Le Midi Libre - entretien - La belle proie (1re partie)
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Adultère
La belle proie (1re partie)
4 Septembre 2012

Certaines personnes sont si naïves que l’on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’elles ont dans la tête.
Nadia, 27 ans, fait partie de ces personnes qui ont complètement dévasté leur vie en ne prenant pas la peine de mesurer la portée de leurs actes.
Elle a inauguré sa vie tumultueuse lorsqu’elle força ses parents à accepter la demande en mariage de Mahmoud, un jeune mécanicien qui s’était épris d’elle.
Son père, dès que Mahmoud et ses parents étaient partis, lui dit :
- Ma fille, il faut que je te dise : les parents de ce jeune homme m’ont l’air gentils… mais leur fils ne me dit rien de bon…
- Moi non plus, s’empressa de renchérir aussitôt la mère.
- Mais… mais qu’est-ce qui vous prend, tous les deux ? Mahmoud est la gentillesse personnifiée…
- Justement, je le trouve trop gentil, ajouta le père… il a une façon de regarder qui ne me plait pas du tout.
- C’est vrai, avoua également la mère… quand il parle, il ne regarde pas son interlocuteur… Pourquoi d’après toi, Abdelhakim ?
- Il doit avoir des choses à se reprocher. Il n’est pas très net, ce garçon.
- Oh ! père, je te jure que tu te trompes ! Mahmoud est un garçon intelligent et…
- Non, ma fille… il ne m’a pas l’air intelligent mais fourbe et rusé… C’est différent… accordons-nous quelques jours de réflexion… puis nous verrons… Même si en vérité, ma décision est prise… Ce n’est pas le genre d’homme que j’ai toujours souhaité te voir épouser Nadia.
Trois jours s’écoulèrent. Nadia, en rentrant de l’école primaire où elle exerçait la fonction d’institutrice, trouva sa mère avec une petite mine.
- Qu’est-ce que tu as, mère ?
- La mère de ton Mahmoud a téléphoné pour me demander quelle était la suite que nous avions décidé de donner à leur démarche et je lui ai répondu qu’une fille peut être demandée en mariage par cent familles mais il n’y a qu’une seule qui l’emmène.
- Mais qu’est-ce que c’est que ce charabia, mère ? C’est une bouqala ?
- Non, une manière de dire non poliment.
- Mais tu es folle, mère. Pourquoi refuser cette famille ? C’est mon père qui t’a demandé de répondre négativement ?
- Oui… Mais c’est aussi mon désir. C’est la première fois que ton père et moi sommes d’accord sur un sujet.
- Mais moi, je ne suis pas d’accord… Vous ne voulez pas que je me marie, hein, c’est ça ? Eh bien, je vais vous montrer…
La mère s’affola.
- Qu’est-ce que tu vas faire, ma fille ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Rien pour le moment rassure-toi… Je vais d’abord réfléchir…
En réalité, Nadia avait une idée bien arrêtée dans sa tête. Tout d’abord, elle décida de dormir sans dîner. Et le lendemain au lieu de se lever très tôt comme d’habitude pour se rendre à son travail, elle garda le lit jusqu’à 10h, prétextant une très grosse fatigue et des maux imaginaires. Elle joua cette comédie pendant quatre jours. Si bien que ses parents abdiquèrent. Ils s’étaient dit qu’il valait mieux avoir une fille marié à quelqu’un qu’ils n’aimaient pas plutôt que de ne plus avoir de fille du tout.
Nadia épousa Mahmoud le mécanicien. Celui-ci gagnait si bien sa vie qu’au bout d’une année de vie commune, il demanda à sa jeune épouse de mettre un terme à son travail d’enseignante. Celle-ci accepta mais émit une condition.
- Je veux bien t’obéir et me consacrer uniquement à mon foyer… mais je veux que ce soit un vrai foyer où il n’y aurait que toi et moi et nos futurs enfants.
