Les cheveux poussent, vivent et meurent, ainsi est la loi de la nature. Ceux qui tombent sont normalement remplacés par de jeunes cheveux. On considère qu’une chute de cheveux inférieure à 50-100 cheveux par jour peut être normale. Dans certains cas, si la chute de cheveux dépasse les 50 à 100 cheveux par jour, on peut penser alors qu’il s’agit d’une chute de cheveux pathologique. Les causes peuvent être très nombreuses et prendre des formes différentes. Elle peut toucher aussi bien l’enfant, que l’adulte, l’homme ou la femme. L’ensemble ou une partie du cuir chevelu et elle peut être isolée ou accompagnée de nombreux signes : fatigue, cheveux gras, cheveux cassants, cheveux fins, pellicules ou croûtes, démangeaisons… Ces signes ont tous leur importance. Pour déterminer la cause et les facteurs favorisant ou aggravant la chute de cheveux, une consultation médicale s’impose afin d’établir un traitement adéquat à cette pathologie. Voici les explications du docteur Sattouf, spécialiste en dermatologie.
Le Midi libre : Comment peut-on reconnaître une chute de cheveux anormale ?
Dr Sattouf : Bien que la chute de cheveux soit simple dans la grande majorité des cas, elle est dans nombre de situations bien compliquée nécessitant une prise en charge spécialisée, en terme d’examen, d’exploration complémentaire, de diagnostic et de prise en charge thérapeutique qui peut rester insatisfaisante pour le médecin comme pour le patient.
Il est à signaler aussi, d’emblée, que la composante psychologique de la chute de cheveux, surtout chez la femme est souvent plus pesante que la chute elle-même.
Enfin, une éventuelle chute de cheveux, n’est envisagée qu’ à la lumière de certains repères physiologiques, à savoir : que l’être humain possède quelques 100-150 mille cheveux ( au cuir chevelu,) que cette quantité répond à des facteurs génétiques, hormonaux et même environnementaux, que le développement du cheveu se fait d’une manière cyclique avec 3 phases : une phase de croissance (anagène), une 2e phase de repos (télogène) et une 3e phase d’involution (catagène), que ces 3 phases physiologiques d’évolution cyclique ne sont pas synchronisées. Ce qui permet donc de comprendre qu’il y a une chute de cheveux : constante, normale, quotidienne et périodique à mesure de 30 à 100 cheveux par jour, et que la longueur est déterminée par la durée de la phase de croissance du cycle folliculaire qui est de 3 à10 ans au niveau du cuir chevelu et de 4 à 14 semaines au niveau des moustaches. La taille du cheveu augmente de 0,35 millimètre par jour.
Comment se déroule l’examen clinique pour le praticien ?
L’examen des cheveux ne s’arrête pas à apprécier ou compter le nombre des cheveux qui tombent, mais il s’intéresse à leur couleur, leur structure et leur diamètre. En plus, il faut rechercher d’autres signes, à savoir la présence de squames, de démangeaison ou de rougeur de cuir chevelu. Tout cela pour ne signaler que le minimum essentiel qui permettrait de mieux saisir le reste. Surtout comprendre qu’une chute de cheveux est reconnue en fonction de l’ensemble de ces données physiologiques et elle est appréciée par le médecin : 3-5 jours après un lavage préalable en tirant sur une mèche de 50 cheveux environ et ramenant plus de 5-8 cheveux (en phase de repos). Le recours du spécialiste à d’autres examens de microscopie optique, électronique, ou en lumière pulsée ainsi que l’étude de trichogramme pour déterminer le pourcentage de chaque phase, n’a lieu que dans des cas particuliers appréciés et déterminés par lui.
Quelles sont les causes ?
Il n’y a pas une «seule chute de cheveux ou alopécie. «Tenter d’évoquer les causes de toutes les alopécies, c’est tenter de faire un grand catalogue où il faut distinguer : Les alopécies congénitales, périnatales ou acquises
Alopécies circoscrites ou diffuses, Localisées ou généralisées, simples ou compliquées.
