait le foyer creusé à même le sol, on repasse la maison et on change les trois pierres du foyer «inyen» qu’on appelle «bu-ini » (ini étant la pierre du foyer) dans les Aurès, et dans certaines régions du Maroc on dit «biannu et bennayou» qui désigne la nuit du 1er yennayar, comme on peut retrouver cette forme à Ouargla, sous «lala babiyanou» qui est récupéré pour la fête de L’Achoura.
Pour la fertilité, on consacre le souper de yennayar qu’on prépare la veille ou le jour de la fête ou le troisième jour, et dans certaines régions, la fête dure jusqu’à sept jours.
Le plat est souvent du couscous ou du berkoukes et des soupes, et tout ce qui symbolise la fertilité comme les crêpes, les beignets, les plats de fèves… en évitant aussi tout ce qui est épicé et amer qui sont de mauvais présages.

Vous êtes historien de l’Antiquité, pouvez-vous nous dire depuis quand appelle-t-on notre pays l’Algérie ?
Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur cela, mais selon les recherches effectuées, il est apparu à l’époque des Ottomans, et ce sont les Français qui l’ont mis en évidence, car c’étaient les seuls qui avaient accès à la documentation administrative turque qu’ils ont exploitaient pour coloniser le reste du territoire.

Qu’elle est donc l’origine de l’appellation El-Djazayar ?
L’historien Abderhman el Djilali parle d’un ensemble de rochers sur la côte algéroise qui lui-même définit comme étant un ensemble d’Iles qui veut dire en arabe «djazira» au singulier ou bien djozor ou «djazayar» au pluriel. L’appellation d’El-Djazayar est donc issue –selon l’historien- de ce dernier mot qu’on ne pourra trouver que dans un dictionnaire de la langue arabe.
Le vrai terme de l’Alger «Dzayar», qui dérive du mot de Ziri et Ziri (de la tribu des Zirid qui a occupé autrefois Alger), était l’un des gouverneurs d’Alger pendant l’époque fatimide, et de cela est venu «Dziri» qui veut dire un habitant d’Alger «Dzayar». Ensuite le terme s’est vu projeté sur toute l’Algérie, soit «Dzayar» désigne tantôt Alger la capitale, tantôt tout le pays algérien .

Qui sont les Fatimides ?
L’Etat fatimide est fondé en 903 sur les ruines de l’Etat aghlabide, à l’est, et rostomide, à l’ouest (les Mozabites actuels), après les avoir vaincus. Une fois qu’ils ont tout le nord algérien et la Tunisie sous leurs mains, ils ont décidé de faire extension sur l’Egypte avec le concours et le soutien de la tribu berbère «Koutama» (qui se situe actuellement entre Béjaïa, Sétif et Jijel). Ils ont conquis ensemble l’Egypte en 968, qui était sous l’empire abbasside, et ont construit et fondé le Caire,leur capitale, et la mosquée d’El-Azhar, qui est aussi la plus ancienne université au monde.
O.A.A

Par : Ourida Ait Ali

L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel