La perturbation du réseau Internet, qui touche l’Algérie depuis mercredi, est venue rappeler que le pays est à la traîne en la matière et que les efforts pour bâtir une nouvelle économie, basée sur le numérique, risquent d’être sapés par la vétusté de certaines infrastructures de base.
Cela est d’autant plus plausible, que la nouvelle orientation économique, qui vise à réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures, est censée faire la part belle aux technologies, au numérique et aux industries et services innovants à très forte valeur ajoutée. La stratégie des autorités repose aussi sur la numérisation tous azimuts des services de l’État, pour juguler la bureaucratie, lutter contre les tricheries comme la fraude fiscale et fluidifier les opérations financières.
Les explications d’Algérie Télécom
Certes, on ne sait toujours pas avec certitude ce qui se passe depuis mercredi dernier. Beaucoup d’explications ont été avancées et Algérie Telecom, l’opérateur historique, a dégagé la responsabilité de ses services, en mettant la perturbation sur le compte d’une panne internationale, qui a touché plusieurs pays. Sauf que, pour l’heure, aucun autre pays n’a fait état de perturbations de l’ampleur de celles enregistrées en Algérie. Le propos n’est pas de déterminer les responsabilités, mais de souligner le fait indéniable que les services Internet en Algérie ne se sont pas mis au diapason des ambitions du pays, de sa taille et de sescapacités. Cette nouvelle panne fait parler, car elle a été longue et elle a touché tout le pays. Des pannes de cette ampleur ont été enregistrées par le passé, souvent à cause de travaux ou d’incidents sur les câbles sousmarins. Les perturbations de moindre envergure sont, elles, fréquentes, et quand tout marche, les usagers se plaignent de la qualité du débit. Il est légitime de s’interroger dès maintenant,
si les choses ne s’améliorent pas, sur le sort de l’immense ambition affichée par le gouvernement de réformer les impôts, les banques et d’autres services, en procédant, entre autres, à leur numérisation. Lors de la dernière conférence sur le plan de relance économique, le mardi 18 août, la veille du début de la perturbation de l’accès à Internet, le président de la République Abdelmadjid Tebboune s’était offusqué devant les opérateurs économiques et les partenaires sociaux du fait que les services fiscaux ne soient pas encore numérisés, empêchant tout contrôle rigoureux, efficace et rapide des gains des uns et des déclarations des autres.
Une priorité
La numérisation se fera, dans l’immédiat ou pas, mais ses effets risquent d’être endeçà
des attentes à cause principalement, de la qualité des services internet et, d’une manière plus générale, des nouvelles technologies. Affectant déjà les performances des entreprises ordinaires, la qualité des connexions Internet et des télécommunications sera logiquement plus préjudiciable aux startups et autres petites entreprises innovantes, pour lesquelles un ministère entier a été dédié.
La réforme du secteur des télécommunications s’impose de ce fait comme une priorité, sans quoi les autres chantiers risqueraient d’être freinés inexorablement. L’Algérie a pris le mauvais pli d’avoir toujours une longueur de retard sur les autres en matière de nouvelles technologie, et il est temps de changer. La rudimentaire 3G de la téléphonie mobile n’a été lancée officiellement qu’en 2013, bien après des pays africains moins nantis sur plus d’un plan. Il est simplement regrettable que la qualité de la connexion internet fasse débat au moment où la 5G fait bouillonner le monde.