Isolées ou associées, cicatricielles ou non cicatricielles, avec cheveux normaux, dystrophiques ou dysplasiques, spontanées ou provoquées, etc.
Quels sont les facteurs déclenchants ?
Comme facteurs déclenchants possibles, nous pouvons citer sans ordre particulier : les facteurs hormonaux hyper-androgéniques, les chutes de cheveux saisonnières, anémies et carences en fer, hémorragies, hyperthermie ou fortes fièvres, chirurgies, certaines infections importantes, certaines intoxications, cachexie, anorexie ou malnutrition, régime alimentaire amaigrissant restrictif, certaines maladies endocriniennes comme hyper ou hypo tyhroidie, érythrodermies.
Parmi les causes les plus fréquentes qui intéressent le grand publique, on peut citer : Les causes hormonales chez l’homme comme chez la femme, les chutes de cheveux «saisonnières» cycliques, les chutes post fièvre, chirurgie ou post accouchement pour les alopécies diffuses, et les facteurs infectieux ou psychologiques, ou hormonaux pour les pelades localisées ou généralisées.
Peut-elle toucher tous les âges ?
Il est clair que la chute de cheveux concerne tous les âges. Comme il y a des facteurs communs entre enfants et adultes responsables de la chute, il existe des alopécies particulières à telle ou telle période de la vie, et même des formes particulières.
A titre d’exemple, il y a la chute occipitale du nouveau-né, les hypotrichoses diffuses totales ou isolées, les chutes de cheveux congénitales simples, l’alopécie triangulaire périnatale définitive. Trichotillomanie des adolescents (sexe féminin ) qui traduit un comportement psychologique compulsif poussant à arracher ou fracturer les cheveux d’une région donnée du cuir chevelu.
Les brushings, séchoir, défrisage, colorant cheveux, ou autres produits chimiques, peuvent-ils provoquer ou aggraver la chute de cheveux déjà existante ?
On ne fait pas la différence le plus souvent entre une chute plus ou moins spontanée du cheveu (à savoir : chute avec la racine) qui est plutôt d’origine interne et une fracture ou coupure d’un cheveu suite à une intervention plutôt externe, la racine ou le follicule pilaire persistant en place. C’est dans ce cadre qu’il faut regarder les effets nocifs de la manipulation externe des cheveux, qu’il s’agisse d’une manipulation mécanique (tirer ou tirailler (brushing) ou chimiques par des produits de teinture, défrisage ou autre (les huiles), ainsi que la manipulation thermique par la chaleur (séchoir).
Nous pourrions aussi déjà constater les effets nocifs sur les cheveux de la mise fréquemment très serrée de (alkhimar) qui gênerait la circulation sanguine au niveau du cou et par conséquent réduirait l’alimentation l’irrigation de la région céphalique et dont les conséquences se verraient avec les années.
Donc, il faut savoir que toute manipulation intempestive ou exagérée, surtout si elle est fréquente, finirait par altérer le cheveu même s’il n’y a pas de vraie chute du cheveu et altérer le cuir chevelu par un processus inflammatoire, irritant ou infectieux (ou tout cela à la fois) ce qui risque de toucher les racines des cheveux et provoquer parfois une chute. Par conséquent, prendre soins ou agir sur ses cheveux est tout à fait différent de les agresser (par ignorance ou exigence.)
Quelle conduite à tenir en cas de chute de cheveux ?
Une consultation médicale s’impose afin de vérifier la réalité de la chute de cheveux, son importance, déterminer sa ou ses causes, et selon le cas : rassurer et/ ou établir les mesures à prendre en terme d’exploration éventuelle et / ou du traitement à cours ou à long terme. Souvent, rassurer avec quelques conseils alimentaires et /ou d’hygiène des cheveux suffiraient à régler la crainte. Autrement, la prescription par le spécialiste des médicaments appropriés à chaque cas avec le suivi sont indispensables.
O. A. A.