Les propos tenus par le Président français sur le système algérien, qu’il a qualifié de "politico-militaire", la colonisation et la nation algérienne continuent de susciter des réactions officielles en Algérie.
Après la présidence de la République qui a qualifié samedi les propos d’Emmanuel Macron d’"irresponsables", tout en rejetant toute intervention dans les affaires intérieures du pays, c’est au tour du Premier ministre de réagir. En visite de travail hier à Oran, Aïmene Benabderrahmane a jugé les déclarations du Président français d’"inacceptables. Ce sont des déclarations inacceptables", a-t-il dit devant les journalistes.
"L’Algérie, peuple et nation, a marqué son empreinte dans l’histoire. Interrogez Imedghassen, Massinissa et l’émir Abdelkader sur l’histoire de l’Algérie et sa profondeur" a-t-il dit. En réaction aux propos de Macron, la présidence de la République a annoncé samedi le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris Mohamed-Antar Daoud pour "consultation". L’Algérie a décidé aussi de mettre fin à l’autorisation de survol de son territoire par les avions militaires français déployés dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel. Cette autorisation avait été accordée à l’armée française en 2013 par le défunt Président Abdelaziz Bouteflika. Lors d’une rencontre avec des jeunes de la diaspora et dont les familles ont vécu la Guerre de libération nationale, Macron a tenu des propos inédits. Il a qualifié "le système algérien de politico- militaire", s’est interrogé sur "l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française", et fait une comparaison entre la colonisation française et la présence ottomane en Algérie.
"La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit : tout le problème, c’est la France", at- il dit. Les propos de Macron surviennent à quelques mois de la présidentielle en France, et dans un contexte de tensions avec l’Algérie sur la question des visas. Mardi, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé une réduction drastique du nombre de visas accordés aux Algériens. Pour les six prochains mois, le président Macron a fixé un quota de 31.500 visas à délivrer aux Algériens, soit la moitié de ce qui a été accordé durant la même période de 2020. Selon Macron, cette réduction drastique du nombre de visas vise surtout le "milieu dirigeant algérien, et ne toucherait pas les étudiants et le monde économique".