L’Algérie connaît une tendance haussière des nouveaux cas de contaminations au coronavirus, "tout à fait logique", estime le Professeur Ryad Mahyaoui.
"C’est tout à fait logique du fait de la levée partielle du confinement, de la réouverture des commerces et la reprise de quelques moyens de transport", analyse le Pr Mehyaoui, membre du Comité scientifique Covid-19 Le 30 juin, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait indiqué que cette recrudescence des contaminations était à l’échelle mondiale, suite à la reprise des activités commerciales, rappelle Pr Mehyaoui. Le chef du service réanimation au CNMS met en cause la frange juvénile, quant au non-respect des mesures barrières. "Les jeunes ne portent pas de masques. L’état d’esprit actuel est que l’on ne se rend compte de la maladie que lorsqu’on est touché. Il y a une espèce de déni de ce Covid-19 chez une partie de la population, notamment les jeunes. Par leurs déplacements, de quartier en quartier et dans les plages, malgré l’interdiction, ces jeunes font circuler le virus", regrette le Pr Mehyaoui. "Personne ne sait quand la Covid-19 partira, s’il est saisonnier, s’il est sensible à la chaleur ou à l’eau de mer, etc. Il y a plusieurs avis", prévient-il en ajoutant que "les seuls points sur lesquels les experts du monde entier sont d’accord sont : le port du masque, la distanciation
sociale et le lavage des mains. Partant de là, il est logique de faire appliquer ces mesures de façon drastique et rigoureuse".
Un personnel médical au bord de l’épuisement physique et moral
Le Pr Mehyaoui fait le constat d’un personnel médical qui est au bord de l’épuisement physique et moral. "L’épidémie continue à progresser et ce personnel est appelé à redoubler d’efforts", signale-t-il. Le membre du Comité scientifique tire deux autres conclusions de ces visites sur le terrain avec le ministre de la Santé : l’urgence de parer à la saturation des lits d’hospitalisation par l’ouverture de nouveaux espaces, et la nécessité de multiplier les centres de dépistage PCR. "Jusqu’au 26 mai, une région comme Sétif, qui est le 2e bassin de populations en Algérie, n’avait pas de centre PCR. Aujourd’hui, elle dispose de 3 centres PCR", fait-il remarquer.
Le renforcement du dépistage et des enquêtes épidémiologiques et l’ouverture de nouveaux espaces (CFPA, hôtels, cités U) pour les cas suspects, et ce afin de désengorger les hôpitaux et soulager le personnel soignant, constituent l’urgence de l’heure selon le Pr Ryad Mehyaoui. S’agissant de l’après 13 juillet, date d’expiration du confinement renouvelé, le Pr Mehyaoui soutient que toute décision dépendra de "l’évolution de la situation épidémiologique, des capacités des hôpitaux en matières de lits d’hospitalisation et de l’état d’esprit et physique du personnel soignant".