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Le tatouage
Esthétique ou repère identitaire
22 Juillet 2007

Tatouage vient du mot tahitien ta tau qui signifie marquer, dessiner. C’est une pratique qui consiste à perforer la peau pour y introduire des agents colorants qui laissent une marque indélébile.

Si on reconnaît une origine tahitienne au mot tatouage, il n’en demeure pas moins que cette pratique était connue dès l’Antiquité de tous les peuples de la planète. Ainsi Otzi, l’homme des glaces, découvert dans les Alpes, mort 3500 ans avant notre ère actuelle, arborait déjà des tatouages. En Chine, des momies tatouées ont été trouvées datant du deuxième millénaire avant notre ère. Chez nous, en Afrique du Nord, le tatouage est pratiqué aussi bien par les femmes que par les hommes, comme nous le verrons plus loin.

Les raisons
d’un tatouage
Le tatouage est à la fois un signe d’identification sociale et la recherche d’une perfection physique, voire un signe de rébellion face à un ordre établi qui ne répond pas aux attentes et espérances.
En tant que signe d’identification, le tatouage est une manière d’afficher son appartenance à un groupe social, à une tribu. L’homme est un animal social, aussi a-t-il besoin de se sentir aimé par le groupe dans lequel il vit. Le tatouage sera donc le moyen de le montrer, l’homme, de par son identification au groupe, se déstresse et, en cas de coup dur, il saura sur qui compter.
Cela constitue ainsi une mesure de défense et de sécurisation de soi. Par ailleurs, le tatouage est la forme ancienne du maquillage mais sous une forme pérenne. Chaque dessin, chaque motif du tatouage a une signification particulière et c’est un symbole de l’objet recherché. Enfin, le tatouage témoigne du refus de vivre dans un moule prédéfini par l’autorité non reconnue et qui s’impose par la violence et la force. Cette façon de s’exprimer témoigne donc de l’impossibilité d’extérioriser, par d’autres voies, le rejet de l’oppression à l’origine de la frustration de ne pouvoir jouir d’une liberté d’expression. Le corps devient alors un exutoire.

Le tatouage
dans notre pays
Le tatouage dans notre pays est une pratique qui remonte à des temps très anciens. Chez nous également nous retrouvons les mêmes raisons citées plus haut. Au plan esthétique, le tatouage de la femme berbère se présente sous forme de motifs géométriques, motifs que l’on retrouve également dans une expression artistique plus globale, décors muraux, bijouterie, poterie, tapis. Ces dessins sont souvent la symbolique d’animaux ( mais pas seulement ) où nous retrouvons toujours l’ambivalence des choses, c’est-à-dire le refus d’un manichéisme. Ainsi, le serpent ou le scorpion par exemple ne sont pas totalement des êtres négatifs. (Voir à ce sujet l’intéressant ouvrage de M. Akli Haddadou «Le guide de la culture berbère». On outre, le tatouage dans nos contrées et, par extension dans toute l’Afrique du Nord, renvoie aussi à l’expression de la douleur mais aussi à la résistance et l’irrédentisme, autrement dit, les femmes se tatouaient des anneaux au niveau des chevilles, en référence aux chaînes traînées par leurs maris en déportation. Nous voyons bien que le tatouage est un cri du cœur de la femme éplorée. Pratique donc connue de nos ancêtres et expression tour à tour de l’irrédentisme à travers les siècles, mais également une recherche esthétique. En plus de cela, le mot berbère qui signifie tatouer (acheradhe ) veut dire également vacciner, car il s’agit à ce niveau d’une inoculation par la scarification, (donc même procédé dans tous les cas mais avec des buts différents).

Le tatouage aujourd’hui
Dans les pays du Nord, il y a un retour du tatouage. Est-il un phénomène de mode et un caprice de nantis ? Peut-être, mais ce qui est certain, c’est l’expression revendicative d’une individualité face au nivellement des comportements et valeurs voulu par une mondialisation effrénée.

Par : Ourida Aït-Ali

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