Comme il fallait s’y attendre, le dernier numéro d’El Djeich, revue officielle de l’ANP, est revenu sur les événements de cet été et la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc.
Le mois dernier, c’est le même organe qui a annoncé la couleur de ce que sera la réponse de l’Algérie au discours du roi Mohamed VI du 31 juillet, dans lequel il avait appelé à établir des relations fraternelles entre les deux pays. Un commentaire contenu dans le numéro du mois d’août d’El Djeich avait rappelé au Maroc ses nombreuses "trahisons" à l’égard de l’Algérie avant que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune,
ne pointe le manque de sérieux de la "main tendue" de Mohamed VI, en soulignant que "ni le roi ni les autres institutions marocaine n’ont répondu aux protestations de l’Algérie suite à une note de l’ambassadeur du royaume à l’ONU appelant à la partition du territoire algérien". La rupture des relations a été annoncée par l’Algérie le 24 août. L’éditorial du numéro de septembre de la revue de l’armée explique les raisons qui ont amené à cette décision extrême. El Djeich évoque "l’implication du Makhzen, d’une manière ou d’une autre", dans les incendies de cet été, "en vertu du lien fort et avéré du Maroc" avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et le mouvement Rachad, deux organisations classées "terroristes" par les autorités algériennes. Mais l’éditorial s’attarde particulièrement sur deux "provocations" marocaines. D’abord, la tentative d’entraîner Israël dans un conflit avec l’Algérie. "Une des dernières (provocations) en date a été d’offrir, à partir de son territoire, une tribune à un ministre de l’entité sioniste en l’encourageant à émettre de fausses accusations contre notre pays et à proférer des menaces à peine voilées, ce qui reflète l’extrême hostilité que le Makhzen nourrit à l’encontre de notre pays",
lit-on. A Rabat, le 12 août, le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid a affirmé à la presse qu’il a évoqué avec son homologue marocain leurs "inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine". Selon El Djeich, l’autre casus belli c’est le soutien apporté publiquement et officiellement par Omar Hilale le 14 septembre à la partition de l’Algérie en appelant à "l’autodétermination du vaillant peuple kabyle". Avant cela (la déclaratio du MAE israélien, ndlr), "il y a eu les déclarations du ministre marocain auprès des Nations unies qui, en violation de tous les usages diplomatiques, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de deux pays frères, en exprimant le soutien de son pays à un mouvement séparatiste classé terroriste et en appelant à l’atteinte de l’intégrité territoriale de l’Algérie", accuse l’auteur de l’éditorial. Ce dernier a pointé du doigt "l’inertie" du gouvernement marocain par rapport aux "demandes d’explications sollicitées" par l’Algérie sur le soutien public apporté par le Maroc au MAK.