- J’ai compris à quoi tu fais allusion. Je suis d’accord… je vais louer un petit appartement. Je pense qu’un F2 suffira. Quand nos enfants viendront, je louerai un appartement plus grand. Euh… d’ici qu’ils arrivent j’aurais peut-être les moyens de l’acheter ce grand appartement.
Nadia devint femme au foyer après avoir mis fin à un début de carrière d’institutrice que lui envieraient de nombreux diplômés au chômage.
Ses parents étaient fiers d’elle. Ils s’en voulurent même d’avoir douté du sérieux de Mahmoud. Mais quelques mois plus tard ils allaient découvrir qu’ils avaient eu tort d’avoir douté de leurs… doutes. Mahmoud se fit arrêter avec dans sa voiture une grosse quantité de drogue. C’était là son vrai métier ! Vendre de la drogue et empoisonner la vie d’autrui. Mahmoud fut condamné à dix ans de prison.Nadia voulut retourner chez ses parents parce qu’elle se voyait mal vivant seul dans son F2 pendant 10 ans. Mais ceux-ci refusèrent.
- Ne viens pas chez nous, lui dit son père. Les voisins vont croire que tu as divorcé. C’est nous qui viendrons chez toi de temps en temps. Et ne t’inquiète pas ; chaque fois que nous viendrons te voir, nous te ramerons des provisions et de l’argent. Tu ne manqueras de rien.
Ses beaux-parents lui tinrent à peu près le même discours. Sauf qu’eux, ils étaient très en colère contre leur fils.
- Nous savions qu’il trempait dans des affaires malsaines, lui avoua son beau-père… Je lui ai maintes fois demandé de se contenter de son travail de mécanicien… Il aurait pu vivre heureux mais il voulait s’enrichir très vite. Trop vite même. Il voulait gagner du temps… et voilà qu’il est parti pour perdre dix ans de sa vie. S’il te plaît, ma fille… ne viens pas nous voir, si les voisins te voient arriver chez nous sans Mahmoud, les voisins se douteront de quelque chose. Ils se poseront des questions et finiront par trouver que mon fils unique est en prison. Et dans le quartier je deviendrai celui qui n’a pas su éduquer son fils...
Et c’est ainsi que Nadia se retrouva seule chez elle où elle ne manqua de rien… ou presque…
Sortie pour effectuer des achats elle fut abordée par un homme, la trentaine environ, et qu’elle trouva très à son gout. Ayant appris qu’elle habitait les environs de Bir Mourad-Raïs, il lui proposa de la raccompagner. Elle déclina l’offre et lui apprit qu’elle était mariée.
Et le jeune homme de s’exclamer :
- Oh ! ce n’est pas juste ! ce n’est pas juste ! chaque fois que je rencontre une personne qui me plaît, j’apprends qu’elle est mariée !
Puis à voix basse, il ajouta sur le ton de la confidence :
- En tout cas, madame, j’envie votre mari. C’est un homme heureux, j’en suis sûr. Il est heureux n’est-ce pas ?
Nadia sentit les larmes affluer à ses yeux et se contenta de répondre par un sourire ambigu parce qu’elle était certaine que sa voix trahirait l’émotion qui s’était emparée d’elle.
L’autre lui sourit aussi et sortit de sa poche une petite carte de visite.
- Il y a dessus mon numéro de téléphone.
- Je suis mariée je vous dis…
- Oui, je sais… vous connaissez le proverbe qui dit qu’il ne faut jamais dire : fontaine, je ne boirai jamais de ton eau.
Sentant qu’elle était sur le point de succomber au charme dévastateur du jeune homme, Nadia décida de s’éloigner de lui en courant. L’autre, comme s’il avait anticipé sa réaction, lui glissa sa carte de visite dans le sac contenant ses courses.Arrivée chez elle, elle ne put retenir ses larmes se demandant pourquoi ce n’était pas lui qu’elle avait épousé. ( à suivre…)

Par : Kamel Aziouali

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