La campagne électorale des législatives du 12 juin prend fin ce mardi, 8 juin.
Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), instance qui supervise tout le processus électoral, Mohamed Charfi, a indiqué samedi que la "campagne électorale a vu depuis son lancement le 20 mai dernier l’organisation de 6.098 activités électorales". La loi organique relative au régime électoral stipule que "la campagne électorale est déclarée ouverte 23 jours avant la date du scrutin et s’achève 3 jours avant". Elle énonce que "nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, faire campagne en dehors de la période prévue par la loi". Selon Mohamed Charfi, "1.548 jeunes de moins de 40 ans candidats sur des listes indépendantes ont bénéficié, pour mener leur campagne électorale, d’aides d’une valeur de plus de 460 millions de dinars". Ces aides concernent la prise en charge par l’État des dépenses relatives aux frais d’impression des documents, d’affichage et de publicité, de location de salles et de transport, tel que le prévoit la loi. Plus de 13.000 jeunes candidats aux législatives M. Charfi a noté aussi que "13.009 jeunes sont candidats aux élections législatives dont 5.743 femmes, alors que le nombre de candidats de niveau universitaire atteint 19.942, soit 74 % de l’ensemble des candidats", estimant que ce "fait indique que la prochaine Assemblée populaire nationale (ANP) connaîtra une véritable dynamique".
Les législatives du 12 juin, dont il est attendu un rajeunissement des 407 députés devant siéger pour les 5 prochaînes années à l’APN, sont marquées par une tendance inédite: sur les 1.483 listes de candidats en course, il y a plus de listes d’indépendants (837) que de listes partisanes (646), ce qui dénote, selon des observateurs, la "volonté de la société civile de jouer un rôle plus actif au sein des institutions". Le scrutin du 12 juin prochain est également boycotté par de nombreuses formations politiques notamment le Parti de Travailleurs (PT), le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Le Front des forces socialistes (FFS), Le Parti socialiste des travailleurs (PST) et le Mouvement démocratique et social (MDS). Mais la grande inconnue reste toujours l’adhésion populaire à ce scrutin. Le taux de participation lors du referendum sur la Constitution intervenu le 1er novembre 2020 a été des plus faibles enregistrés à cette date. Le taux national de participation au référendum sur la révision de la Constitution avait atteint 23,72 %, à la fermeture des bureaux de vote à 19 heures, ce qui représente 5.586.259 électeurs. Le corps électoral était estimé à 24,475 millions électeurs.
Discours standards
Au cours de la campagne électorale, qui a débuté le 20 mai, les intervenants ont insisté sur "l’impératif d’une forte participation des citoyens aux législatives pour consolider la stabilité du pays dans la conjoncture actuelle, marquée par des nombreux défis au plan national, régional et international". Ils ont appelé à faire ainsi "barrage aux manoeuvres tendant à entraver le processus de redressement en cours, après plusieurs années durant lesquelles des forces agissant en dehors du cadre constitutionnel ont usurpé le pouvoir pour capter les ressources financières de l’État à leur profit". Réhabiliter l’Assemblée dans son rôle de législateur et de promoteur du développement
Les intervenants ont mis en garde contre l’abstention, une option qui "n’est pas constructive et n’apportera rien de positif", insistant en revanche sur le choix de députés compétents et intègres. Ils ont appelé à réhabiliter l’APN dans son rôle de législateur, de promoteur du développement économique et de vecteur des préoccupations des citoyens. Les animateurs de la campagne ont aussi souligné la nécessité de construire une véritable économie nationale, à caractère social, créatrice de richesses et d’emplois, de sortir du modèle rentier et de promouvoir le développement local, notamment dans les zones d’ombre et éloignées.
Des législatives sous Covid-19
Le président de l’Anie a assuré que toutes les "dispositions garantissant la probité et la transparence de la campagne électorale et du vote, d’une part, et le respect des mesures de prévention contre le coronavirus, d’autre part, ont été prises". Un plan de prévention sanitaire contre le Covid-19, couvrant les encadreurs, les centres et les bureaux, a été mis en place à cet effet, en coordination avec le ministère de la Santé et l’ensemble des services concernés. Ces élections législatives sont organisées dans la cadre de nouvelles dispositions légales.
La loi organique relative au régime électoral, modifiée et complétée, instaure un nouveau mode de scrutin: lescrutin de liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel sans panachage. Elle se distingue également par rapport aux précédentes par la limitation des mandats parlementaires à deux et encourage la participation des jeunes à la vie politique . Le chef de l’État avait annoncé en février dernier la dissolution de l’APN et l’organisation d’élections législatives anticipées, indiquant qu’un changement profond du gouvernement interviendra "en fonction de l’issue de cette échéance".