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Hausse des cas de la covid-19 ;
"Dans mon service, le personnel est à bout"
7 Juillet 2020

La courbe haussière des nouveaux cas de contamination au Covid-19 en Algérie, pèse lourdement sur les personnels soignants engagés dans le la lutte contre l’épidémie de coronavirus depuis fin février.

Durant cette période, le corps médical a payé un lourd tribut, avec près d’une trentaine de praticiens décédés et des centaines de contaminés."Plus les délais d’exposition (au virus) sont importants, plus les risques de contracter le virus sont importants", résume Dr Mohamed Yousfi de service d’infectiologie de l’EPH de Boufarik. Le deuxième élément soulevé par le Dr Yousfi pour expliquer la hausse des infections parmi le personnel soignant est le fait que l’épidémie dure dans le temps. "Plus elle dure plus l’état d’épuisement s’empare des personnels soignants. Par conséquent, les réflexes de vigilances diminuent", relève-t-il. "Plusieurs de nos collègues au service ont eu des accidents de la circulation et des problèmes de santé à cause de l’état de l’épuisement qui affecte le personnel soignant", confie Dr Yousfi également président du Syndicat nationale des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP).

Outre les médecins, les paramédicaux et les personnels administratifs ainsi que les agents de sécurité et le personnel de nettoyage des hôpitaux ne sont pas épargnés par l’épidémie. Le 1er juillet, le DG de la prévention au ministère de la Santé, Dr Djamel Fourar, a fait état de la hausse des cas de contamination au Covid-19 au sein du personnel médical. Dans une note adressée à l’ensemble des chefs d’établissements hospitaliers leur rappelant les méthodes d’utilisation des équipements de protection individuels (EPI), dont le non-respect pourrait, selon Dr Fourar, expliquer cette hausse. "L’épuisement et la lassitude peuvent faire en sorte que les personnels manquent de vigilance pour le respect des mesures de sécurité. Il peut même arriver que les plus habitués oublient ou mettent mal leur masque ou leurs surblouses. Il faut voir l’état de saturation dans lequel ils se trouvent. Donc, cette note vient rappeler l’importance de se protéger", fait remarquer le président du SNPSSP. Cependant, Dr Yousfi estime que ce rappel "ne suffit pas", puisque, ajoute-t-il, "il faut penser à remplacer les personnels et leur permettre de se reposer".

Outre la hausse des contaminations, le personnel médical se retrouve aussi au bout du rouleau, épuisé par cinq mois de lutte sans répit contre la pandémie de coronavirus. "Je parle surtout des hôpitaux de santé publique. Au niveau des CHU, la pression est beaucoup moins importante sur le personnel, dès lors qu’il y a les résidents et les paramédicaux par centaines. Les professionnels de la santé y travaillent par brigades. Ce qui n’est pas le cas pour les EPH", tient à signaler Dr Yousfi. Pour lui, l’état d’épuisement du personnel soignant est constaté tout particulièrement dans les régions qui enregistrent des foyers épidémiques et au niveau des établissements de santé publique. Il est aussi accentué par le rebond des contaminations suite à la reprise des activités commerciales et le relâchement constaté chez la population, dans le respect des gestes barrières.

"On a connu une diminution de la pression au mois d’avril. Ça aurait pu continuer aider à faire reposer les personnels soignants. Dans mon service, le personnel est à bout. Il faut nous aider", lance le chef de service d’infectiologie de l’EPH de Boufarik. "Nous sommes dans une course contre la montre avec l’Institut Pasteur (d’Algérie) pour avoir les résultats PCR. On fait sortir des malades et en quelques heures les lits se remplissent. Au moment où je vous parle (dimanche 5 juillet, Ndlr) l’hôpital de Boufarik (qui dispose de 60 lits) est complet. epuis hier samedi je n’ai plus de place, malgré le fait qu’il y a deux jours nous avons fait sortir 45 malades. En l’espace de 24 heures ces places se sont remplies à nouveau". Le Dr Yousfi lance un appel à la population, afin de respecter les mesures barrières pour éviter la contamination et aussi afin de faire baisser la pression sur les personnels soignants et leur permettre de se reposer.

Par : RACIM NIDHAL

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