Salima, 24 ans, se fait braquer par celui qui devait la demander en mariage. Il lui a pris une chaîne et un bracelet en or ainsi que son téléphone portable.
Salima fut arrivée à la maison et alla directement s’allonger sur un des trois lits de la chambre qu’elle partageait avec ses deux sœurs. L’une d’elles, Mériem, qui était en train d’écouter de la musique avec son téléphone, se redressa, enleva les deux écouteurs de ses oreilles et regarda sa sœur aînée un bon moment avant d’exprimer son inquiétude :
- Qu’est-ce qui ne va pas, Salima ? C’est la première fois que tu te laisses tomber sur le lit comme un sac de patates… Wahab n’est pas venu au rendez-vous ?
- S’il te plaît, ne me parles-plus
de ce… ce... voyou.
- Wahab est un voyou, maintenant ? Qu’est-ce qu’il a fait ou qu’est-ce qu’il t’a fait ?
- Il ne m’a rien fait… c’est un voyou, un point et c’est tout.
- Ah ! Ma sœur… quelque chose ne va pas chez toi…
- Tout va bien, Mériem, tout va bien, rassure-toi…
- Tout va bien ? Alors que ta voix est complètement déformée comme si les mauvais Djnoun de la nuit avaient pris possession de tout ton être ?
Tout en parlant, Mériem s’était levée et approchée de sa sœur. Soudain, elle s’exclama en plaquant sa main droite contre sa bouche.
- Oh ! mais qu’est-ce qui t’est arrivé, Salima ?
- Il ne m’est rien arrivé.
- Ta joue gauche est toute rouge comme si quelqu’un t’avait frappée et tu prétends qu’il ne t’est rien arrivé ?
Salima se redressa en plaquant une de ses mains sur sa joue.
- C’est vrai ? C’est si visible que cela ?
- Mais de quoi parles-tu, Salima ? Qu’est-ce qui est si visible que cela ? Les Djnoun qui sont en toi et dont je t’ai parlé ou la trace du coup que tu as reçu au visage ?
Elle s’assit sur le bord du lit à côté d’elle pour mieux la voir.
- Oh ! Salima c’est un sacré coup que tu as reçue… Tu as été agressée par des voyous ? Il y avait un seul ou ils étaient nombreux ? C’est pendant que tu attendais Wahab qui n’est finalement pas venu qu’ils t’ont attaquée, c’est ça, hein ?
Comme Salima ne disait rien, Mériem s’exclama :
- Ton portable ! je ne vois pas ton portable
- Oh ! Mériem… si tu savais… Ce qui vient de m’arriver est si incroyable que j’ai peur d’en parler parce que moi-même j’ai du mal à l’admettre. J’ai peur d’être prise pour une folle.
Salima raconta ce qui venait de lui arriver dans le moindre détail et une fois son récit terminé, Mériem lui dit en décrivant des cercles avec sa tête.
- Ton histoire n’a rien d’incroyable, Salima… Ce Wahab est un voyou. Il n’a aucun respect pour les femmes… Je te conseille d’aller déposer plainte contre lui.
A ce moment, la mère entra. Comme elle avait entendu les derniers mots de Mériem, elle demanda avec inquiétude :
- Qu’est-ce qui se passe, les filles ? Contre qui Salima devrait déposer pl… ?
Elle ne termina pas sa phrase parce qu’elle venait de voir la joue gauche de sa fille.
- Oh ! Mais c’est une sacrée gifle que tu as reçue, Salima ! Oh ! là ! là ! la trace va de la mâchoire à la tempe ! Demain matin tu risques d’avoir un œil bleu… mais qui t’a fait ça ?
Ce fut Mériem qui raconta ce qui était arrivé à Salima.
- Il t’a pris ta chaîne et ton bracelet qui coûtent tous les deux six millions de centimes, sans parler du téléphone portable et tu es allongée sur son lit ? Mais tu es complètement folle ma fille !
- Qua vais-je faire, maman ?
