Après la cacophonie ayant régné autour de la gratuité ou non du vaccin anti-Covid enAlgérie, le gouvernement a fini par trancher.
Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, avait notamment rappelé à l’ordre sèchement le docteur Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique qui a annoncé en premier, mercredi 30 novembre, que le vaccin contre la Covid-19 sera gratuit en Algérie. "En tant que président du Comité scientifique, je ne peux pas avancer que le vaccin sera gratuit, mais je le souhaite", avait répondu le ministre de la Santé, deux jours après, le 2 décembre. "Nous souhaitons qu’il sera gratuit mais celui qui dit qu’il le sera doit assumer sa responsabilité", avaitil affirmé. Dix jours après cette déclaration, le ministre de la Santé peut avancer définitivementque le vaccin sera gratuit, confirmant du coup, la nouvelle annoncée par le docteurBekkat Berkani. Même si l’Algérie n’a pas encore choisi le vaccin ou les vaccins qu’elle utilisera, elle a déjà pris une première décision le concernant.
"Le vaccin sera gratuit"
"Mon pays a une médecine gratuite, pourquoi voudriez-vous qu’on fasse payer les gens ? Donc, forcément le vaccin sera gratuit", a en effet répondu le professeur Abderrahmane Benbouzid à une question d’un journaliste qui l’interrogeait, lundi 14 décembre, si le vaccin sera gratuit pour les Algériens. A part la gratuité du vaccin, le gouvernement n’a pris aucune autre décision dans ce dossier qui alimente la polémique depuis plusieurs mois. Le professeur Benbouzid a indiqué en effet que "l’Algérie était encore en phase de choix du vaccin contre la Covid-19", précisant qu’aucun parmi les plus avancés n’a été sélectionné ou éliminé. "Nous sommes dans une stratégie de choix, de sélection et de classement des vaccins en fonction de plusieurs paramètres. Le premier paramètre c’est celui de la nature et la qualité du vaccin, celui qui donne les meilleurs résultats, qui est ou qui serait prouvé, qualifié et adapté à nos moyens", a résumé le ministre. Et d’ajouter aux paramètres précités, celui des études scientifiques réalisées.
"Le choix, nous ne pouvons pas le donner"
Pour le choix du vaccin, Abderrahmane Benbouzid précise qu’il est du ressort des hautes autorités du pays, à savoir le Premier ministre ou le président de la République. "Le choix, nous ne pouvons pas le donner, ce n’est même pas le ministère de la Santé qui va le dire mais c’est le président de la République comme dans tous les autres pays, ou bien le Premier ministre", a clarifié Benbouzid. "Nous établirons un rapport qui sera fait par les spécialistes (…) et lorsque le choix du Comité scientifique aura été fait, nous le remettrons à l’arbitrage du Premier ministre, et c’est lui ou le président de la République qui annoncera le vaccin et la date" du début de la campagne de vaccination contre la Covid-19, a-t-il ajouté.
"Nous attendrons que le vaccin soit éprouvé"
Interrogé sur la stratégie vaccinale que l’Algérie compte adopter, le ministre de la Santé a plaidé en faveur d’une attitude de précaution. "Quelques pays ont engagé la vaccination pour un nombre réduit de leurs ressortissants. Ils sont souverains. Pour nous, ce sera lorsque le vaccin aura été qualifié et on pourra même adopter l’attitude qui consiste à attendre que d’autres pays vaccinent. C’est une attitude de précaution. Nous attendrons que le vaccin soit éprouvé, que l’OMS le préqualifie et nous assure de sa sécurité pour nous engager", a-t-il expliqué. Des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, la Chine et la Russie ont entamé leurs campagnes de vaccination contre la Covid-19. D’autres s’apprêtent à le faire.
Le ministre de la Santé a rappelé que sur "321 candidats-vaccins, 6 vaccins ont atteint des stades très avancés de développement dont celui de Pfizer-BioNTech déjà utilisé au Royaume-Uni et aux États- Unis, mais aussi le vaccin chinois Sinovac et le russe Spoutnik V". Interrogé sur le degré de préparation de l’Algérie pour entamer la campagne de vaccination, notamment concernant l’aspect logistique, le professeur Benbouzid a répondu que "l’Algérie était d’ores et déjà préparée aux vaccins qui présentent une facilité de conservation et d’utilisation". "Si c’est un vaccin similaire à celui que nous avons l’habitude d’utiliser, il n’y a aucun problème. Nous avons vacciné 10.000 enfants en une semaine", a-t-il assuré. Le ministre a annoncé que les services sanitaires vont également étudier la piste des vaccins qui nécessitent une logistique lourde et une utilisation beaucoup plus difficile, comme c’est le cas du vaccin de Pfizer- BioNTech dont le degré de conservation est de -70° voire -80°, sans compter la très lourde logistique pour son transport. L’"Algérie a pris les devants depuis l’été dernier concernant le vaccin contre la Covid-19 et les modalités de son acquisition", a rappelé le professeur Benbouzid.
"Nous nous sommes engagés avec un certain nombre de pays pour l’acquisition tous ensemble du meilleur vaccin dans les meilleurs temps. Nous sommes actuellement dans une conférence avec des pays africains avec 1 500 participants. Cette démarche, nous l’avons engagée depuis le mois d’août, à l’instar des autres pays. Nous avons reçu des ambassadeurs et des représentants des firmes pharmaceutiques et nous avons fourni nos conclusions au Premier ministre. Nous avons pris l’engagement dans le système Covax (relevant de l’OMS) qui ne nous assure que 20 % du vaccin, le reste consiste en des achats bilatéraux", a développé le professeur Benbouzid.