- Ce que vient de te conseiller Mériem : déposer plainte contre lui ! Récupérer tes biens !
- Oh ! maman… il faudrait d’abord savoir ce qui lui a pris… Il est gentil d’habitude…
- Elle a raison, maman, intervint Meriem. Avant de déposer plainte, il faut d’abord le voir, parler avec lui et essayer de récupérer ce qu’il lui a pris, à l’amiable… Ensuite, nous aviserons.
La mère se tint la tête :
- Oh ! Mon Dieu ! Quelle histoire ! Je m’attendais à voir la mère de ce jeune homme dans le cadre d’une demande en mariage et voilà que je vais la voir pour me plaindre de son fils qui a agressé ma fille.
- Ne te lamentes pas, maman, intervint de nouveau Mériem. Les temps ont maintenant changé. On est de plus en plus agressé par des gens que l’on connaît, des gens en qui on a confiance.
- Mais ce qui vient de m’arriver n’est pas logique, ajouta Salima. Généralement, on est volé par quelqu’un dont on a peu de chance de retrouver la trace… Wahab m’a volée alors que je sais où le trouver… Il faut être fou pour faire ce qu’il a fait !
- Moi tout ce que je sais c’est qu’il t’a frappée et volée ! Le reste compte peu, répliqua Mériem.
La mère regarda le réveille-matin se trouvant sur une des tables de nuit de ses trois filles.
- Bon, il n’est que 22 h 30… Nous allons au domicile de ce Wahab… Lève-toi, Salima. Tu viens avec moi.
- Je viens aussi, s’exclama sur un ton décidé Mériem.
La mère et les deux filles furent reçues par la mère de Wahab. Et quand cette dernière eut entendu parler de l’agression dont son fils avait été l’auteur, elle se mit à hurler :
- Quoi ? Vous êtes venues chez nous pour nous insulter ? Wahab est allongé sur le canapé du salon, sous le climatiseur… C’est là qu’il passe ses journées et ses soirées. Wahab n’est ni un agresseur ni un voleur.
La sœur de Wahab qui avait entendu tout ce qu’avait dit la mère de Salima et Mériem intervint :
- Mais tout à l’heure, Wahab est sorti…
- Boucle-la toi ! fit soudain Wahab qui venait d’apparaître dans l’embrasure de la porte du salon. Je suis sorti juste pour acheter des cigarettes…
- Tu n’as pas seulement acheté des cigarettes, lâcha enfin Salima. Tu m’as frappée et tu m’a volée !
- Allah yahdik, ya makhlouqa ! répliqua Wahab. Nous sommes des gens humbles mais nous ne sommes pas des voleurs !
Mériem tira sa mère et sa sœur par la main :
- Je vous jure que nous sommes en train de perdre notre temps. Allons nous-en !
Les trois femmes se rendirent au poste de police et déposèrent plainte.
Il y a quelques jours, les deux familles s’étaient retrouvées au tribunal de Chéraga.
Pour se défendre, Wahab avait dit que Salima avait monté contre lui une cabale. Elle voulait, selon lui, se venger de lui parce qu’elle avait appris qu’il avait décidé de rompre avec elle pour se marier avec Hadjira. «C’est un coup monté, monsieur le juge».
Le juge le regarda en souriant. Il en avait vu d’autres. Il avait compris que Wahab était loin d’être un idiot. Il savait que dans cette affaire où il n’y avait pas de témoins et qu’il s’agissait d’un affrontement entre deux paroles : la sienne et celle de Salima. La seule chose qui plaidait en faveur de Salima était la trace de la gifle qu’elle avait reçue et qui correspondait à une grosse main. Et justement, les mains du jeune homme avaient cette caractéristique.
Il fut demandé à Salima et à Wahab ce qu’ils attendaient de la justice
- Je veux récupérer ce qu’il m’a volé ! C’est tout, répondit Salima.
- Moi, je veux être innocenté… Je ne suis pas un voleur… je ne suis pas un voleur…
Finalement, trois ans de prison ferme ont été requis contre Wahab.